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Ivan Golounov, journaliste russe, emprisonné et libéré illico

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13 juin 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Ivan Golounov, journaliste russe, emprisonné et libéré illico

Temps de lecture : 3 minutes

Il n’est pas toujours facile d’être journaliste entre pressions économiques, pressions politiques, pressions du milieu, sans doute encore moins en Russie qu’ailleurs, même si la réalité éditoriale est plus contrastée que la doxa ne le dit. L’aventure d’Ivan Golounov, journaliste indépendant, travaillant pour le site Meduza installé en Lettonie et spécialiste des enquêtes sur la corruption à Moscou est révélatrice.

Acte I. L’accusation

Le 6 juin 2019, Ivan Golounov, 36 ans est arrêté pour « traf­ic de drogue ». Les policiers déclar­ent avoir trou­vé dans son sac à dos qua­tre grammes d’une drogue de syn­thèse et à son domi­cile un dis­posi­tif arti­sanal de fab­ri­ca­tion. Les médias soupçon­nent une affaire mon­tée de toutes pièces. Le lende­main plusieurs jour­nal­istes qui protes­taient avec des pan­car­tes con­tre son incar­céra­tion sont embar­qués dans un four­gon de la police et libérés quelques heures plus tard. Deux jours plus tard Gol­unov reçoit la vis­ite d’un des con­seillers du Krem­lin et il est hos­pi­tal­isé. Le même jour un tri­bunal l’assigne à rési­dence à son domi­cile, pour deux mois et sous bracelet électronique.

Le lun­di 10 juin trois quo­ti­di­ens russ­es, Kom­m­er­sant, Vedomisti, RBK pub­lient une tri­bune com­mune en pre­mière page pour soutenir le jour­nal­iste. La tri­bune s’intitule « Je suis, nous sommes Ivan Golounov ». L’affaire prend de l’ampleur.

Acte II. La libération

Coup de théâtre le 11 juin, le min­istre de l’Intérieur russe, Vladimir Kolokolt­sev déclare levé l’acte d’accusation faute de preuves et annonce la libéra­tion de Golounov de son assig­na­tion à rési­dence. Comme dans un film polici­er clas­sique, les agents de la police russe sont soupçon­nés d’avoir intro­duit eux-mêmes les preuves per­me­t­tant la mise en accu­sa­tion. La prési­dente du Sénat russe Valenti­na Matvienko par­le « soit d’une bavure, soit d’une provo­ca­tion ». L’opposant Alex­eï Naval­ny souligne que Golounov tra­vail­lait sur les liens mafieux des pom­pes funèbres de Moscou où la famille du maire Ser­gueï Sobya­nine serait impliquée.

Les avo­cats soulig­nent qu’aucune drogue n’avait été décelée dans le sang du jour­nal­iste et que ses empreintes ne fig­u­raient pas sur les sachets soit-dis­ant trou­vés dans son sac à dos et à son domi­cile. Dans la foulée les enquê­teurs ayant accusé Golounov sont mis à pied par la police des polices russe, le temps d’éclaircir l’affaire. Et deux têtes tombent : celles du général Poutchkov, respon­s­able de l’ouest de Moscou et du général Devi­atkine respon­s­able de la lutte con­tre la drogue dans la cap­i­tale russe. Golounov et Meduza ont annon­cé qu’ils reprendraient leurs inves­ti­ga­tions sur le marché des pom­pes funèbres à Moscou, une enquête à laque­lle ne pour­ront plus s’opposer les com­man­di­taires d’une ten­ta­tive de les réduire au silence qui a échoué.

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