Tout juste sorti d’une procédure en diffamation annulée en Bretagne, Erik Tegnér, dynamique directeur du média Frontières et chroniqueur TV, est à nouveau ciblé.
Après une séquence sur CNews, Yaël Braun-Pivet évoque des « clichés antisémites » et SOS Racisme saisit l’ARCOM. Le cas relance le débat sur la responsabilité éditoriale, alors même que Frontières revendique une ligne nettement pro-israélienne.
Première audience annulée
Le 1er octobre, une audience pour diffamation engagée contre Frontières à Rennes avait été annulée par le tribunal, mettant fin, à ce stade, à une des procédures visant Erik Tegnér et son média. Quelques jours plus tard, une phrase lâchée en plateau sur CNews déclenche un signalement de SOS Racisme et une prise de position de la présidente de l’Assemblée nationale.
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De l’annulation d’audience à la saisine de l’ARCOM
Dans le dossier rennais, le tribunal a annulé l’audience sans jugement au fond. Ce contexte judiciaire apaisé a été immédiatement éclipsé par la polémique née d’une émission de CNews du 16 octobre, où Tegnér associait « l’Argent roi », ouvrage signé par Alain Minc, et « L’Homme nomade », livre de Jacques Attali, pour définir le « macronisme ». SOS Racisme a saisi l’ARCOM et CNews a retiré l’extrait.
Frontières, un média résolument pro-israélien, et une attaque indirecte contre CNews
Sur le fond, Frontières se positionne de longue date de manière très favorable à Israël. Erik Tegnér multiplie interventions et formats soutenant l’État hébreu et dénonçant l’islamisme.
Une partie de la presse communautaire a dénoncé les menaces et agressions visant le journaliste, rappelant ce positionnement pro-israélien constant. Ces éléments contredisent l’idée d’une ligne « antijuive » et situent plutôt Frontières dans une grille de lecture géopolitique résolument favorable au pouvoir en place en Israël.
La querelle judiciaire devrait porter moins sur l’intention que sur l’interprétation de la formule et le devoir de cadrage en direct. L’occasion surtout pour ses détracteurs de s’en prendre à CNews plus qu’au média Frontières. La séquence illustre, au-delà du climat de tension et de suspicions permanentes sur ce sujet, des divergences au sein des communautés juives en France.
Un contexte de polarisation communautaire
Si l’accusation d’antisémitisme ne peut pas tenir ni pour CNews ni pour Frontières qui sont des soutiens que l’on pourrait qualifier d’intégraux de Tel Aviv, c’est plus une guerre de tranchées communautaires qui s’opère ici. Ainsi, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s’indigne tout comme l’essayiste Raphaël Einthoven tandis que l’avocat Gilles-William Goldnadel ou même le journal Tribune juive prennent résolument le parti de défendre Erik Tegnér. Ce média a ainsi publié un article intitulé : « De Dreyfus à Tegnér : le théâtre permanent de l’antifascisme », dans lequel il met en cause une lecture qui serait antisémite des propos du journaliste.
Dans un contexte médiatique et politique tendu, alors que CNews a indéfectiblement apporté son soutien au gouvernement de Netanyahou, cette affaire illustre qu’en dépit de tous les gages donnés, personne n’est à l’abri d’une accusation infamante inventée de toutes pièces. Surtout concernant un média de droite.
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Rodolphe Chalamel
















