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La télévision, mort ou mutation ?

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14 mai 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | La télévision, mort ou mutation ?

La télévision, mort ou mutation ?

Temps de lecture : 4 minutes

La télévision se meurt-elle ? Les derniers chiffres des audiences du petit écran sont en baisse et s’inscrivent dans un mouvement de fond… Mais, plus qu’une fin de règne, ce changement s’apparente à une mutation des modes de consommation de l’information, des médias et de la culture numérique.

La con­som­ma­tion de télévi­sion canal his­torique dimin­ue. En avril, en pleine élec­tion prési­den­tielle, la télévi­sion linéaire (terme util­isé pour la télé « clas­sique ») était de 3h27 en moyenne par jour soit une baisse de 32 min­utes par rap­port à 2021. Une chute éton­nante, alors que tous les voy­ants sont au vert pour faire de l’audience avec l’élection prési­den­tielle et la guerre en Ukraine. Après des audi­ences excep­tion­nelles pen­dant le con­fine­ment, c’est un peu un retour sur terre pour la télévi­sion même si les chiffres demeurent très flat­teurs. Ils tendraient néan­moins à baiss­er encore pour quelques années…

Les plus âgés ont toujours le réflexe télé

Dans son inter­ven­tion au Sénat le 28 jan­vi­er 2022, le prési­dent du direc­toire de M6 Nico­las de Tav­er­nost expli­quait que 68 % de l’audience de la télévi­sion était faite par les plus de 50 ans con­tre 50 % en 2010.

La ten­dance est claire et n’est pas dénuée d’intérêt pour quiconque étudie les ten­dances élec­torales de l’élection prési­den­tielle. La vic­toire d’Emmanuel Macron s’est faite grâce à une grande par­tie de la pop­u­la­tion de plus de 60 ans. L’influence de la télévi­sion a pu dimin­uer sur la pop­u­la­tion glob­ale mais elle con­stitue tou­jours un enjeu majeur pour quiconque veut s’adresser à ce seg­ment électoral.

Voir aus­si : Télévi­sion pas morte ! Les audi­ences en 2021

Moins de télé, plus d’écran : la multiplication des supports

Les chaînes de télévi­sions his­toriques se réor­gan­isent, diver­si­fient leurs sup­ports et ont large­ment investi le numérique sous des formes mul­ti­ples : créa­tion de plate­formes, util­i­sa­tion des réseaux soci­aux pour val­oris­er leurs pro­duits télés… La baisse de la con­som­ma­tion de la « télé de Papa » ne doit en rien laiss­er imag­in­er que les français ont délais­sé les écrans pour la lecture !

Ain­si, la baisse de la con­som­ma­tion de télévi­sion coïn­cide avec la hausse de con­som­ma­tion d’écran.

La télévi­sion, com­pris sous le sens l’écran qui trône dans le salon, reste ain­si allumée pour regarder Net­flix ou une autre plate­forme mais délaisse un peu les chaînes clas­siques. Une enquête de 2021 évo­quait 56 heures heb­do­madaires passées devant les écrans par les français, tous écrans con­fon­dus et tra­vail inclus, soit, 122 jours par ans et plus de 25 ans à l’échelle d’une vie.

Les plate­formes, qui ont pris en main les pro­grammes de type ciné­ma par­ticipent désor­mais large­ment de cette indus­trie et s’attaquent au secteur sportif, finis­sant de faire des divers­es dis­ci­plines des spec­ta­cles de type « super Ball » à l’américaine.

Vers une fragmentation des modes de consommation

L’hégémonie de tel ou tel acteur de la télé sem­ble révolue. De la même manière que Face­book a dû partager la part du gâteau des réseaux soci­aux, il sem­blerait surtout qu’aujourd’hui la ten­dance soit à un découpage par seg­ments des moyens de diffusion.

Sché­ma­tique­ment : les plus âgés sont util­isa­teurs de la télévi­sion, les trente­naires et jeunes quar­an­te­naires se sont habitués à Face­book quand les nou­velles généra­tions se sont plus tournées vers Insta­gram ou Tik Tok. Ce con­stat n’empêche bien sûr pas l’usage de plusieurs plate­formes par cer­tains util­isa­teurs ou l’usage de réseaux soci­aux « éti­quetés » jeunes par des plus âgés ni la con­som­ma­tion du petit écran par les plus jeunes.

L’idée générale n’en demeure pas moins que l’on pour­rait affirmer « donne-moi ton âge, je te dirai ton réseau ». Cette diver­sité des sup­ports a pour con­séquence une per­cep­tion aus­si diverse de l’information notam­ment dans sa hiérar­chi­sa­tion. Quant à la diver­sité des con­tenus et des opin­ions, elle sem­ble plutôt ren­for­cée de l’éclatement des sup­ports. 

Un plafond de verre ?

Si les chiffres de la télévi­sion con­tin­ueront nor­male­ment de baiss­er pen­dant quelques années, la télévi­sion linéaire demeure la plate­forme de référence. Ses con­tenus, dopés par des pro­duc­tions dis­posant de moyens financiers exor­bi­tants, ali­mentent les réseaux soci­aux plus que les réseaux soci­aux n’alimentent la télévision.

Avec le temps, la baisse pour­rait être par ailleurs con­tenue par une las­si­tude des réseaux en tout genre. En effet, les réseaux soci­aux exis­tent par l’interaction et le pub­lic âgé de demain qui utilise ces réseaux aujourd’hui n’aura pas néces­saire­ment envie d’être act­if sur ces sup­ports. Demeu­rant encore au cen­tre du dis­posi­tif média, la télévi­sion devrait encore avoir de beaux jours devant elle, surtout avec l’allongement de la durée de vie !