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Le « Petit Journal » tronque un entretien de Marine Le Pen au Québec

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7 avril 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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Le « Petit Journal » tronque un entretien de Marine Le Pen au Québec

Temps de lecture : 3 minutes

Marine Le Pen a‑t-elle été mise en difficulté, voire « humiliée » lors de son entretien télévisé sur Radio Canada ? C’est en tout cas ce que laisse entendre le « Petit Journal » de Canal+.

Jeu­di 24 mars, la prési­dente du Front Nation­al était inter­rogée par la jour­nal­iste québé­coise Anne-Marie Dus­sault. Un échange ten­du où les deux femmes ont cha­cune fait val­oir leurs argu­ments. Sauf que d’après le « Petit Jour­nal » de Yann Barthès, c’est bien Marine Le Pen qui aurait été mal­menée dans ce débat.

Grâce à un mon­tage totale­ment sub­jec­tif de quelques min­utes, l’émis­sion n’a gardé que les échanges qui l’in­téres­saient en sup­p­ri­mant le reste de l’en­tre­tien, et par­fois même les répons­es de Mme Le Pen à son inter­locutrice. Comme le note la blogueuse québé­coise Sophie Durocher sur son blog, l’en­tre­vue a été totale­ment « tron­quée » et « dénaturée », à la lim­ite de la « pro­pa­gande ».

Et celle-ci d’il­lus­tr­er l’ap­pli­ca­tion de cette méth­ode mal­hon­nête : « Si je prends un match de hock­ey Cana­di­ens-Bru­ins et que je ne garde au mon­tage que les buts mar­qués par les Bru­ins, je peux réus­sir à vous faire croire qu’ils ont gag­né la par­tie. Alors que c’est le Cana­di­en qui l’a emporté 8 à 3. »

C’est exacte­ment que qui s’est passé avec cet entre­tien qui, dans son inté­gral­ité, dure 30 min­utes et com­porte de nom­breuses répliques per­cu­tantes de Marine Le Pen, entière­ment passées sous silence. « Ils n’ont pas gardé un seul des malais­es, un seul des silences, quand Le Pen pose une ques­tion à Dus­sault et que celle-ci ne sait quoi répon­dre », ajoute Sophie Durocher.

Le pire, note-t-elle, c’est que « plusieurs médias pour­tant respecta­bles, ont écrit des textes basés sur le “remon­tage” du Petit Jour­nal, sans jamais man­i­feste­ment avoir vision­né l’in­té­gral­ité de l’en­tre­vue ». Une pra­tique courante au « Petit Jour­nal », surtout lorsqu’il s’ag­it de nuire au Front National.

Le « Petit Journal » expulsé du Maroc

Par ailleurs, plus récem­ment, une équipe de l’émis­sion a été inter­pel­lée au Maroc avant d’être expul­sée. Alors que Mar­tin Weill et son équipe tour­naient un sujet sur la con­di­tion des homo­sex­uels dans le pays, notam­ment après la dif­fu­sion d’une vidéo mon­trant le lyn­chage de deux homo­sex­uels par leurs voisins, ces derniers ont été arrêtés puis recon­duits à la fron­tière faute d’au­tori­sa­tion de tournage.

Comme l’a expliqué M. Weill, ils ont tout juste eu le temps de tourn­er trois images avant d’être « dénon­cés par les habi­tants qui sou­ti­en­nent les agresseurs ». Quant à l’au­tori­sa­tion, « l’obtenir, quand on traite d’un sujet comme l’homosexualité, ça arrive rarement », pré­cise-t-il. En effet, pour ce faire, il faut : « faire une demande, depuis la France, au min­istère maro­cain de la Com­mu­ni­ca­tion, fournir des jus­ti­fi­cat­ifs et un syn­op­sis détail­lé au Cen­tre ciné­matogra­phie maro­cain, etc. Une autori­sa­tion qui peut pren­dre jusqu’à trente jours. »

Pour abor­der un sujet aus­si sen­si­ble, dans un pays où l’ho­mo­sex­u­al­ité est punie de trois ans d’emprisonnement, les équipes de Yann Barthès ont donc décidé d’y tourn­er sans autori­sa­tion. Après cette expul­sion, le « Petit Jour­nal » a promis de revenir sur place, avec cette fois toutes les autori­sa­tions nécessaires.