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Pourquoi les journalistes quittent-ils la profession ?

17 octobre 2021

Temps de lecture : 2 minutes
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Pourquoi les journalistes quittent-ils la profession ?

Temps de lecture : 2 minutes

Le journalisme est en crise, propos de café du commerce ou bien réflexion de fond ? Mutations, émergence du numérique, accélération de l’information, une enquête de Jean-Marie Charon, spécialiste reconnu des médias apporte des éléments de réponse.

Les journalistes en France

34.812 jour­nal­istes tit­u­laires de la carte de presse en France en 2020, soit 10% de moins qu’en 2009. Sans compter les quelques mil­liers qui exer­cent la pro­fes­sion sans la carte. Une par­ité à peu près par­faite (48,5% de femmes), un statut pré­caire (pigistes, auto-entre­pre­neurs, chômeurs) en aug­men­ta­tion, une bonne for­ma­tion en moyenne, le cinquième a suivi une des 14 for­ma­tions recon­nues par l’État.

Pourquoi quittent-ils le métier ?

Au tra­vers de 55 entre­tiens au long cours par mails, Jean-Marie Charon et Adéno­ra Pige­o­lat cer­nent en pro­fondeur les caus­es du malaise et les mêmes mots revi­en­nent : désen­chante­ment (sou­vent après une voca­tion pré­coce), perte de sens (« le méti­er me dégoûte »), mod­èle économique incertain.

Le statut des pigistes est élo­quent, si un quart d’entre eux gagne con­ven­able­ment sa vie, 22% gag­nent moins de 1027 € par mois et plus de la moitié sont autour du SMIC ou un peu plus. Bien peu pour cinq ans d’étude et sou­vent une cinquan­taine d’heures de tra­vail hebdomadaire.

Plus avec moins

Les rédac­tions lim­i­tent leurs effec­tifs, recourent à l’emploi pré­caire, priv­ilégient le « jour­nal­isme d’ordinateur » au reportage ou à l’enquête, accélèrent les rythmes de tra­vail à tra­vers le numérique qui demande une per­ma­nence du traite­ment de l’actualité.

Sur­charge de tra­vail, plac­ardi­s­a­tion, épuise­ment pro­fes­sion­nel, mènent à une sorte de con­formisme et à l’essouflement. La solu­tion est alors de quit­ter le méti­er. Où aller ? Les plus jeunes repren­nent leurs études, cer­tains font des bilans de com­pé­tences, la majorité se dirige naturelle­ment vers l’enseignement ou la com­mu­ni­ca­tion. Sur ce dernier point, remar­quons que la fron­tière entre jour­nal­isme et com­mu­ni­ca­tion tend à s’estomper.

Sans con­clure en rien à la fin du jour­nal­isme et des jour­nal­istes, l’ouvrage analyse ces départs comme un révéla­teur des trans­for­ma­tions et des ten­sions qui tra­versent la pro­fes­sion. Le désen­chante­ment touche tous les âges, sans oubli­er qu’une car­rière de jour­nal­iste est en moyenne assez courte, de l’ordre d’une quin­zaine d’années.

Hier jour­nal­istes, ils ont quit­té la pro­fes­sion, Jean-Marie Charon et Adéno­ra Pige­o­lat, Entrem­is­es édi­tions, 2021, 123 p., 7,95 €.

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