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Comment Richard Heuzé correspondant de Libération à Rome lynche Matteo Salvini

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23 décembre 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Comment Richard Heuzé correspondant de Libération à Rome lynche Matteo Salvini

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 07/09/2018 — L’Observatoire du jour­nal­isme (Ojim) se met au régime de Noël jusqu’au 5 jan­vi­er 2019. Pen­dant cette péri­ode nous avons sélec­tion­né pour les 26 arti­cles de la ren­trée qui nous ont sem­blé les plus per­ti­nents. Bonne lec­ture, n’oubliez pas le petit cochon de l’Ojim pour nous soutenir et bonnes fêtes à tous. Claude Chol­let, Président

Précisons tout de suite, Richard Heuzé est le correspondant officiel du Figaro à Rome et non de Libération. Ses écrits pourraient pourtant paraître en bonne place dans le quotidien du groupe Drahi. L’Express (l’hebdomadaire du groupe Drahi) a consacré sa une et un dossier à Salvini, nouvel homme fort de l’Italie, dossier que nous avons analysé ici. En une phrase, à travers Salvini c’est Mussolini qui est de retour. Une interprétation à charge, reprise et développée par le Sieur Heuzé dans le Figaro du samedi 1er septembre 2018, sous le titre Une popularité « d’homme fort » dopée par la question des migrants. Visite guidée.

Un peu d’analyse sémantique

L’analyse du vocab­u­laire d’un arti­cle est sou­vent révéla­trice de l’angle sous lequel un rédac­teur souhaite traiter un quel­conque sujet. Nous extrayons – pour l’édification du lecteur du Figaro qui par­fois lit un peu rapi­de­ment – quelques expres­sions employées par l’aimable Richard autour de la per­son­nal­ité, des atti­tudes et de la poli­tique de Mat­teo Salvi­ni (tous les mots en italiques sont des citations) :

  • Dia­tribe (con­tre les mag­is­trats qui ont inculpé Salvi­ni pour séques­tra­tion d’immigrés blo­qués sur son ordre par les garde-côtes italiens).
  • Pop­u­lar­ité forgée à la hache (fac­teur aggra­vant sur le thème dom­i­nant « les ital­iens d’abord »)
  • Cam­pagne démagogique
  • Rare vio­lence verbale
  • Sub­strat pro­toraciste latent dans la société (cita­tion du pro­fesseur d’extrême gauche Michele – et non Michel – Storice, mem­bre du think tank Inno­vazione demo­c­ra­t­i­ca qui prône l’Open soci­ety chère à George Soros et lié au think tank anglais Open Democ­ra­cy lui aus­si lié à Soros)
  • Grossir les faits, les déformer, son­ner l’alarme
  • Sim­pli­fi­ant et drama­ti­sant les enjeux à outrance
  • Répan­dre la haine con­tre l’immigré
  • Au besoin, il utilise le men­songe, le fake news
  • Torse nu sur la place, comme autre­fois le Duce (sic !)
  • Affir­ma­tions clivantes
  • Net­toy­age de masse de l’Italie
  • Sché­ma­ti­sa­tion des thèmes les plus com­plex­es (cita­tion d’un autre pro­fesseur de gauche Mas­si­m­il­iano Pana­nari col­lab­o­ra­teur de Demo­c­ra­t­i­ca, le site d’information du PD, le pre­mier par­ti de gauche en Ital­ie, en pleine décon­fi­ture élec­torale et en crise d’identité)

Malheureux Richard

Plaignons Richard au milieu de tant d’immondices. Son devoir l’oblige à fouiller avec répug­nance de sa plume dans l’ordure. Avec un homme poli­tique qui veut « iden­ti­fi­er un enne­mi… ce sera l’immigré, le dif­férent qu’il faut faire pass­er pour une men­ace », car – les ital­iens qui sont aveu­gles devraient le voir, il n’y a qu’une « pré­ten­due inva­sion ». Et ces électeurs qui suiv­ent ! « issus des class­es pop­u­laires ou de la petite bour­geoisie », ils admirent « les bains de foule à répéti­tion », ils envoient 100000 tweets de sol­i­dar­ité avec le mon­stre attaqué par les mag­is­trats. #Nes­suno­Toc­chiSalvi­ni (#Per­sonneNe­Touch­eSalvi­ni). Pour­tant sa pop­u­lar­ité d’« homme fort » (c’est le cama­rade Richard qui met les guillemets dans son titre, sig­nifi­ant qu’il n’est pas si fort que ça, sinon par ses excès, ses men­songes et ses bains de foule demi-nu sur les plages), le met en place de favori pour les élec­tions régionales de l’automne en Ital­ie et les européennes de 2019.

Voici un arti­cle qui sera étudié dans les écoles de jour­nal­isme. À titre de con­tre-exem­ple bien enten­du et d’étude de cas d’anti-journalisme. Il est bien rare de voir tant de bile acide, de remon­tées gas­triques aigres, de ren­vois stom­acaux, d’œsophagite irritée dans un papi­er aus­si bref, tour­nant au lyn­chage. Le bruit court (?) que le poste de cor­re­spon­dant à Rome de Libéra­tion pour­rait se libér­er. L’ami Richard pos­tulera-t-il ? Ou bien (son niveau en ital­ien doit le per­me­t­tre) un petit poste de rédac­teur à Demo­c­ra­t­i­ca, du PD ital­ien, il en a toutes les com­pé­tences. Souhaitons lui bonne chance. Forza Richard !