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Thomas Lemahieu : le croisé rouge de L’Humanité contre Pierre-Édouard Stérin

13 juin 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Thomas Lemahieu : le croisé rouge de L’Humanité contre Pierre-Édouard Stérin

Temps de lecture : 5 minutes

À plus de 50 ans, Thomas Lemahieu, qui se présente comme Grand reporter et jour­nal­iste au Pôle enquêtes à L’Humanité, s’est tail­lé une petite notoriété en s’acharnant sur l’homme d’affaires con­ser­va­teur Pierre-Édouard Stérin. Entre croisades con­tre les droites rad­i­cales et mil­i­tan­tisme assumé, il trempe ses plumes dans l’encre rouge.

Formation à l’ESJ de Lille

Thomas Lemahieu, c’est l’histoire d’un homme qui a pris son temps pour se faire un nom. Né dans les années 1970, il entame son par­cours par un DEUG en Sci­ences de la com­mu­ni­ca­tion, Philoso­phie et Soci­olo­gie à l’Université de Liège (1991–1993), suivi d’un Eras­mus à Bologne en 1994, où il décroche un diplôme en Sci­ences de la com­mu­ni­ca­tion et Sémi­olo­gie. De retour à Liège pour une cinquième année d’études, il boucle son cur­sus en 1996 avant d’intégrer la très gauchère École Supérieure de Jour­nal­isme de Lille (72ème pro­mo­tion). À l’aube de la trentaine, en 1998, il pose enfin ses valis­es à L’Humanité, jour­nal com­mu­niste déjà en dif­fi­culté et sous per­fu­sion d’argent public.

Voir aus­si : Écoles de jour­nal­isme : l’ESJ Lille, école supérieure de formatage

L’Humanité, c’est dans les vieux pots…

Depuis son arrivée à L’Humanité, Thomas Lemahieu s’est forgé une iden­tité de jour­nal­iste mil­i­tant, un pied dans la rédac­tion, l’autre dans les luttes sociales. Pen­dant plus de vingt ans, il nav­igue entre les rubriques Luttes/É­co-Social et Monde, cou­vrant les injus­tices sociales et les soubre­sauts inter­na­tionaux avec une fer­veur toute com­mu­niste. En 2022, il rejoint le ser­vice Enquêtes et Inves­ti­ga­tions, un tour­nant qui lui per­met de pren­dre un peu la lumière. Il s’échine dès lors à se trou­ver quelques boucs émis­saires dans la plus pure tra­di­tion communiste !

Ses arti­cles, comme ceux sur des organ­i­sa­tions de jeunes mil­i­tants nation­al­istes (con­cer­nant par­fois quelques dizaines de per­son­nes seule­ment), le pro­jet Péri­clès ou l’exil fis­cal de Pierre-Édouard Stérin en Bel­gique, sont autant de flèch­es tirées avec une obses­sion qui frôle la mono­manie. On pour­rait presque croire que Lemahieu a trou­vé en Stérin son Mori­ar­ty per­son­nel, un adver­saire à sa mesure pour briller enfin sous les pro­jecteurs. Sur la toile et dans la presse, Thomas Lemahieu n’avait avant cette éclo­sion tar­dive qu’une exis­tence très lim­itée avec un petit arti­cle dans Le Monde Diplo­ma­tique (2009) ou une mod­este con­tri­bu­tion à des ouvrages comme La France invis­i­ble (2006) et Les Grecs con­tre l’austérité (2015).

Un militant déguisé en journaliste, volontiers invité

Lemahieu ne se con­tente pas d’écrire. Délégué syn­di­cal au SNJ, il s’inscrit dans un com­bat poli­tique ancré à la gauche de la gauche comme en témoigne ses col­lab­o­ra­tions avec des organ­i­sa­tions comme le CADTM, le Comité pour l’Abo­li­tion des Dettes illégiTiMes ou ATTAC. Mais, hors des nich­es médi­ati­co-asso­cia­tives, c’est sa croisade con­tre Pierre-Édouard Stérin qui lui per­me­t­tra d’investir les plateaux télévisés.

Il est ain­si invité à des émis­sions sur Medi­a­part et Pub­lic Sénat et ailleurs, où il dis­sèque le cas de l’homme d’affaire « catholique » avec une délec­ta­tion presque théâ­trale. On relèvera ici que la reli­gion du per­son­nage est accolée au label « mil­liar­daire » sans trop de gêne… On imag­ine mal pareille appel­la­tion avec un mil­liar­daire de con­fes­sion israélite.

Sur les réseaux soci­aux (Mastodon, Blue Sky et dans une moin­dre mesure X qu’il sem­ble boud­er), il relaie ses croisades avec une régu­lar­ité de métronome, cul­ti­vant une audi­ence con­fi­den­tielle et relayant des visuels qui, avec d’autres per­son­nal­ités qu’un « homme d’affaire catholique » lui ferait frôler la 17ème cham­bre (on pense notam­ment à Pierre-Édouard Stérin en vam­pire). Sur­fant sur la peur de « la mon­tée de l’extrême droite », il explore par ailleurs les méan­dres des organ­i­sa­tions nation­al­istes ultra grou­pus­cu­laires en trai­tant notam­ment de l’organisation Les Hus­sards. Un arti­cle dans lequel il copie les infor­ma­tions relayées par les organ­i­sa­tions dites « antifas­cistes » et sur­joue une men­ace de « mil­i­tants néon­azis » qui se trou­vent être une petite ving­taine à Paris.

La notoriété tardive d’un justicier mono-obsessionnel

À plus de 50 ans, Thomas Lemahieu était encore il y a peu un par­fait incon­nu du grand pub­lic. Ses pas­sages télévisés témoignent de son manque d’expérience en la matière. La voix peu assurée, le vis­age rougeaud (comme il sied à L’Huma) un peu usé d’un jour­nal­iste peu rompu aux lumières des pro­jecteurs trahissent une petite célébrité tar­dive obtenue au for­ceps. Grâce à une niche con­fort­able dans un con­texte de véri­ta­ble chas­se au Pic­sou, il s’assure avec son rôle de jus­tici­er mono-obses­sion­nel con­tre Stérin, une mod­este rente édi­to­ri­ale. Avec au moins vingt-cinq arti­cles con­sacrés à celui-ci dans l’Humanité et désor­mais pas mal d’heures de tour­nage, il a trou­vé sa niche écologique. Le jour­nal, lui en a pub­lié encore plus et tente de surfer sur le phénomène mais pour l’heure il ne sem­ble pas que les ventes, tou­jours faméliques, de ce titre en prof­i­tent. Pour­tant le quo­ti­di­en com­mu­niste s’était mon­tré plus docile avec des mil­liar­daires par le passé, on pense notam­ment à l’ouverture de ses colonnes à un cer­tain Pierre Bergé « Homme de presse et de cul­ture », grand financier de la gauche et mis en cause régulière­ment pour des pra­tiques pour le moins obscures ou des recom­man­da­tions https://www.ojim.fr/lindignation-a-deux-vitesses-de-pierre-berge/ sur­prenantes comme celles de con­sid­ér­er le ven­tre des femmes comme une marchan­dise comme une autre en cas de GPA  Ou au mil­liar­daire rouge Jean-Bap­tiste Doumeng, grand financier du PCF, spé­cial­iste des échanges agri­coles entre la France et l’Union Sovié­tique des années 1960/70/80. Il est vrai que l’ami Jean-Bap­tiste avait un bureau à Moscou…

VOIR AUSSI https://www.ojim.fr/les-aides-de-letat-au-journal-lhumanite/

Rodolphe Cha­la­mel

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