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Vincent Trémolet de Villers

26 mars 2023

Temps de lecture : 10 minutes
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Vincent Trémolet de Villers

Temps de lecture : 10 minutes

In nomine Patris et Figaro

Inlassablement, le nouveau directeur du Figaro remet son ouvrage sur le métier pour dénoncer les méfaits de l’immigration, de l’interventionnisme et des dérives sociétales qui scandent l’actualité française. Si l’homme fait partie, telle une commode Louis XV, des meubles du Figaro où il est entré en 2001, il en est désormais le porte-parole médiatique attitré à la télévision et à la radio à la faveur de la « bollorisation » du paysage médiatique. Le temps des débuts du Figaro Vox et des procès en extrémisme qui lui étaient intentés semble bien loin. En un peu moins de dix ans, il aura œuvré à l’éclosion de personnalités aussi incontournables qu’Eugénie Bastié, Alexandre Devecchio, Mathieu Bock-Côté ou encore François-Xavier Bellamy. Comme pour son père, Jacques, l’horizon désirable demeure une révolution conservatrice et providentielle. Mais qui sera le nouveau champion du Figaro après Fillon, Bellamy ou Zemmour ? Affaire à suivre…

Fils de Jacques Tré­mo­let de Villers, avo­cat de sen­si­bil­ité catholique et monar­chiste, ancien col­lab­o­ra­teur de Tix­i­er-Vigna­court ayant notam­ment défendu Paul Tou­vi­er lors de son médi­a­tique procès. Entre 1981 et 1997, celui-ci a dirigé l’ICTUS (Insti­tut cul­turel tech­nique d’utilité sociale), un insti­tut de for­ma­tion des élites tra­di­tion­al­iste. Il était en pre­mière ligne lors de l’opposition à la loi Taubi­ra et on lui doit même l’invention du terme « print­emps français ». Héri­ti­er d’une famille de la noblesse, dont les racines sont plan­tées en Auvergne et en Corse, le grand-père pater­nel de Vin­cent Tré­mo­let de Villers fut député de Lozère et maire de Mende tan­dis que la grand-mère, Jean­ny Bat­testi, a été direc­trice d’école à Bastia.

Formation universitaire

Vin­cent Tré­mo­let de Villers a étudié à l’Institut de crim­i­nolo­gie de Paris II Assas où il obtient un diplôme uni­ver­si­taire de troisième cycle en 2001 sous la direc­tion de Xavier Raufer et de François Haut. Son mémoire est inti­t­ulé « Les “zones de non-droit” dans la République Française, mythe ou réal­ité ? » et sem­ble porter en germe les préoc­cu­pa­tions qui seront celles du Figaro Vox quelques années plus tard.

Parcours professionnel

  • 1996 : il entame sa car­rière de jour­nal­iste au sein de Spec­ta­cle du Monde, pro­priété du groupe Val­monde au même titre que Valeurs Actuelles.
  • 2001 : il con­tribue à la créa­tion du Figaro Hors-Série dont il devient le rédac­teur en chef.
  • 2011 : rédac­teur en chef du Figaro His­toire
  • 2013 : rédac­teur en chef des pages Débats et Opin­ions du Figaro, la plate­forme de Débats et d’Opinions du Figaro.
  • 2014 : il est nom­mé à la tête du Figaro Vox, exten­sion numérique des pages Débats et Opin­ions, sur une idée de Patrick Buis­son et d’Alexis Brézet.
  • 2018 : directeur adjoint la rédac­tion du Figaro, en charge des rubriques Poli­tique, Société et Débats-Opin­ion. Il inter­vient en tant que débat­teur sur LCI.
  • 2022 : il ral­lie Europe1 aux côtés d’Alexis Brézet en tant qu’éditorialiste. Ils présen­tent en alter­nance l’édito poli­tique de la matinale.
  • 2023 : pro­mu directeur délégué de la rédac­tion du quo­ti­di­en, dont il est chargé de définir « la mise en œuvre des ori­en­ta­tions stratégiques».

Publications

  • Et la France se réveil­la : Enquête sur la révo­lu­tion des valeurs, avec Raphaël Stainville, édi­tions du Tou­can, 2013.
  • Les grands duels qui ont fait le monde, ouvrage col­lec­tif co-dirigé avec Alex­is Brézet, Per­rin, 2016.
  • L’Éloge de la poli­tique : Les grandes œuvres, de Pla­ton à Sol­jen­it­syne, Tail­landi­er, 2020.

Il l’a dit

« La vérité est que le chef de l’E­tat est le représen­tant ultime d’une généra­tion poli­tique fascinée par Mit­ter­rand et qui, sans avoir ni sa finesse, ni sa cul­ture, a con­fon­du le cynisme et le tal­ent, dés­ap­pris tout ce qui ressem­blait à de la loy­auté, du courage, de la pro­fondeur et en est réduite aux déc­la­ra­tions d’estrades, au ser­ment de can­ton, aux com­plots d’ar­rière-bou­tiques. Un machi­avélisme mid­dle-class. Tout cela n’est pas nou­veau, mais sans invo­quer les grandes ver­tus, il est juste de rap­pel­er que cette généra­tion n’a cessé, elle, de la faire, la morale. Qu’elle a dit le bien et le mal. Sans nuance et sans pré­cau­tion, elle est la reine de l’in­vec­tive, de l’anathème, de la con­damna­tion. De Théâtre du Rond-Point en con­certs sol­idaires, elle a passé trente ans la main sur le cœur. Était-il sec ? Les sans- dents, les sans-influ­ence, les sans-com­bines, les sans-car­rières con­nais­sent désor­mais la réponse », Le Figaro, 03/09/2014.

« En sachant que notre objec­tif était inac­ces­si­ble parce que l’im­per­fec­tion est le pro­pre du jour­nal­isme, nous avons voulu apporter, à notre petite mesure, une forme de con­tro­verse où la rai­son prime sur l’é­mo­tion, où la var­iété des points de vues peut se man­i­fester sans agres­siv­ité, où les con­vic­tions sont franch­es sans que le manichéisme ne règne en maître, où les spé­cial­istes éclairent nos zones d’om­bres de leur con­nais­sance, où les polémistes trou­vent dans l’ac­tu­al­ité une source inépuis­able d’inspiration », Le Figaro, 04/02/2015.

« On a aus­si béné­fi­cié d’un phénomène qui nous dépasse, admet toute­fois Vin­cent. Le débat s’est déplacé : l’Obs comme Le Monde sont devenus un peu indis­cern­ables, et un cer­tain nom­bre de fig­ures qui par­tic­i­paient au débat chez eux vien­nent davan­tage chez nous aujourd’hui […] Sur la réforme du col­lège, s’enthousiasme-t-il, on a eu tous les fameux “pseu­do-intel­lectuels”, qui écrivaient jusque-là plutôt dans Le Monde : Fumaroli, Finkielkraut, Jul­liard, Bruck­n­er, Fer­ry… », Causeur, 13/05/2016. 

« Quand on vit au cœur de Paris, il est aisé d’af­firmer que l’im­mi­gra­tion est une chance, de proclamer sur un plateau de télévi­sion que notre tra­di­tion d’ac­cueil oblige à ouvrir nos ports aux bateaux de migrants, qu’il s’ag­it d’ailleurs de chiffres dérisoires et qu’au fond il n’y a pas de crise migra­toire. Au nord du périphérique pour­tant, en Seine-Saint-Denis, la crise migra­toire est telle que la puis­sance publique elle-même est inca­pable de don­ner le nom­bre d’habitants », Le Figaro, 04/07/2018.

« Com­plo­tiste à cas­quette, fonc­tion­naire sans mis­sion, politi­cien sans par­ti… ces fig­ures qui ont émergé aus­si vite, sur nos écrans, que des stars de la télé-réal­ité vont con­naître la bru­tal­ité des dis­grâces médi­a­tiques. Bien­tôt les « gilets jaunes » seront pliés au fond du cof­fre de la voiture. Enfin ! Ce mou­ve­ment, ivre de lui-même, avait pris un tour vain et mor­tifère. Spon­tané, fréné­tique, insai­siss­able, il a pour­tant bous­culé en six semaines nos insti­tu­tions poli­tiques, médi­a­tiques, syn­di­cales et économiques. En une impres­sion­nante cathar­sis col­lec­tive, dans la vio­lence et le désor­dre, la France a mis au jour les maux qui la hantent: tax­es écras­antes, normes absur­des, rival­ités soci­ologiques, con­cur­rence géo­graphique, tour­ments iden­ti­taires, déclasse­ment économique… », Le Figaro, 16/12/2018.

« C’est-à-dire que pour que le gou­verne­ment ne soit coupable de rien, pour qu’il n’y ait aucun prob­lème dans ce qu’ils ont fait, tout doit être mis sur 10% de la pop­u­la­tion et on utilise la colère des gens con­tre cette pop­u­la­tion. Et après, on dénonce le pop­ulisme comme l’ex­pres­sion des colères et des peurs. […] Il faut faire atten­tion à ce qu’on dit. Et quand on sait qu’il y a des mil­lions de Français qui sont à cran et qu’on est chef de l’E­tat, on est dans la retenue. On ne souf­fle pas sur les brais­es. On a l’im­pres­sion que si vous voulez créer des man­i­fes­ta­tions et un petit chaos pour mon­tr­er que le chef de l’E­tat est là pour pro­téger de ce chaos, on ne ferait pas autrement », LCI, 06/01/2022.

« Quand la droite rase les murs, baisse les yeux, de crainte d’être assim­ilée au Rassem­ble­ment nation­al avec lequel elle ne com­pose pas et qui, tran­quille­ment, la dépèce, la gauche négo­cie avec Philippe Poutou, San­drine Rousseau, investit Taha Bouhafs et Aymer­ic Caron en invo­quant le Front Pop­u­laire et François Mit­ter­rand », Le Figaro, 04/05/22.

« C’est pour moi un mys­tère que je n’ai pas réus­si encore à percer, qui me fascine et m’attriste à la fois. Com­ment la retraite peut être l’obsession d’un pays comme le nôtre ? C’est vrai­ment quelque chose qui reste sidérant », Le Figaro, 26/01/2023.

Vie privée

Fruit d’une famille nom­breuse, il a cinq sœurs et trois frères. Il est père d’un garçon, Raphaël, et d’une fille, May­alène Tré­mo­let de Villers, jour­nal­iste en alter­nance à Europe 1. Il réside à Viroflay, en périphérie de Versailles.

Sa nébuleuse

Patrick Buis­son dirigeant de Valeurs Actuelles de 1987 à 2000 et directeur de la chaîne His­toire, l’ancien con­seiller de Nico­las Sarkozy con­serve une influ­ence impor­tante au Figaro. Représen­tant tout désigné des lignes buis­soni­ennes et zem­mouri­ennes du quo­ti­di­en, Tré­mo­let de Villers peut être con­sid­éré comme son fils spir­ituel. Un papi­er hagiographique qu’il con­sacre à l’oraculaire stratège poli­tique laisse transparaître toute l’admiration qu’il lui voue : « ani­mal poli­tique sin­guli­er », « autorité irré­sistible », « red­outable élo­quence ». L’avocat de Buis­son, Gilles-William Gold­nadel fut un des pre­miers con­tribu­teurs du Figaro Vox.

Alex­is Brézet, jour­nal­iste à Valeurs Actuelles lorsque l’hebdomadaire était dirigé par Buis­son. Les deux hommes ont tou­jours con­servé une indé­ni­able prox­im­ité, dont il est per­mis de penser qu’elle a infléchi la ligne poli­tique du Figaro. Pour Buis­son, l’homme « pos­sède un sens aigu de l’analyse poli­tique, qui repose sur une cul­ture nour­rie à l’his­toire, et échappe ain­si aux fan­tasmes de la fab­rique médi­a­tique ». En out­re, Tré­mo­let de Villers est l’auteur de la Let­tre de M. de Rasti­gnac, une des plus anci­ennes rubriques de Valeurs Actuelles, autre­fois assurée par Alex­is Brézet qui a passé la main à son comparse.

Marie-Laeti­tia Bonavi­ta, passée par Assas et Valeurs Actuelles, elle a longtemps été un des piliers des pages Débats du Figaro avant d’être affec­té à l’interview de la dernière page.

Paul-Hen­ri du Lim­bert, ancien directeur délégué des rédac­tions, décédé en 2018, a égale­ment pris une grande part au lance­ment du Figaro Vox.

Raphaël Stainville, ancien du Figaro qui dirige actuelle­ment le ser­vice poli­tique de Valeurs Actuelles. Les deux jour­nal­istes ont écrit un essai à qua­tre mains. Raphaël Stainville est mar­ié à l’une des sœurs de Vincent.

François-Xavier Bel­lamy, député européen, et Gas­pard Koenig, philosophe libéral qui n’a pas pu se présen­ter à l’élection prési­den­tielle de 2022, faute d’avoir obtenu les par­rainages néces­saires, ont été propul­sés par le Figaro Vox. « On a eu le souci de faire émerg­er des gens, en don­nant leur chance à des petits jeunes, comme Bel­lamy ou Koenig […] Ce sont des gens diplômés, qui exis­taient et avaient un poten­tiel, mais à qui on a don­né une vis­i­bil­ité »

Depuis 2021, il pré­side le prix lit­téraire Aujourd’hui. Par­mi les jurés, Sonia Mabrouk, Alain Duhamel, Franz-Olivi­er Gies­bert ou encore Anna Cabana.

Ils l’ont dit

« Un ancien du Figaro le décrit comme “curieux”, “agile”, “très drôle” et “très, très à droite”. Sa famille l’est – son père était un avo­cat monar­chiste », L’Obs, 21/11/2016.

« Les chefs sont des gens à par­tic­ule, bien élevés, très cul­tivés. Mais on s’emmerde comme des rats morts », un jour­nal­iste du Figaro cité dans Libéra­tion, 24/08/2018.

« Les derniers recrute­ments m’y sem­blent assez droitiers, racon­te un jour­nal­iste. On y retrou­ve des “red­ede” à par­tic­ule ou des petits cathos bien comme il faut. Il n’y a pas une diver­sité folle […] Quand on a vu débar­quer cette bande-là, on a tout de suite eu l’impression qu’ils étaient chez eux », dit un mem­bre de la rédac­tion. « Ils sont en train d’appliquer au Figaro la théorie du grand rem­place­ment », Libéra­tion, 16/11/2021.

« Le 1er décem­bre, au lende­main de la dif­fu­sion de sa vidéo d’entrée en cam­pagne [de Zem­mour], il y avait au moins trois sig­na­tures (Vin­cent Tré­mo­let de Villers, Guil­laume Tabard, Alexan­dre Devec­chio), dans le jour­nal et sur France Inter, pour trou­ver qu’il y par­lait juste. Depuis, les édi­to­ri­aux indul­gents se sont suc­cédé sans dis­con­tin­uer. “J’aimerais que vous pre­niez acte que toute la rédac­tion n’est pas passée à l’extrême droite”, sup­plient cepen­dant nom­bre de jour­nal­istes avec lesquels nous avons échangé, requérant l’anonymat qu’ils esti­ment néces­saire pour pou­voir s’exprimer libre­ment », Le Monde, 18/12/2021.

Illus­tra­tion : cap­ture d’écran vidéo Europe 1 via YouTube.

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