Le gendre martiniquais idéal
« De même, tous les médias écrits et audiovisuels, se sont félicités de la nomination d’un présentateur noir, d’origine martiniquaise, au 20 heures le plus regardé de France. Certes, Rachid Arhab, sur France 2, ou Audrey Pulvar, sur France, ont ouvert la voie aux minorités dans le service public, mais aucun n’a bénéficié d’une telle exposition médiatique. » « Harry Roselmack, le présentateur du 20h de l’été » — La Croix, 17 juillet 2006
Harry Roselmack est né le 20 mars 1973 à Tours (Indre-et-Loire). Ses parents sont tous deux martiniquais. Sa mère était agent de La Poste et son père, policier. Symbole de la « diversité » dans les médias, Harry Roselmack est devenu en quelques années l’un des présentateurs préférés des téléspectateurs. Homme aux multiples casquettes (présentateur, producteur), engagé pour colorer les médias, l’ancien présentateur du 20h de TF1 sait adapter la déontologie journalistique pour faire du sensationnel.
Marié depuis 2001 à Chrislaine, martiniquaise comme lui, il est père de trois enfants : Omaya, Yanaëlle et Leroy.
Formation
DEUG d’histoire.
DUT de journalisme à l’École publique de journalisme de Tours.
Parcours professionnel
Il fait ses débuts à la radio, en présentant les flashs info sur « Radio Béton », une station locale de Tours où son père anime avec des amis une émission sur les Antilles le dimanche.
1994
Passage sur la radio « Media Tropical ».
2000
Il entre au sein de « Radio France ». Il y débute sur « France Bleu » dans diverses antennes locales, avant de passer sur France Info. En parallèle, il débute à la télévision sur La Chaîne météo. Par la suite, il intervient dans l’émission politique « France Europe Express », présentée par Christine Ockrent et diffusée le dimanche soir sur France 3, pour « France Info », radio associée au programme.
2005
Recruté par i>Télé. Il présente la grande édition de 18 h à 18 h 30, ainsi que le journal de la mi-journée dans l’émission « Nous ne sommes pas des anges » sur Canal+.
2006
Remplaçant officiel (joker) sur TF1 de Patrick Poivre d’Arvor puis de Laurence Ferrari à partir de septembre 2008 pour le journal de 20 h. Il présente le magazine d’information « Sept à huit » sur TF1 en duo avec Anne-Sophie Lapix puis en solo à partir de septembre 2008 suite au départ de la journaliste pour Canal+. À partir de novembre 2009, il présente le magazine d’information « Harry Roselmack en immersion » diffusé en seconde partie de soirée sur TF1
2009
En parallèle, il rejoint RTL pour animer chaque samedi « Le Journal inattendu »
2011
Abandonne son rôle de joker de Laurence Ferrari, à la présentation du journal de 20 heures de TF1. Il quitte RTL.
2014–2016
Il produit plusieurs films avec sa société HTO Productions : le court-métrage le 13e Homme (2014), les documentaires Petits boulots d’été, le rêve et 7 jours/7 nuits à Courchevel (2015), le documentaire télévisé Dans l’ombre de Teddy Riner (2016), tourné sur trois ans avec la société de production Black Dynamite.
Fin 2016
Il annonce le tournage de son premier long-métrage, Fractures, qui sort en salles à la rentrée 2018.
Parcours militant
Non renseigné.
Publications
H. J. Boungo, Novilu, Paris, éditions de Courcelles, 1er juin 2007, 259 p. Roman publié sous un nom de plume (H. J. sont les initiales de Harry et Joseph, ses premier et deuxième prénoms, et Boungo est le nom de jeune fille de sa mère) afin d’éviter l’amalgame avec ses activités de journaliste
Collaborations
Novembre 2008
Il participe au gala du mensuel panafricain francophone, « Africa International ».
2011
Parrain de la promotion de l’école de journalisme de Nice
2012
Parrain du 5e Challenge d’Action contre la faim
2014
Il lance sa marque de cosmétiques Neoclaim, cofondée avec Thibaut Perrin-Faivre.
2015
Parrain du cours Alexandre Dumas de Montfermeil, une école destinée à la réussite des enfants issus des quartiers défavorisés.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il l’a dit
« La mixité raciale est en danger. » « Derrière les murs de la cité » — TF1, 24 octobre 2008
« Je représente une figure un peu particulière, dont ils [les habitants des « cités »] se sentent assez proches, via la couleur de peau » « Roselmack à Villiers-le-Bel : « On n’a jamais eu peur » — Le Parisien, 24 novembre 2009
« J’ai bien sûr été choqué par les propos de cet homme [Guerlain] Il y a des propos qui ne peuvent pas être tenus. Bien sûr, ce n’est pas par la répression ou la peur qu’on réglera ça mais par l’éducation » « Harry Roselmack, “choqué” par le dérapage raciste de Jean-Paul Guerlain » — La Dépêche, 23 octobre 2010
« Non, il y a encore une différence [entre un jeune diplômé noir et un blanc]. De plus, les jeunes de couleurs de peau différentes viennent souvent de milieux sociaux défavorisés et habitent dans des zones dites “sensibles”. Ces accumulations handicapent. » « Harry Roselmack la télé en couleurs » — VSD 23 juillet 2011
« En arrivant à TF1, j’ai reçu quelques lettres racistes, mais très peu. En France, le problème tient au conservatisme plus qu’au rejet de la différence. Nous avons qualifié nos élites : elles sont blanches, viennent des mêmes écoles, sont globalement catholiques. On a du mal à sortir de ces critères. » Ibid.
« Je représente la diversité dans son ensemble. Quand quelqu’un qui vient de l’étranger voit mon émission, il se dit tout simplement qu’en France il y a des Noirs ! (…) Oui [Êtes-vous favorable à la discrimination positive ?], les minorités ethniques doivent être plus représentées dans les médias, la politique, les arts et les fonctions économiques. Il faut imposer la diversité. En France, nos élites sont blanches et viennent des mêmes écoles. On a du mal à sortir de ces critères. » Ibid.
« À TF1, non, je n’en ai pas eu l’occasion et, pour l’instant, je constate qu’il se passe des choses dans ce sens. Par contre, à Éléphant & Cie, la maison de production de “Sept à huit”, j’ai dû en parler [promotion de la diversité]. L’effectif de journalistes de l’émission va être doublé avec un risque de non-représentation de la diversité. J’ai mis le doigt dessus, on verra s’ils m’écoutent. » Ibid.
« Je me vois peu, mais je ne me vois pas Noir. En tout cas, je ne me qualifie pas comme tel, en général. Je suis d’abord un homme, un fils, un frère, un mari et un père, un citoyen, un journaliste, un passionné et oui, oui, c’est vrai, je suis noir. La République, son slogan et ses lois parviennent, la plupart du temps, à me le faire oublier », Le Monde, 5 novembre 2013
« Parce que l’expression de ce racisme, dans la bouche d’une candidate Front national aux municipales (exclue depuis), était primaire, parce qu’elle recourait à une iconographie profondément choquante qui niait au nègre le statut d’être humain, elle m’a amené à m’interroger, en tant que Noir d’abord, en tant que citoyen, fils, père et mari ensuite », ibid, au sujet d’une candidate FN qui compare Christiane Taubira à un singe.
« La xénophobie, le racisme constituent même le ciment essentiel [du FN] Et il n’est pas inutile que son vernis républicain, grossier maquillage dont Marine Le Pen le badigeonne consciencieusement, s’écaille de temps en temps », ibid.
« Combien de fois ai-je dû expliquer à un restaurateur ou même à un camarade que les vieilles affiches ‘Y’a bon Banania’ qu’ils accrochent à leurs murs ne peuvent pas être regardées qu’avec amusement ou nostalgie. Tant que l’on laissera ces peaux de Banania traîner dans nos cerveaux, des glissades et dérapages vers l’injure raciste sont à craindre », ibid.
« Je dois bien le reconnaître, pour le coup, ma couleur de peau m’a plutôt servi, en tout cas quand je suis arrivé à TF1 », Sudinfo.be, février 2015
« Il était illusoire de penser que tout allait bouger d’un coup parce qu’on avait nommé un Noir à la tête du 20 heures de TF1 ! Ces changements sont lents, trop lents sans doute. Ils prennent du temps mais ils s’opèrent de façon régulière et continue », TéléObs 18 mars 2017
« Mon arrivée au 20 heures a aussi été perçue comme une évolution de société. Elle posait la question de la discrimination positive et de son utilité », ibid.
« Il y a, depuis une dizaine d’années, un mouvement de raidissement identitaire. Les Français sont peut-être, aujourd’hui, encore plus rétifs à l’autre et à la différence. Ils ont besoin de se raccrocher à des racines identitaires. […] Les Français ont désormais tendance à se retrancher sur des identités secondaires ; elles leur paraissent plus fiables qu’une identité nationale qui pourtant créerait du lien et nous emmènerait tous dans la même direction.», ibid.
« Je ne tiens pas à combattre le FN en le discréditant. Je ne veux pas être le pourfendeur de Marine Le Pen et consorts », ibid.
Sa nébuleuse
Club Averroés (lire notre dossier) : Créé en 1997. Il rassemble plus de 400 professionnels autour de la promotion de la diversité dans les médias. Harry Roselmack s’engage au sein de ce groupe de pression communautaire « parce que cette question [diversité] mérite d’être soulevée, notamment dans les médias. J’en ai fait l’expérience. Après avoir obtenu mon diplôme de journalisme, j’ai décroché mon premier emploi dans une radio communautaire, Média Tropical, basée en région parisienne et destinée aux ressortissants des départements d’outre-mer. (…) C’est la seule entreprise qui m’a donné une chance à la sortie des études. Il y a quelques années, il était extrêmement difficile pour un étudiant issu de la diversité de trouver tout de suite un emploi dans une entreprise nationale. Fort de ce constat, après avoir réussi à intégrer France Bleu en 2000, j’ai compris que si les médias ne recrutaient pas des personnes d’origine étrangère, c’est simplement parce qu’ils ne se posaient pas la question. Mes collègues de Radio France n’avaient aucun problème avec mes racines. Mais mon arrivée a eu le mérite de révéler qu’il était étrange qu’il n’y ait pas plus de jeunes de couleurs de peau ou de religions différentes travaillant dans le groupe. » « Harry Roselmack la télé en couleurs » — VSD, 23 juillet 2011
Membre du Club Galilée : « Le Club Galilée rassemble plus de 600 professionnels des médias, actifs et opérationnels, appartenant à tous les métiers ( Auteurs, producteurs, diffuseurs, agrégateurs, organisations professionnelles, institutions publiques…) tous les secteurs ( Cinéma, télévision, presse, radio, internet…) et toutes les générations. Tous se montrent fidèles aux séances et actifs pour participer aux travaux. Le Club s’est attaché à s’ouvrir largement aux jeunes générations de professionnels afin de renouveler la parole et le regard sur les médias et de ne pas retrouver toujours les mêmes intervenants, dont la pensée date ou évolue peu. »
Il signe la pétition « À quand une femme noire en couverture de “Elle” ? » : « Il serait temps que les rédactrices de Elle s’aventurent hors de leurs bureaux vitrés du quartier d’affaires de Levallois-Perret afin de se mêler à la population, ce qui leur permettrait de voir à quoi ressemblent les Noirs et comment ils s’habillent en vrai. Il serait également temps de se rendre compte que des femmes noires, il y en a aussi en France, qu’elles ne vivent pas toutes aux Etats-Unis et ne sont pas toutes stars de la chanson, du cinéma ou du sport. » (…) Nous aimerions ici suggérer aux salariés de Elle d’essayer d’ouvrir leurs horizons. Puisque la tendance est à la “black fashion”, pourquoi ne pas y adhérer en recrutant par exemple plus de rédactrices noires ? Et pourquoi pas, soyons fous, choisir une femme noire pour poser sur la couverture du magazine? Juste une fois, pour voir ? »
Ils ont dit
« Quoi qu’on pense des motivations de cette décision – effet d’annonce de TF1 ou réel coup de pouce à la diversité –, l’arrivée de Harry Roselmack au mythique 20 heures a au moins eu le mérite de bousculer les rigidités du petit monde de la télévision. Deux semaines à peine après cette annonce, France Télévisions convoquait une table ronde sur le thème : “Quelle action pour une fiction française télé-plurielle ?” (…) L’enjeu : concevoir une série de mesures pour favoriser la représentation des minorités au petit écran. » « Harry Roselmack, le présentateur du 20 h de l’été » — La Croix, 17 juillet 2006
« Harry Roselmack est à TF1 ce que Ben Laden est à la CIA : un agent infiltré ! Quand je l’ai vu aller en banlieue, à Villiers-le-Bel pour son reportage, ça m’a dégoûté. Il débarque dans les quartiers encore plus effrayé que les Français qui n’y ont pourtant jamais mis les pieds ». Le rappeur Booba, « Booba dit avoir été “dégoûté” par Harry Roselmack ».
« Sur TF1, Harry Roselmack nous présentait des fondamentalistes musulmans, certes exotiques et un rien baroques dans notre République, mais bien propres sur eux, respectueux des vieilles dames et des filles – il est vrai qu’ils se débrouillent pour n’en croiser qu’une, et sous bonne surveillance, celle qu’ils vont épouser. Avec un seul critère : la piété, parce que celle-ci dure et même croît avec l’âge, contrairement à la beauté, comme l’a expliqué un des personnages. Quant aux femmes interrogées, elles sont là pour expliquer à quel point, derrière leur voile intégral pour celles qui ont le privilège de le porter, elles sont modernes et épanouies même si les pauvrettes ne comprennent pas qu’on les regarde bizarrement dans la rue. En prime, tous ces braves gens (qui le sont vraiment) sont marseillais et fort malheureux d’être stigmatisés par leurs concitoyens. Rien à voir avec le genre islamiste au couteau entre les dents – ils évoquent plutôt des loubavitchs musulmans. » « Les bons salafistes et les méchants racistes » — Causeur.fr
« À Marseille, ulcérés par ce qu’ils qualifient de “bidonnage” et de “manipulation”, les représentants de la communauté musulmane sont en colère. Nouredine Cheich, président de la grande mosquée, se dit “scandalisé par ce scénario qui met en scène une bande de gamins en délire et s’appuie sur des élucubrations sans aucun fondement théologique”. “Ils ne sont même pas capables de faire les ablutions correctement !” note Makhete Sissé, président de la Ffaiaca (qui fédère une quarantaine d’associations), et dénonce “le parti pris de TF1 de donner de l’islam une image de religion arriérée” (…) En son temps, Christine Ockrent s’était elle aussi “immergée” dans la ville, résumée aux aigreurs débitées par un chauffeur de taxi. Avec le même résultat : lamentable. » « TF1 chez les salafistes : les musulmans de Marseille ulcérés » La Provence
« Pour les besoins d’une émission sur les religions à Marseille prévue en février sur TF1, Harry Roselmack, journaliste de la chaîne privée, son équipe et un jeune musulman ont essayé de faire sortir un mouton vivant dans le coffre d’une voiture. Le but était de permettre au musulman, dans le cadre de l’Aïd, de sacrifier au rite, c’est-à-dire de tuer le mouton dans son propre environnement et non pas à Saint-Louis. Le problème c’est qu’en dehors des sites agréés par la préfecture, il est strictement interdit d’abattre un mouton, essentiellement pour des raisons sanitaires. La voiture de Harry Rosemalck a été arrêtée alors qu’elle s’apprêtait à quitter les lieux. Et le célèbre présentateur a dû s’expliquer devant des élus marseillais, Samia Ghali, Martine Vassal et surtout Maurad Goual qui lui a dit très courtoisement sa manière de penser. » « Aïd : Harry Rosemalck tente de fuir avec un mouton pour son émission » — La Provence
« Je pense qu’ils [les icônes noires] sont très divers : dans le sport, on a Lilian Thuram ; dans les médias, on a Harry Roselmack ; dans la politique, on a Christiane Taubira ; dans le monde de la culture, on a des talents aussi, tout comme dans le secteur privé ou public, etc. Mais, au-delà de quelques noms, on a une ribambelle d’inconnus qui triment sur le terrain pour faire avancer cette cause, sans gloire et dans la discrétion ! » Rama Yade-Zimet, « “J’incarne tout ce que les hommes politiques ne sont pas : une femme, jeune, noire et musulmane.” » — L’Internaute.com
« TF1 s’est trouvé un cheval de bataille. Après avoir annoncé l’arrivée de Harry Roselmack cet été comme “joker” de PPDA, la chaîne propose des programmes courts vantant « la diversité de la société ». Depuis hier et jusqu’au 9 juillet, des personnalités se relaient juste après le générique du “20 heures” pour délivrer un message de tolérance. Guy Bedos ou Smaïn parleront des différences de religion, Dave de l’homophobie et Gilbert Montagné de la discrimination envers les non-voyants… » « TF1 pour la diversité… de ses annonceurs » — 20 Minutes, 13 juin 2006
Crédit photo : Pascal Montagne, 2009. Wikimédia Commons / CC-BY-SA