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Les médias en France sont-ils coupés du peuple ?

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28 octobre 2012

Temps de lecture : 3 minutes
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Les médias en France sont-ils coupés du peuple ?

Temps de lecture : 3 minutes

Les journalistes constituent-ils une caste qui cultive l’entre soi jusqu’à l’enfermement ? Quelques réponses avec deux bons connaisseurs.

Atlanti­co : Lors de l’émis­sion des Paroles et des actes, jeu­di sur France 2, Jean-François Copé a une nou­velle fois fustigé “la bien-pen­sance” des jour­nal­istes parisiens. La presse française est-elle vrai­ment coupée des réal­ités que vivent les Français moyens ? Peut-on par­ler, comme le dit le secré­taire général de l’UMP, de “Saint-ger­man­i­sa­tion-des-Près” des esprits médiatiques ?

Jean-Marie Charon : Je pense que ce sont des for­mules qui expri­ment une ten­sion entre les poli­tiques et les médias. On a d’un côté la com­mu­ni­ca­tion d’un pou­voir qui cherche à impos­er son agen­da poli­tique et de l’autre des médias qui ten­tent de démon­ter un mes­sage qu’ils jugent trop con­stru­it. Il s’agit là d’un décalage de plus en plus fort entre la logique de com­mu­ni­ca­tion et celle de l’information. En dénonçant une cer­taine caste jour­nal­is­tique, le pou­voir tente donc de surfer directe­ment sur l’opinion, qui n’est pas imper­méable à cette dénon­ci­a­tion des grands médias. On évoque ain­si sou­vent des salaires mirobolants ou encore la con­nivence des grands jour­nal­istes qui jugulerait la lib­erté de l’information. Du reste on peut se deman­der si cette logique de con­fronta­tion n’est pas tout sim­ple­ment par­tie inté­grante du sys­tème démoc­ra­tique. C’est plutôt l’inverse qui serait inquié­tant : des poli­tiques sat­is­faits des médias, cela sous-entendrait que l’on vit dans un régime dictatorial.

André Bercoff : Vieux débat, vieilles con­tra­dic­tions. Nous sommes loin et depuis longtemps, de Zola et d’Albert Lon­dres, d’Orwell et de Kessel, de Lon­don et Camus. La con­nivence entre jour­nal­istes et poli­tiques, les milieux où l’on se con­grat­ule et se coag­ule, la dimen­sion “Ménines de Velasquez” de ceux et celles qui vivent dans le même lieu est aujourd’hui le dénom­i­na­teur com­mun, plus ou moins caché à gauche comme à droite, de l’information en général et du jour­nal­isme poli­tique en par­ti­c­uli­er. La pipoli­sa­tion récente du “milieu” étale au grand jour les amours tumultueuses ou har­monieuses des hommes de pou­voir et des chroniqueuses spécialisées.

Que la presse française en général et parisi­enne en par­ti­c­uli­er ne vive pas les états d’âme du Français moyen paraît une banal­ité de base, sauf que, depuis dix ans, la rumeur per­ma­nente et trans­ver­sale d’Internet per­met aux dits Français de faire publique­ment et mas­sive­ment état de leurs opin­ions, ce qui était impens­able aupar­a­vant. Quant à l’esprit ger­manopratin, il règne depuis plus de soix­ante ans sur ce qui se dit, s’écrit et se filme puisque le socle de l’intelligentsia repose sur tou­jours sur le même trépied : uni­ver­sité, jour­nal­isme et édi­tion. La décen­tral­i­sa­tion n’a pas ébran­lé la monar­chie qua­si absolue du VIème arrondisse­ment. Mais encore une fois, Inter­net creuse comme une jeune taupe.

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