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Photo retouchée : l’Associated Press accusée de racisme

30 janvier 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Photo retouchée : l’Associated Press accusée de racisme

30 janvier 2020

Temps de lecture : 3 minutes

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Lors du forum de Davos de cette fin janvier 2020, Greta Thunberg, la grande prophétesse médiatique du réchauffement climatique dont nous avions fait un portrait détaillé il y a peu, était à nouveau présente ; comme cela est devenu l’habitude.

Accom­pa­g­née de qua­tre autres jeunes activistes du mou­ve­ment “Fri­days for Future” (les fameuses grèves étu­di­antes pour le cli­mat), elles ont don­né une con­férence de presse, suiv­ie d’une pho­to de groupe. Et c’est là que le drame est arrivé, lors de la pub­li­ca­tion de cette pho­to, Vanes­sa Nakate, la seule Africaine de la bande, a été coupée au mon­tage. Il n’en fal­lait pas plus pour y voir le retour de l’Apartheid.

Quand un recadrage de photographie est comparé à “l’effacement du continent africain” de l’Histoire

Gre­ta Thun­berg et Vanes­sa Nakate, ayant prob­a­ble­ment la même habi­tude à tout sur­jouer, ont vive­ment réa­gi à cette histoire.

Nakate l’a fait dans une vidéo de plus de 10 min­utes, vue par plus de 600 000 per­son­nes et postée sur Twit­ter. Elle dit avoir com­pris “pour la pre­mière fois de sa vie la déf­i­ni­tion du mot racisme” (déc­la­ra­tion sur­prenante pour une per­son­ne de 23 ans cen­sée vivre dans un monde au “racisme sys­témique”). Et de con­tin­uer avec ces mots : “L’Afrique est le con­ti­nent qui émet le moins de car­bone, mais nous sommes les plus impactés par la crise cli­ma­tique. Mais effac­er nos voix ne chang­era rien. Effac­er nos his­toires ne chang­era rien. Sur inter­net, j’ai vu plusieurs médias faire la même chose. Le monde est si cru­el.”

Thun­berg a exprimé la dimen­sion “inac­cept­able de la chose, à énor­mé­ment (?) de points de vue” et ter­miné avec cette phrase, pour repren­dre son amie, “Vous avez effacé un con­ti­nent.”.

Le “système racisme” (sic) de Konbini

Du côté du monde médi­a­tique, “l’affaire” a été assez peu reprise, ni par Le Figaro, ni Le Monde, ni la majorité des grands organes de presse. Le prin­ci­pal média s’y étant intéressé est le très bien-pen­sant Kon­bi­ni avec un arti­cle qui vaut le détour.

Tout com­mence par l’utilisation du qual­i­fi­catif “noir”, de manière décom­plexée, dès le titre : “L’ac­tiviste noire Vanes­sa Nakate a été exclue d’une pho­to de groupe avec Gre­ta Thun­berg”. L’article est ensuite agré­men­té des réac­tions de divers­es per­son­nes jusqu’à cette phrase : “À tra­vers cette action, c’est tout un sys­tème racisme qui se révèle une fois de plus, comme l’ont noté de nombreux·ses autres militant·e·s noir·e·s qui se sont exprimé·e·s quant à leur invis­i­bil­i­sa­tion. Vanes­sa Nakate a d’ailleurs appelé à une prise de con­science de tou·te·s.” Out­re la dénon­ci­a­tion du fameux “racisme sys­témique”, on assiste à une envolée lyrique en écri­t­ure inclu­sive (alors qu’elle est absente du reste de l’article), comme si en deux lignes, Kon­bi­ni cher­chait à mar­quer le plus de points pos­si­bles auprès des minorités LGBT, “post-colo­niales” et cie, déjà abon­dam­ment cour­tisées par le média.

Face à la “tempête”, une agence de presse qui reste calme

Cette pho­togra­phie a été prise par un salarié de l’agence de presse améri­caine Asso­ci­at­ed Press (AP), qui l’a ensuite mise en ligne.

Face aux attaques, AP a expliqué que le pho­tographe “avait coupé ain­si sa pho­to parce que l’im­meu­ble, situé der­rière Vanes­sa Nakate, à gauche, “distrayait” l’œil du spec­ta­teur”, le tout, réal­isé “dans un délai très court”. L’agence a aus­si dit regret­ter cette pub­li­ca­tion, rap­pelé qu’elle se sou­ci­ait “pro­fondé­ment de la représen­ta­tion fidèle du monde qu’elle cou­vre” et même pré­cisé que ses jour­nal­istes étaient for­més pour qu’ils “soient sen­si­bles aux prob­lé­ma­tiques d’inclusion et d’omission”. Pau­vres jour­nal­istes de l’AP, même avec des for­ma­tions adap­tées, ils sont capa­bles de nous ramen­er aux heures les plus som­bres de notre histoire.

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