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En Allemagne : Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur et antifa (1/2)

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16 février 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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En Allemagne : Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur et antifa (1/2)

Temps de lecture : 5 minutes

Ministre fédéral de l’Intérieur depuis les dernières élections, Nancy Faeser fait la une de la presse allemande et rejette toute critique au sujet de son implication avec l’extrême gauche.

Chef de file du par­ti social­iste (SPD) en Hesse, elle avait écrit en tant qu’in­vitée un arti­cle pour le mag­a­zine Antifa de lAsso­ci­a­tion des per­sé­cutés du régime nazi — Con­fédéra­tion des antifas­cistes (VVN-BdA), organ­isme d’ex­trême gauche. Selon Faeser, la « lutte con­tre le fas­cisme et l’ex­trémisme de droite, con­tre le racisme et les idéolo­gies eth­niques fait par­tie de « l’ADN poli­tique de mon par­ti ». Il faudrait se dress­er « con­tre les idées de droite, les men­aces de droite et la vio­lence de droite. Et cela sig­ni­fie tous les jours et en tout lieu ».

Une alliée antifa

Faeser con­sid­ère les cri­tiques comme une cam­pagne malé­fique con­tre elle. En revanche, elle ne dit mot sur la pierre d’a­choppe­ment : le VVN-BdA.

Et pour cause. Car, comme le mon­trent les recherch­es de Junge Fre­heit, elle savait per­tinem­ment à qui elle avait affaire lorsqu’elle a pub­lié son arti­cle, ayant, noir sur blanc, les infor­ma­tions req­ui­s­es sous la forme d’un imprimé du par­lement du Land de Hesse.

Le VVN-BdA  ayant per­du tem­po­raire­ment son statut d’or­gan­isme à but non lucratif en 2019, Faeser et son groupe par­lemen­taire se sont adressés au min­istère des Finances de Hesse à son son sujet. Faeser étant à l’époque à la tête du groupe par­lemen­taire, c’est son son nom qui fig­ure en pre­mier sur la demande. La réponse en juil­let 2020 fut claire :

« L’As­so­ci­a­tion des per­sé­cutés du régime nazi- Con­fédéra­tion des antifas­cistes (VVN-BdA) est éval­uée comme l’une des plus anci­ennes organ­i­sa­tions dans le domaine de l’an­tifas­cisme et l’Of­fice pour la pro­tec­tion de la Con­sti­tu­tion (LfV) du Land de Hesse la con­sid­ère comme influ­encée par des extrémistes de gauche ».

Ce qui n’a pas empêché Faeser, un an plus tard, de pren­dre la plume pour Antifa.

En août 2017, le député Wolf­gang Grei­flich avait demandé quelles man­i­fes­ta­tions impli­quant des groupes extrémistes de gauche étaient con­nues. Dans sa réponse de jan­vi­er 2018, le min­istère de l’In­térieur de Hesse don­na la liste de rassem­ble­ments, notam­ment 14 man­i­fes­ta­tions pour lesquelles le VVN-BdA était réper­torié comme « groupe d’ex­trême gauche », par­fois en asso­ci­a­tion avec des par­tis tels que le par­ti com­mu­niste (DKP) ou le par­ti marx­iste-lénin­iste (MLPD).

Si Faeser avait par ailleurs jeté un coup d’œil aux rap­ports annuels de l’Of­fice pour la pro­tec­tion de la Con­sti­tu­tion pen­dant son man­dat de chef du groupe par­lemen­taire social­iste au par­lement du Land de Hesse, elle aurait peut-être com­mencé à rumin­er au sujet du VVN-BdA ; dans le rap­port de 2018, l’Of­fice men­tionne l’or­gan­i­sa­tion dans le chapitre con­cer­nant l’ex­trémisme de gauche.

Par ailleurs, lors du con­grès du par­ti com­mu­niste, la prési­dente nationale du VVN-BdA a souligné « le lien étroit entre son organ­i­sa­tion et le DKP » aux côtés d’in­vités de Chine et de la République social­iste du Vietnam.

En mai 2020, le précé­dent gou­verne­ment fédéral répondait à une ini­tia­tive par­lemen­taire de la fac­tion de gauche sur le VVN-BdA, que les tri­bunaux admin­is­trat­ifs avaient « défini­tive­ment et légale­ment décidé » qu’il exis­tait des « liens sub­stantiels entre le VVN-BdA et des asso­ci­a­tions classées d’ex­trême gauche par les autorités fédérales et des Län­der (un Land est une entité géo­graphique et cul­turelle entre le départe­ment et la région, n.d.t.) pour la pro­tec­tion de la constitution ».

Revenons au numéro de juil­let 2021 d’Antifa, dans lequel l’ar­ti­cle de Faeser est paru. Il con­tient égale­ment un entre­tien sur le procès de Lina E., jeune femme de 26 ans dont le dossier est en cours d’in­struc­tion par le tri­bunal région­al supérieur de Dres­de, soupçon­née d’avoir for­mé une organ­i­sa­tion crim­inelle d’« idéolo­gie mil­i­tante d’ex­trême gauche » et com­mis con­join­te­ment des attaques vio­lentes con­tre des mem­bres de la scène d’ex­trême droite.

Antifa sug­gère que l’ar­resta­tion de Lina E. serait liée à « des struc­tures de droite décou­vertes dans la police et l’ar­mée ». L’in­ter­viewé pour­suit : « C’est comme ça : les struc­tures de l’É­tat font par­tie inté­grante de l’ex­trême droite. » L’au­to­pro­tec­tion antifas­ciste serait donc plus néces­saire que jamais « face à la men­ace des néon­azis et face à l’im­pli­ca­tion et l’i­n­ac­tion des autorités de l’É­tat ». Le VVN-BdA serait donc résol­u­ment opposé à des mesures telles que l’ar­resta­tion de la ter­ror­iste de gauche pré­sumée. Selon Antifa : « Le sché­ma est con­nu depuis longtemps : un scé­nario de men­ace est mis en place dans lequel de graves allé­ga­tions sont portées con­tre des gauchistes », est-il indiqué au sujet du procès con­tre Lina E.

Que Faeser ne puisse pas com­pren­dre la cri­tique de sa con­tri­bu­tion dans ce jour­nal au vu de telles déc­la­ra­tions soulève plus de ques­tions qu’elle ne le souhait­erait. Les vagues d’indig­na­tion ont été fortes chez les social­istes (SPD), les Verts (die Grü­nen) et La Gauche (die Linke). Depuis que plusieurs per­son­nal­ités de la CDU/CSU (union de la droite démoc­rate-chré­ti­enne, n.d.t.) cri­tiquent Nan­cy Faeser au sujet de son arti­cle dans Antifa, un cer­cle de pro­tec­tion rouge-vert-rouge s’est for­mé autour des social­istes sur les réseaux sociaux.

Source : Junge Frei­heit, 13/02/2022

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