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Bastien Chalureau devant les médias, le quart d’heure de la haine

20 septembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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Bastien Chalureau devant les médias, le quart d’heure de la haine

Temps de lecture : 5 minutes

Nous sommes en pleine coupe du monde de rugby, superbement commencée par l’équipe de France face à la Nouvelle Zélande, un peu à la peine ensuite. Comme le rythme des chaînes d’information en continu est frénétique, elles doivent, pour subsister, trouver une information afin de la passer et la repasser à la moulinette avant de passer à la suivante. Pendant quelques jours ce fut Bastien Chalureau, un rugbyman récemment appelé dans le XV de France pour y jouer la coupe du monde, qui a été dans l’œil du cyclone médiatique et a fait l’objet d’un procès en sorcellerie digne de 1984 de George Orwell.

La France Insoumise dénonce un rugbyman

L’affaire a été ébruitée par Thomas Portes, député La France insoumise. En 2020, Bastien Chalureau, un peu éméché, aurait physique­ment et ver­bale­ment agressé deux per­son­nes en sor­tie de boite de nuit en les alpaguant avec « ça va les boug­noules ? », ter­mes qu’il dément. Jugé pour cette affaire, Chalureau a été con­damné en pre­mière instance pour vio­lences racistes, À la suite de ce juge­ment, le joueur de l’équipe de France a fait appel, et un nou­veau juge­ment sera ren­du au mois de novem­bre 2023. Sur le plan juridique, Chalureau est donc pré­sumé inno­cent, son appel ayant « annulé » le pre­mier juge­ment. Cepen­dant, dans le tri­bunal médi­a­tique c’est la pré­somp­tion de cul­pa­bil­ité qui domine ; et même si Bastien Chalureau a recon­nu les vio­lences, mais pas les insultes racistes, cer­tains n’en ont cure. Afin d’éteindre la polémique, le joueur a tenu, le 4 sep­tem­bre 2023, une con­férence de presse où, en larmes, il a affir­mé ne pas être raciste. Hélas, il n’a pas été con­va­in­cant selon le tri­bunal médiatique.

Quart d’heure de la haine des médias de grand chemin

Dans 1984 de George Orwell, il existe un rit­uel. Le « quart d’heure de la haine » où le groupe déverse sa haine con­tre Gold­stein, incar­na­tion de l’ennemi. Nous avons pu assis­ter à une red­ite en direct de ce quart d’heure, ver­sion anti-raciste 2023.

Plusieurs extraits ont retenu notre atten­tion sur le traite­ment de cette affaire. Ils démon­trent la totale décon­nex­ion des réal­ités de la part de cer­tains jour­nal­istes. Sur le plateau de BFMTV on retrou­vait notam­ment Pablo Pil­laud-Vivien, le rédac­teur en chef de la revue Regards. Pour lui pas de doute, la sélec­tion de Chalureau est « dégueu­lasse », allant même jusqu’à par­ler de « larmes de croc­o­dile » lors de sa con­férence de presse. Il ter­mine en notant que le joueur « com­prend ce que c’est que d’être raciste en 2023 », sur un ton qui laisse voir le bon­heur que prend le jour­nal­iste à voir un Français de souche être passé sur le grill. La seule per­son­ne qui pose les faits et rap­pelle que le droit déclare pour l’instant Chalureau pré­sumé inno­cent, se prend une rafale de pon­cifs expli­quant que, de toute façon, le sim­ple fait qu’un joueur se bat­te le dis­qual­i­fie déjà de porter le mail­lot tri­col­ore. Une pos­ture ris­i­ble quand on con­naît un peu l’histoire du sport en général et du rug­by en par­ti­c­uli­er où les après-match sont par­fois plus vir­ils que le match lui-même.

Exemplarité à doses variables

Le grand débat qu’a amené cette polémique est celui de l’exemplarité. Un sportif ayant à porter le mail­lot tri­col­ore doit-il être exem­plaire ? Une ques­tion légitime au fond, mais qui souf­fre de ceux qui la posent. En effet, les mêmes qui aujourd’hui voient d’un mau­vais œil la venue en équipe de France de Chalureau applaud­is­saient le retour de Karim Ben­ze­ma chez les Bleus. Pour­tant, l’ancien attaquant madrilène avait déclaré jouer en France seule­ment pour le côté sportif. De telles déc­la­ra­tions sont-elles exem­plaires venant d’un homme qui doit représen­ter le foot­ball français ? Une autre ques­tion : est-il nor­mal que des médias nient la réal­ité juridique afin d’épingler un joueur pré­sumé inno­cent sur l’insistance d’un député de la France Insoumise qui cour­tise l’islamisme au quo­ti­di­en ? Bizarrement, peu de ques­tion­nements sont faits sur cette police de la pen­sée qui ne dit pas son nom.

Comme nous l’apercevons avec Pil­laud-Vivien, les larmes de Chalureau, que cer­tains croient simulées, ne l’excusent pas. C’est ce que titre un papi­er de Libéra­tion, par­lant de « polémique légitime » à pro­pos de cette affaire, un avis dis­cutable puisque Chalureau est pré­sumé inno­cent. L’article met ce cas en com­para­i­son avec celui de Mohamed Haouas, rug­by­man écarté du XV de France pour avoir été con­damné pour vio­lences con­ju­gales répétées. Cette com­para­i­son ne tient pas pour la sim­ple rai­son qu’Haouas n’a pas fait appel et qu’il n’est donc pas pré­sumé inno­cent, mais bien coupable. Par ailleurs, Mohamed Haouas a été con­damné à de la prison ferme, tan­dis que Chalureau n’avait été con­damné, en pre­mière instance, qu’à du sur­sis. Il y a dans cette com­para­i­son la volon­té d’accuser insi­dieuse­ment le monde du rug­by de racisme, un rug­by trop enrac­iné comme Bastien Chalureau, un nom trop fran­chouil­lard pour certains.

À titre d’illustration, un extrait de 1984 d’Orwell. O’Brien mem­bre du par­ti intérieur qui con­trôle la société, par­le à Win­ston con­sid­éré comme déviant et emprisonné :

« Nous ne détru­isons pas l’hérétique parce qu’il nous résiste. Tant qu’il nous résiste, nous ne le détru­isons pas, nous le con­ver­tis­sons. Nous cap­tons son âme, nous lui don­nons une autre forme. Nous lui enlevons et lui brûlons tout mal et toute illu­sion. Nous l’amenons à nous, pas seule­ment en apparence, mais réelle­ment, de cœur et d’âme. Avant de le tuer, nous en faisons un des nôtres. Il nous est intolérable qu’une pen­sée erronée puisse exis­ter dans le monde, quelque secrète et impuis­sante qu’elle puisse être. Nous ne pou­vons per­me­t­tre aucun écart, même à celui qui est sur le point de mourir…Nous, nous ren­dons le cerveau par­fait avant de le faire éclater »

Chalureau ? Un Win­ston de 2023.

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