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8 mai 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Ingérables journalistes ?

Temps de lecture : 3 minutes

Libération, Le Monde et Le Courrier picard (80) sont les derniers exemples en date de la difficulté des entreprises de presse à gérer leurs troupes en temps de crise. Il s’agit de trois exemples saisissants d’une profession journalistique rongée par deux maux principaux.

Pri­mo, son manque d’adap­ta­tion et de sou­p­lesse vis-à-vis du monde qui l’en­toure (et dont elle est cen­sée racon­ter et décrypter l’évo­lu­tion) est sou­vent fla­grant. Cer­tains par­leront même d’ar­chaïsme. Secun­do, son cor­po­ratisme se véri­fie régulière­ment. Par­mi d’autres reproches, ces défauts, pointés du doigt par le sondage annuel de La Croix sur la crédi­bil­ité des médias (63% des Français n’ont pas con­fi­ance en eux), ne sem­blent pas prêts d’être gommés.

L’ex­em­ple du quo­ti­di­en de gauche Libéra­tion est un cas d’é­cole. Si la rédac­tion est évidem­ment fondée à douter de la sur­face finan­cière de son action­naire de référence, Bruno Ledoux, elle le pilonne sur l’ensem­ble de son pro­jet de relance. La Planète Libé, qui agrégerait autour du jour­nal et de sa mar­que très forte un cen­tre cul­turel, un restau­rant, un réseau social, une télévi­sion, n’a pas l’heur de plaire aux rédac­teurs. Ils martè­lent quo­ti­di­en­nement dans les colonnes du titre (aux frais de leur employeur) qu’ils sont des jour­nal­istes et rien d’autres. Cet écosys­tème n’a pour­tant rien d’o­rig­i­nal et encore moins de révo­lu­tion­naire. Il existe au Roy­aume uni, en Espagne et en Alle­magne notam­ment. Il a ain­si per­mis au Guardian, à El Païs et au Tageszeitung (TAZ) de sor­tir la tête de l’eau. Faute de recettes alter­na­tives de diver­si­fi­ca­tion, Libéra­tion lui plonge avec une baisse de sa dif­fu­sion de 15% (DSH OJD 2013 : 104 329 exem­plaires) et des pertes de deux mil­lions d’eu­ros en 2013.

Le Monde con­naît sa plus grave crise depuis le rachat du groupe en novem­bre 2010 par le trio Bergé-Niel-Pigasse, avec la démis­sion en bloc de sa rédac­tion en chef le 6 mai. Si les griefs de défaut de man­age­ment, et de manque de vision et de lead­er­ship de la direc­trice du jour­nal, Natal­ie Nougayrède, sont mis en avant, c’est en pre­mier le plan de mobil­ité interne de 57 postes qui a mis le feu aux poudres. Con­sid­éré par les syn­di­cats comme un guichet de départs déguisé, cette réor­gan­i­sa­tion, annon­cée en mars et évidem­ment tournée vers un ren­force­ment du numérique, fait peur aux jour­nal­istes du Monde. Et pour cause. Ils sont encore très majori­taire­ment tournés vers le quo­ti­di­en papi­er, qui a per­du 4,6% de sa dif­fu­sion en 2013 et est passé sous la barre des 300 000 exemplaires.

Le blocage au Cour­ri­er picard depuis le 5 mai, est quant à lui sym­bol­ique du cor­po­ratisme ambiant. Il fait fi des ques­tions de hiérar­chie. Après le licen­ciement pour faute grave du chef d’édi­tion de l’a­gence de Beau­vais, 90% des quelques 80 jour­nal­istes du quo­ti­di­en du groupe Voix du Nord se sont mis en grève. Tout en recon­nais­sant la faute du cadre (il a injurié des mem­bres du CHSCT), ils deman­dent sa réintégration.

Per­suadés (sou­vent à rai­son) d’être des garde-fous indis­pens­ables de la démoc­ra­tie, et d’être donc intouch­ables, les jour­nal­istes de presse écrite sem­blent jouer un jeu sui­cidaire. L’ex­em­ple du quo­ti­di­en La Tri­bune, pur web depuis 2012, avec à la clé la sup­pres­sion de plus de deux tiers des effec­tifs, devrait pour­tant les pouss­er à réfléchir. France soir, qui employ­ait encore une cen­taine de rédac­teurs au milieu des années 2000, a lui pure­ment et sim­ple­ment arrêté de paraître en 2013, en for­mat papi­er puis digital.

Crédit pho­to : alain­bachel­li­er via Flickr (cc)

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