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Accueil | Portraits | Fabrice Le Quintrec

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17 octobre 2013

Temps de lecture : 9 minutes

17 octobre 2013

Accueil | Portraits | Fabrice Le Quintrec

Fabrice Le Quintrec

Temps de lecture : 9 minutes

La liberté au fond d’un placard

Fabrice Le Quintrec est né en avril 1951 à Meaux où il a passé son enfance et son adolescence. Après son baccalauréat, il a obtenu une bourse de l’« American Field Service » pour un séjour d’une année en immersion dans l’Amérique profonde des « sixties ». Il obtient à Concord-Californie un diplôme de fin d’études secondaires (Mount Diablo high school).

Formation

De retour à Paris, il étudie en hypokhâgne au lycée Hen­ri IV avant de bifur­quer vers Sci­ences Po (diplôme IEP Paris — Ser­vice pub­lic-1973). Il obtient ensuite une licence ès-let­tres et une maîtrise d’histoire (mémoire sur la cam­pagne prési­den­tielle de Robert Kennedy). Fab­rice Le Quin­trec a été audi­teur de la 43ème ses­sion nationale de l’IHEDN.

Parcours professionnel

En 1980, Fab­rice Le Quin­trec est recruté par Radio France et affec­té tout d’abord aux jour­naux de France Cul­ture, France Musique. De 1987 à 1991, il tra­vaille au ser­vice étranger de France Inter et cou­vre pour cette chaîne, ain­si que pour France Info de grands événe­ments de l’actualité internationale.

Par­al­lèle­ment à Radio France, dans les années 1988/1993, Fab­rice Le Quin­trec tra­vaille en tant que pigiste dans la par­tie mag­a­zine précé­dent la messe télévisée du dimanche matin ; il présente aus­si les infor­ma­tions sur TV5.

À par­tir de 1991 et jusqu’en 1998, Fab­rice Le Quin­trec effectue prin­ci­pale­ment un tra­vail de « desk » à France Inter, en qual­ité de présen­ta­teur de jour­naux et de revues de presse, activ­ité qu’il pra­tique sans œil­lères ni auto­cen­sure. Sa propen­sion à ne pas respecter l’omerta sur les pub­li­ca­tions d’extrême droite et à les inclure par­fois dans ses revues mati­nales lui vaut l’hostilité crois­sante de ses « con­frères », alors même que, symétrique­ment, il cite très large­ment la presse d’extrême gauche, ce qui ne pose aucun prob­lème. Il est mis au plac­ard en août 1998 et n’en sor­ti­ra qu’en jan­vi­er 2008, dix longues années d’oisiveté for­cée assor­ties d’un exil loin­tain : Fab­rice Le Quin­trec, au début des années 2000 a été directeur de l’Institut fran­co-japon­ais à Yoko­hama, puis attaché cul­turel à Tokyo.

De retour à l’antenne en 2008, après avoir fait con­damn­er Radio France à deux repris­es (par les prud’hommes en 1999 et par le tri­bunal de grande instance en 2006), Fab­rice Le Quin­trec, pro­mu à la fonc­tion de rédac­teur en chef adjoint de rédac­tion nationale, retrou­ve une revue de presse. Chaque same­di et chaque dimanche, il présente « le Kiosque Inter­na­tion­al » à 13h05 sur France Bleu.

Fab­rice Le Quin­trec signe occa­sion­nelle­ment des arti­cles sur les jour­naux en ligne Atlanti­co et Boule­vard Voltaire.

Out­re son tra­vail de jour­nal­iste, Fab­rice Le Quin­trec est con­férenci­er au Cours de civil­i­sa­tion française de la Sorbonne.

Parcours judiciaire

Le 30 mars 1999, con­damna­tion de Radio France par le Con­seil des prud’hommes de Paris pour non-four­ni­ture de tra­vail à Fab­rice Le Quin­trec au cours de la péri­ode août 1998 — mars 1999.

Dépêche AFP du 16 avril 1999 ren­dant compte de plusieurs procès au pénal, visant notam­ment Jean-François Kahn et Yves de Chaise­martin : La 17ème cham­bre du tri­bunal cor­rec­tion­nel de Paris a con­damné ven­dre­di les directeurs de Mar­i­anne et de France-Soir pour diffama­tion envers le jour­nal­iste Fab­rice Le Quin­trec, qui avait été sanc­tion­né par la rédac­tion de France Inter en août 1998 pour avoir cité le quo­ti­di­en Présent dans une revue de presse. Le tri­bunal reproche à ces jour­naux la pub­li­ca­tion d’ « une rumeur par­ti­c­ulière­ment détestable, qui ne demandait qu’à prospér­er dans un milieu par­fois accueil­lant au con­formisme intel­lectuel ambiant ». La rumeur en ques­tion, sur le fonde­ment de laque­lle le jour­nal­iste s’était vu retir­er la revue de presse, accu­sait M. Le Quin­trec d’avoir des opin­ions proches du Front Nation­al, ce qui ne con­ve­nait pas à son entourage pro­fes­sion­nel. Le tri­bunal a jugé que la rumeur était infondée, Présent n’ayant été cité qu’ « une seule fois » dans les revues de presse de M. Le Quin­trec, en une « seule phrase qui ne com­por­tait ni appro­ba­tion, ni man­i­fes­ta­tion d’une opin­ion quel­conque de la part du jour­nal­iste » et « s’insérait dans une énuméra­tion de très nom­breux organes de presse, comme il est de règle pour cet exer­ci­ce, cer­tains titres étant répétés à plusieurs reprises ».

Le 14 mars 2006, con­damna­tion de Radio France par le tri­bunal de grande instance de Paris pour avoir remis Fab­rice Le Quin­trec au plac­ard à l’issue de sa mis­sion Quai d’Orsay au Japon ; extraits des atten­dus du juge­ment : « Radio France ( … ) avait la pos­si­bil­ité de respecter et son accord et la con­ven­tion col­lec­tive (…) L’ensemble de ces élé­ments établit le car­ac­tère fau­tif du com­porte­ment de Radio France à l’égard de Mon­sieur Le Quin­trec (…) Il est incon­testable que la mau­vaise volon­té et la mau­vaise foi man­i­festées par (Radio France) dans l’exécution de ses oblig­a­tions crée un préju­dice moral cer­tain (à Mon­sieur Le Quin­trec), aggravé au fur et à mesure des mois et des années qui passent, résul­tant notam­ment de l’absence d’exercice effec­tif de son méti­er, dont il résulte une mise à l’écart pro­fes­sion­nelle de fait »…

Ce qu’il gagne

5 000 euros par mois

Il l’a dit

« Ce n’est pas parce qu’on n’est pas trot­skyste, soix­ante-huitard ou qu’on n’adhère pas à une ligue antifas­ciste, qu’on est for­cé­ment lep­eniste ; mes opin­ions poli­tiques ne regar­dent que moi », France-Soir, 18 août 1997

« L’interprétation restric­tive du plu­ral­isme est un exer­ci­ce aléa­toire et périlleux. Le fait d’édulcorer la diver­sité et la com­plex­ité des posi­tions en présence, de s’autocensurer ou de tenir un lan­gage con­venu ne con­tribue ni à l’information pleine et entière du pub­lic ni à l’accomplissement de la mis­sion du jour­nal­iste. J’avais et je con­serve pour ligne de con­duite de trou­ver dans toute la presse, sans exclu­sive, la matière pre­mière de mes revues de presse », Droit de réponse dans L’Événement du Jeu­di – 10/16 sep­tem­bre 1998

« Même s’il doit vous en déplaire, je con­tin­uerai con­tre les mau­vais vents de soutenir que mon devoir de jour­nal­iste hon­nête, courageux (oh, que oui !) et plu­ral­iste me fai­sait oblig­a­tion, quand je présen­tais des revues de presse, de citer, par exem­ple, Présent ou Minute, quand je citais Char­lie Heb­do ou l’Humanité. Qu’un heb­do­madaire comme le vôtre qui, si je l’ai bien com­pris, a ten­té de se con­stru­ire sur le refus de la pen­sée unique et l’antiterrorisme intel­lectuel ait du mal à le com­pren­dre ne peut qu’attrister ceux qui, comme moi, avaient cru à la sincérité et à l’avenir de sa démarche », Droit de réponse dans Mar­i­anne – 21/27 sep­tem­bre 1998

Ils ont dit

« Audi­teurs atten­tifs de France Inter, nous n’avons pas man­qué de not­er la grande diver­sité des titres cités dans la revue de presse de Fab­rice Le Quin­trec. Nous main­tenons cepen­dant notre crainte : les jour­naux d’extrême droite utilisent un lan­gage codé pour déjouer les lois con­tre le racisme et le révi­sion­nisme. Ne pas rap­pel­er leur nature, c’est leur per­me­t­tre de dis­tiller impuné­ment leur venin », Globe Heb­do, 8–14 sep­tem­bre 1993

« Une chose est cer­taine, Fab­rice Le Quin­trec est le seul jour­nal­iste de Radio France à avoir com­plaisam­ment cité dans sa revue de presse des jour­naux tels que Minute, Nation­al Heb­do ou Présent », Un respon­s­able du Syn­di­cat Nation­al des Jour­nal­istes (alors majori­taire à Radio France) témoignant de manière anonyme dans France-Soir le 19 août 1997

« M. Le Quin­trec, autant que je sache, n’a pas porté atteinte au car­ac­tère plu­ral­iste que doit avoir France Inter. Il a effec­tive­ment cité un organe d’extrême droite dans une revue de presse. Mais ce faisant, il n’a fait qu’entériner l’existence d’une extrême droite dans ce pays. Les sym­pa­thisants d’extrême droite paient leur rede­vance comme tous les autres et ont le droit d’exiger de nous que nous soyons inat­taquables sur la manière dont nous ren­dons compte des événe­ments », Gilbert Denoy­an, août 1997

(Ques­tion : que pensez-vous de Fab­rice Le Quin­trec, que vous avez con­nu à France Inter ?) « Rien » Ivan Lev­aï, L’événement du Jeu­di – 4/10 sep­tem­bre 1997

« Sur l’antenne il n’y a jamais de déra­pages. Sauf M. Le Quin­trec. Mais il faut être cohérent. Moi ça me fait ger­ber le Front Nation­al. Tous les soirs j’en mets une louche sur le FN. Mais il faut être respectueux du ser­vice pub­lic. J’ai quelques per­son­nes dans la rédac­tion qui trou­vent Le Pen fréquentable et l’immense majorité à qui ça pue au nez dont moi », Jean-Luc Hees, directeur de la rédac­tion de France-Inter, Témoignage chré­tien, 12 sep­tem­bre 1997

« Restera sur lui (Le Quin­trec) comme un sceau d’infamie : sym­pa­thisant notoire du Front Nation­al… Con­damné à vie. Parce qu’il expri­mait une vision dif­férente d’une revue de presse. Pau­vre société médi­a­tique, bien parisi­enne celle-là, qui exé­cute une répu­ta­tion, bafoue un hon­neur, démolit une exis­tence pro­fes­sion­nelle en quelques sec­on­des… », Édouard Boeglin – Human­isme, revue du Grand Ori­ent de France, mars 1998

« Citer Présent ne me viendrait pas à l’esprit car c’est un jour­nal d’opinion qui ne représente pas celle du grand pub­lic et, donc, de nos audi­teurs », Patrick Cohen, alors jour­nal­iste à RTL- Déc­la­ra­tion à L’Événement du Jeu­di en date du 13/19 août 1998.

« Est-il per­mis d’imaginer quelle aurait été la réac­tion des amoureux de la lib­erté pro­fes­sion­nelle si, d’aventure et dans des cir­con­stances ana­logues, haute­ment improb­a­bles, un jour­nal­iste avait été cen­suré pour avoir seule­ment cité Rouge, l’Humanité ou Char­lie Heb­do ? », William Gold­nadel, Le Figaro — 7 sep­tem­bre 1998.

« Fort heureuse­ment, il y a encore des juges en France. Seront-ils sanc­tion­nés ? » Emmanuel Le Roy Ladurie le 5 mai 1999, après la con­damna­tion de Radio France par le Con­seil des prud’hommes, et les con­damna­tions pour diffama­tion des directeurs de Mar­i­anne et de France Soir par la 17ème cham­bre du tri­bunal cor­rec­tion­nel de Paris.

« Les revues de presse (de Fab­rice Le Quin­trec) étaient plu­ral­istes, équili­brées, sans par­ti pris, ni prosé­lytisme. Elles étaient diverse­ment appré­ciées, mais, en la matière, per­son­ne ne fait jamais l’unanimité. En tout cas, elles ne m’ont jamais choqué et elles n’ont jamais enfreint, bien au con­traire, les règles de la déon­tolo­gie pro­fes­sion­nelle et de la morale répub­li­caine. (…) J’estime que Fab­rice Le Quin­trec a sa place à France Inter et qu’il est même fondé à réclamer le poste de présen­ta­teur de la revue de presse dont il a été scan­daleuse­ment évincé il y a quelques années, sans fonde­ment légitime », 17 févri­er 2005 – Jacques Ricau, secré­taire général de la CFDT Radio Télé.

Documentation

« Le Quin­trec, itinéraire d’un mou­ton noir » par Elise Nebout – Revue Médias numéro 28.
Droit de réponse de Fab­rice Le Quin­trec pub­lié par le jour­nal L’Humanité le 7 mai 1999.
Aka­dem — la dés­in­for­ma­tion active et pas­sive – Asso­ci­a­tion France-Israêl, mars 2010.

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