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Le cinéma lave plus racisé

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4 mai 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Le cinéma lave plus racisé

Temps de lecture : 3 minutes

La culture de l’effacement européen ne sévit pas que dans les médias, comme le montre l’exemple du cinéma. Le whitewashing, littéralement « blanchir à la chaux » en anglais, est un concept inventé et importé des États-Unis. Ce terme « novateur » décrit le fait pour un acteur blanc de jouer le rôle d’un personnage dit « racisé », c’est-à-dire noir, asiatique ou encore maghrébin.

De Buzzfeed à Allociné

Que ce soit la presse cinéphile, les médias d’infodivertissement ou même des rédac­tions renom­mées, le con­cept du white­wash­ing a envahi le paysage médi­a­tique de log­or­rhées antiracistes, décolo­niales et autres idéolo­gies issues de la repen­tance. Ain­si, on assiste depuis 2015 à un flo­rilège d’articles tels que « 18 exem­ples de «white­wash­ing» au ciné­ma » (Buzzfeed) ou encore « White­wash­ing à Hol­ly­wood : 14 exem­ples édi­fi­ants pour com­pren­dre ! » (Allociné).

Les Césars aussi

La ques­tion de la diver­sité dans les films et séries revient régulière­ment sur le devant de la scène. Le comé­di­en Jean-Pas­cal Zadi, meilleur espoir (noir) mas­culin au César 2021 pour son film Tout sim­ple­ment noir, a ain­si remer­cié dans son dis­cours plus que ban­cal : les comé­di­ens et comé­di­ennes noires qui l’ont précédé. Certes, beau­coup de rôles de per­son­nages non-européens ont été joués par des acteurs blancs, il ne s’agit pas de nier une évi­dence. Par exem­ple, Édouard Baer, acteur blanc, joue le rôle d’un égyp­tien (Otis) dans Astérix et Obélix : Mis­sion Cléopâtre.

Pour France Info, l’origine du white­wash­ing se trou­verait dans la pra­tique de la black­face, con­sis­tant pour un blanc à se grimer en noir pour jouer le rôle d’un per­son­nage noir. Cette pra­tique remon­terait au XVIIe siècle.

Le white­wash­ing est accusé de deux maux : réécrire l’histoire, en ne respec­tant pas l’ethnie his­torique du per­son­nage, et met­tre sous le bois­seau des acteurs non-blancs, en les can­ton­nant à des sec­onds rôles. En d’autres ter­mes, le white­wash­ing serait l’incarnation même du racisme sys­témique qui rongerait nos sociétés occi­den­tales. Dénon­cer le white­wash­ing, c’est dénon­cer le fameux « priv­ilège blanc ».

Arsène Lupin était noir ? Bien sûr !

Mais qu’en est-il du black­wash­ing ? C’est à dire, lorsqu’un per­son­nage blanc est joué par un acteur noir. Là aus­si, les exem­ples ne man­quent pas. Ain­si, dans la série Lupin (2021) de Net­flix, Omar Sy joue le rôle d’Arsène Lupin, gen­tle­man français (et bien blanc) qui évolue dans la France de la Belle Époque. Ou encore Jodie Turn­er-Smith, actrice bri­tan­nique noire inter­pré­tant le rôle d’Anne Boleyn, épouse d’Henri VIII d’Angleterre. Et on par­le d’un Africain pour jouer Achille dans l’Iliade, pau­vre Homère…

Ce black­wash­ing a‑t-il autant mau­vaise presse que le white­wash­ing ? Non, car il vise à apporter de la « diver­sité ». Il s’inscrit dans la cul­ture woke, qui souhaite met­tre en lumière les « injus­tices » subies à cause de la couleur de peau, mais pas de toutes les couleurs.

Le site Slate dénonçant les « cas de white­wash­ing », le 15 mars 2020, va jusqu’à affirmer que « Le black­wash­ing n’ex­iste pas », le sous-titre pré­cisant « Le white­wash­ing existe bel et bien mais il n’y a pas de symétrie qui tienne. ».

Le ciné­ma est ain­si devenu une véri­ta­ble machine de pro­pa­gande pour l’idéologie antiraciste et décolo­niale. Le white­wash­ing : c’est mal et raciste, mais le black­wash­ing, c’est bien et inclusif. Fer­mez le ban.

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