Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Celsa, dans le temple parfois libéral (et parfois libéral libertaire aussi) de l’information

17 août 2023

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Celsa, dans le temple parfois libéral (et parfois libéral libertaire aussi) de l’information

Celsa, dans le temple parfois libéral (et parfois libéral libertaire aussi) de l’information

17 août 2023

Temps de lecture : 5 minutes

Vous allez lire un article gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien. Claude Chollet

Pre­mière dif­fu­sion le 8 juin 2023

Établissement renommé internationalement, reconnu par la Conférence des Grandes Écoles (CGE), le Celsa est « l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication ». Créée en 1957 à l’initiative d’universitaires et de chefs d’entreprises, elle est aujourd’hui intégrée à Sorbonne Université.

S’adres­sant aux étu­di­ants (for­ma­tion ini­tiale et appren­tis­sage) comme aux pro­fes­sion­nels (for­ma­tion con­tin­ue), elle dis­pense des for­ma­tions en jour­nal­isme, com­mu­ni­ca­tion, mar­ket­ing, pub­lic­ité, médias, ressources humaines, et délivre les diplômes de Licence, Mas­ter, Doc­tor­at, Mag­istère et MBA. En son sein, l’école de jour­nal­isme a été fondée en 1979 et recon­nue par la pro­fes­sion dès 1981.

Un projet « libéral et humaniste »

Se voulant en adéqua­tion étroite avec le monde pro­fes­sion­nel et à la pointe des nou­velles tech­nolo­gies, le Cel­sa souhaite être une « passerelle » et un « lieu de ren­con­tres » entre les dif­férents acteurs du monde de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion. Se félic­i­tant d’accueillir un pub­lic diver­si­fié (ce qui ne saute toute­fois pas aux yeux si l’on en croit le témoignage d’anciens élèves) et de favoris­er l’ouverture et la mobil­ité inter­na­tionale, l’école affirme être por­teuse d’un pro­jet « libéral et humaniste ».

Un human­isme qui n’exclut pas l’élitisme, le con­cours d’entrée étant con­sid­éré comme très sélec­tif (env­i­ron une trentaine d’admission pour près de 1000 can­di­dats). Par­mi les heureux élus ayant fréquen­té l’établissement, on peut citer Christophe Beau­grand, Frédéric Beigbed­er, Sidonie Bon­nec, Pas­cale Clark, Bernard de La Vil­lardière, Anne-Élis­a­beth Lemoine, ou Del­phine Horvilleur… Un car­net d’adresses qui est l’une des richess­es et des forces de l’école, le « réseau » étant fon­da­men­tal pour la car­rière des futurs jour­nal­istes (l’association des « anciens et amis du Cel­sa » — Cel­sa Alu­mi­ni — compte plus de 10 000 adhérents).

Le témoignage de Stéphanie (le prénom a été changé)

L’aspect libéral quant à lui, selon l’ancienne élève Stéphanie B., se con­cré­tise par une rel­a­tive « neu­tral­ité » des enseignements.

« Je n’ai jamais vrai­ment ressen­ti, au cours de mon cur­sus, de pres­sion idéologique ou poli­tique. Bien sûr il y a une sorte de doxa dom­i­nante, mais elle est plutôt libérale. On baigne dans l’air du temps et il ne faut pas dépass­er les lim­ites de la « bien­séance » poli­tique­ment cor­recte mais le gauchisme et le wok­isme sont sen­si­ble­ment moins omniprésents qu’à la fac de let­tres que j’ai égale­ment fréquen­tée… Au Cel­sa, on peut lire le Figaro sans recevoir des cail­loux… Bon, il ne faut pas non plus aller beau­coup plus à droite… Mais tant que l’on ne remet pas en cause les dogmes du libéral­isme, tout va bien…» explique-t-elle.

Une option « libérale » que con­firme le pro­fil des enseignants asso­ciés en charge actuelle­ment de la for­ma­tion en jour­nal­isme : Arnaud Le Gal, rédac­teur en chef des Échos, Alain Guille­moles, chef de rubrique La Croix et Ivan Vale­rio, rédac­teur en chef de BFMTV.com. Mais d’autres pro­fils de pro­fesseurs sont plus con­formes à ce qui se fait dans la plu­part des écoles de jour­nal­isme, comme le note un autre témoignage.

Et celui d’Étienne (le prénom a été changé)

Celui-ci fait part d’une neu­tral­ité toute rel­a­tive. Sur une trentaine d’élèves de sa pro­mo­tion, deux peu­vent être classés à droite, un au cen­tre, tous les autres sont de gauche et d’extrême gauche, ce qui révèle un tro­pisme cer­tain dans le recrute­ment. Le pro­fesseur de pho­togra­phie offi­cie à Libéra­tion, un autre pro­fesseur qui écrit dans Le Monde fait preuve d’une déon­tolo­gie curieuse, soulig­nant, nous citons, « être jour­nal­iste c’est pas dire ce qu’on voit, c’est dire ce qu’on veut », on a du mal à recon­naître la charte de Munich. Si le pro­fil idéologique des pro­fesseurs est mixte, mais plutôt quand même du côté libéral lib­er­taire, la ges­tion des ressources humaines est du style néo-libéral le plus clas­sique si l’on en croit la crise des vacataires qui a sec­oué l’établissement en 2019.

En 2019, la crise des vacataires

En effet, à cette date, les vacataires du Cel­sa ont men­acé de ne pas com­mu­ni­quer les notes des épreuves de con­cours d’entrée qu’ils avaient cor­rigées, récla­mant un engage­ment écrit et ferme de la direc­tion sur le paiement réguli­er des vaca­tions. Ce mou­ve­ment de grogne révélait alors la grande pré­car­ité des con­di­tions de paiement des vacataires qui devaient par­fois atten­dre plus d’un an avant de touch­er leur rémunération.

Selon Corinne Lel­louche, vacataire au Cel­sa depuis 2006, cer­tains vacataires étaient à cette époque au RSA et tra­vail­laient sans bul­letin de salaire pen­dant des mois. Le pro­fil des vacataires a en effet pro­fondé­ment évolué au cours des années. « À l’origine, les vacataires étaient de gens avec de bonnes sit­u­a­tions qui fai­saient cela en plus de leur activ­ité prin­ci­pale. Ce n’est plus le cas. Les nou­veaux vacataires du Cel­sa ne sont plus des jour­nal­istes ou des com­mu­ni­cants en poste. Ce sont des jeunes pré­caires qui mul­ti­plient les activ­ités et ont besoin d’attestation d’emploi et de bul­letins de salaire pour pou­voir faire val­oir leur droits au chô­mage auprès de Pôle emploi. » explique Madame Lel­louche. Au moment de la crise, le Cel­sa comp­tait 600 vacataires pour 120 tit­u­laires, dont les per­son­nels admin­is­trat­ifs, révélant un dévoiement d’un statut sen­sé servir à combler des besoins ponctuels. À la suite de leur protes­ta­tion, les vacataires ont finale­ment obtenu d’être payés tous les deux mois.

Jouis­sant d’une répu­ta­tion nationale et inter­na­tionale (plus 400 accords avec des uni­ver­sités et des écoles étrangères), l’école de Jour­nal­isme du Cel­sa s’est imposée comme une des références dans son secteur. En 2022, 88 % de ses étu­di­ants ont trou­vé un poste moins de 2 mois après la fin de leur for­ma­tion. Sa qua­si-gra­tu­ité (le coût de sco­lar­ité est lim­ité aux frais d’inscriptions uni­ver­si­taires) lui donne une image un peu moins sociale­ment corsetée que celle de ses con­sœurs. Pour l’enseignement, suiv­ant les cours on retrou­vera un peu plus de neu­tral­ité qu’ailleurs ou le clas­sique mélange libéral lib­er­taire à la sauce progressiste.

Voir aussi

Cet article GRATUIT vous a plu ?

Il a pourtant un coût : 50 € en moyenne. Il faut compter 100 € pour un portrait, 400 € pour une infographie, 600 € pour une vidéo. Nous dépendons de nos lecteurs, soutenez-nous !

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés