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Les journalistes politiques sont-ils devenus des communicants ?

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8 février 2013

Temps de lecture : 13 minutes
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Les journalistes politiques sont-ils devenus des communicants ?

Temps de lecture : 13 minutes

La récente nomination de l’ancien présentateur des JT de TF1 et France 2, Claude Sérillon, comme conseiller du président de la République pour les questions audiovisuelles a mis sous les projecteurs la présence, de plus en plus conséquente, de journalistes au sein des cabinets ministériels socialistes. Nombreux sont ceux, en effet, à avoir franchi le Rubicon pour conseiller les personnalités politiques. Ce n’est pourtant pas une nouveauté. Déjà, Nicolas Sarkozy avait su, avant François Hollande, s’entourer de collaborateurs venus du monde de la presse (on se souviendra notamment de Catherine Pégard du Point, nommée conseillère du président, ou Myriam Levy du Figaro, devenue attachée de presse à Matignon).

Enquête — Les journalistes politiques sont-ils devenus des communicants ?

Les récents mou­ve­ments de ces dernières semaines ont sus­cité pour­tant de nom­breux échos dans la presse. Les arti­cles rela­tant ces trans­ferts ten­tent de jus­ti­fi­er ces départs par la paupéri­sa­tion du méti­er de jour­nal­iste. Ain­si, selon un « spin doc­tor » d’une agence parisi­enne, cité par Le Monde (14/01/13), « Le milieu médi­a­tique est de plus en plus pré­carisé, et cer­tains jour­nal­istes qui esti­ment leur avenir bouché, font le choix de la com­mu­ni­ca­tion, méti­er bien payé. » « Faut la com­pren­dre, faut bien bouf­fer », jus­ti­fie un autre dans Téléra­ma (11/01/13), à pro­pos du départ d’Hélène Fontanaud au Par­ti social­iste. « La presse aujour­d’hui, c’est la sidérurgie, on enchaîne les crises, mais on ne voit pas la sor­tie. Je ne peux plus tra­vailler dans la survie per­ma­nente », se jus­ti­fie encore Muriel Grémil­let, ex-jour­nal­iste de Libéra­tion, dev­enue en 2008 direc­trice de cab­i­net d’Ar­naud Mon­te­bourg lorsque celui-ci était prési­dent du con­seil général de Saône-et-Loire, et aujour­d’hui con­seil­lère presse et com­mu­ni­ca­tion de François Lamy, min­istre de la Ville. Les « pôvres jour­nal­istes » seraient donc eux aus­si cru­elle­ment touchés par la crise et oblig­és de se ven­dre aux poli­tiques afin de pou­voir sub­venir à leurs besoins…

Jean Qua­tremer, jour­nal­iste à Libéra­tion et auteur du livre Sexe, men­songes et médias con­sacré aux rela­tions entre la presse et le monde poli­tique, avance lui une autre expli­ca­tion à cette hémor­ragie. Selon lui, l’ho­mogénéi­sa­tion sociale et cul­turelle de plus en plus grande entre les jour­nal­istes et la classe dirigeante serait la prin­ci­pale rai­son à ces liaisons dev­enues inces­tueuses. Il con­state ain­si avec ironie que les jour­nal­istes d’au­jour­d’hui font Sci­ences-Po et une école de jour­nal­isme tan­dis que les hommes poli­tiques font Sci­ences-po et l’E­NA, dans des cur­sus uni­ver­si­taires for­matant les esprits à la même pen­sée unique… Il souligne égale­ment que les jour­nal­istes sont, comme les class­es dirigeantes, large­ment issus des class­es supérieures de la société. Ain­si 53 % des jour­nal­istes ont des par­ents cadres supérieurs ou équiv­a­lents con­tre 32 % des étu­di­ants et 18,5 % de la pop­u­la­tion mas­cu­line française. Bref, des beaux quartiers préservés aux grandes écoles de l’oli­garchie politi­co-médi­a­tique, le chemin des poli­tiques et des jour­nal­istes serait sem­blable… Cette vision est con­fir­mé par Jean-François Kahn accu­sant dès 2001 les jour­nal­istes qui « dans leur immense majorité, sont issus du même milieu, for­més à la même école, fréquentent les mêmes espaces, por­teurs des mêmes valeurs, imprégnés du même dis­cours, façon­nés par la même idéolo­gie, struc­turés par les mêmes références ». Idéolo­gie qu’il définit comme « de gauche libérale-lib­er­taire — un mélange de ral­liement pan-cap­i­tal­isme mon­di­al­isé et de pul­sions néo-soix­ante-huitardes syn­crétisées en rhé­torique de la moder­nité ».

Cette prox­im­ité sociale et cul­turelle entraîne des rela­tions endogamiques, à l’im­age d’une caste qui se repro­duit entre elle, ren­forçant l’im­pres­sion de con­nivence. Au delà des cou­ples médi­a­tiques DSK et Anne Sin­clair, Jean-Louis Boor­lo et Béa­trice Schön­berg, Bernard Kouch­n­er et Chris­tine Okrent, François Baroin et Marie Druck­er, Jean Qua­tremer relève que le nom­bre de jour­nal­istes vivant ou entre­tenant des rela­tions avec des poli­tiques, sans être majori­taire, est néan­moins impres­sion­nant. Même pour l’ob­ser­va­teur non aver­ti, ce phénomène s’ob­serve par­ti­c­ulière­ment depuis le retour de la gauche au pou­voir en mai 2012 au plus haut som­met de l’État : ain­si François Hol­lande partage sa vie avec Valérie Tri­er­weil­er, jour­nal­iste à Paris-Match. Trois de ses min­istres vivent égale­ment avec des jour­nal­istes (Arnaud Mon­te­bourg avait pour com­pagne Audrey Pul­var, Michel Sapin est mar­ié à une jour­nal­iste des Échos, Valérie de Sen­neville, tan­dis que Vin­cent Peil­lon a épousé Nathalie Ben­sa­hel, du Nou­v­el Obs).

Mais au-delà des alcôves de nos hommes poli­tiques, c’est une rela­tion qua­si-amoureuse que la gauche entre­tient avec le monde médi­a­tique. Lors de ses vœux à la presse le 15 jan­vi­er 2013, François Hol­lande lance ce cri du cœur « j’aime la presse, j’aime les jour­nal­istes ! » Comme le souligne l’ar­ti­cle du Point, « un proche con­seiller de François Hol­lande s’a­muse du monde présent : “On retrou­ve tous ceux du Hol­lande Tour !” s’ex­clame-t-il, nos­tal­gique de la cam­pagne prési­den­tielle. La dernière fois que François Hol­lande avait ain­si invité les jour­nal­istes, c’é­tait pré­cisé­ment le 14 mai 2012, pour dire au revoir à ceux qui l’avaient suivi. Beau­coup, toute­fois, ont embar­qué dans l’aven­ture élyséenne. »

La jour­nal­iste belge Char­lotte Van­hoe­hack­er a brossé un élo­quent tableau de ce « Hol­lande-Tour » et des jour­nal­istes qui accom­pa­g­naient le can­di­dat social­iste, rêvant déjà à sa vic­toire : « ça va être cool de voy­ager dans l’Air Hol­lande one !» Sidérée, la jour­nal­iste belge observe : « C’est inquié­tant. Mais ça se passe comme ça en France : vous suiv­ez un can­di­dat 16 heures sur 24 pen­dant qua­tre mois. ça crée des liens : il con­naît votre prénom, son entourage vous a à la bonne et votre rond de servi­ette est réservé en cas de vic­toire. Votre rédac­tion ne risque pas de ruin­er ce cap­i­tal. Alors, pen­dant la cam­pagne, Hol­lande devient votre poulain. Dès lors, com­ment ne pas ten­ter de le ven­dre dans vos arti­cles et vos reportages ? Car s’il gagne, il vous entraîne dans son sillage. »

De fait, depuis l’élec­tion de François Hol­lande, les jour­nal­istes colonisent les cab­i­nets min­istériels : Patrice Bian­cone, édi­to­ri­al­iste poli­tique sur RFI est directeur de cab­i­net de Valérie Tri­er­weil­er. David Kessler, ex-directeur général des Inrock­upt­ibles est l’in­flu­ent con­seiller médias et cul­ture du prési­dent de la République. Pierre Rancé, chroniqueur judi­ci­aire d’Europe 1 est main­tenant le porte-parole de Chris­tiane Taubi­ra tan­dis que sa con­sœur Muriel Barthélémy, ex-jour­nal­iste de France 3 Pays-de-la-Loire assure le ser­vice de presse de la garde des sceaux. Renaud Czarnes qui cou­vrait la cam­pagne prési­den­tielle de François Hol­lande pour les Échos est devenu depuis le con­seiller presse du pre­mier min­istre. Brigitte Béjean, issue d’Europe 1, assure désor­mais les rela­tions presse du min­istre des trans­ports. Fab­rice Bakhouche, directeur général adjoint de l’AFP a rejoint lui aus­si Matignon comme con­seiller médias et économie numérique de Jean-Marc Ayrault. Françoise Des­go­is qui suiv­ait le PS pour France-Inter a d’abord été con­seil­lère spé­ciale de Ségolène Roy­al avant de rejoin­dre Guil­laume Garot, min­istre délégué en charge de l’a­gro-ali­men­taire. Olivi­er Nico­las, ancien jour­nal­iste de La Tri­bune, passé par les fonc­tions de directeur de la com­mu­ni­ca­tion à la région Guade­loupe est aujour­d’hui con­seiller presse et com­mu­ni­ca­tion au min­istère de l’Outremer. Mar­i­on Bougeard-Rojin­sky, ex-jour­nal­iste à La Tri­bune égale­ment, experte en com­mu­ni­ca­tion de crise est la con­seil­lère en com­mu­ni­ca­tion de Jérôme Cahuzac, c’est elle notam­ment qui lui con­seille la stratégie de déni lorsqu’il est attaqué sur son compte ban­caire non déclaré en Suisse jusqu’en 2010 par Médi­a­part. Anci­enne direc­trice asso­ciée du pôle afflu­ence d’Euro RSCG, c’est elle aus­si qui a assuré la com­mu­ni­ca­tion de Lil­iane Bet­ten­court au moment de l’affaire Woerth. La liste est longue de tous les noms de la presse écrite et audio­vi­suelle qui peu­plent les cab­i­nets ministériels…

À cette prox­im­ité sociale et cul­turelle et à cet attrait pour les ors min­istériels, s’a­joute égale­ment une prox­im­ité idéologique : un sondage réal­isé pen­dant la cam­pagne prési­den­tielle de 2012 pour le mag­a­zine Médias révélait que 39% des jour­nal­istes inter­rogés déclaraient avoir voté pour François Hol­lande au pre­mier tour de la prési­den­tielle, 19% pour Jean-Luc Mélen­chon et 18% seule­ment pour Nico­las Sarkozy. Au sec­ond tour, le can­di­dat social­iste rem­porte un score à faire pâlir d’en­vie un dic­ta­teur africain avec 74% des jour­nal­istes qui se déclar­ent en sa faveur. Plus révéla­teur encore, des sondages réal­isés durant la prési­den­tielle 2012 au sein des deux prin­ci­pales écoles de jour­nal­isme (ESJ et CELSA) révélaient que les étu­di­ants don­naient à la gauche des scores encore plus larges. À l’ESJ, 87% des étu­di­ants dis­aient vot­er pour la gauche et l’extrême gauche ; au CFJ, dont sor­tent les prin­ci­paux patrons des grandes rédac­tions, c’était 100 % !

L’en­gage­ment poli­tique mil­i­tant des jour­nal­istes reste cepen­dant mar­gin­al. Seuls quelques uns fran­chissent le pas et se met­tent au ser­vice d’un par­ti poli­tique. Hélène Fontanaud, ex-agen­cière (Reuters, Sypa-News), embauché à Europe 1 sur recom­man­da­tion de Julien Dray, est ain­si depuis peu chef du ser­vice de presse du Par­ti social­iste. Si c’est le chô­mage et l’en­vie de chang­er de méti­er qui l’ont poussée à franchir le pas, son engage­ment est bien évidem­ment par­ti­san. Elle explique ain­si avoir fréquen­té Harlem Désir de longue date, ayant mil­ité avec lui à SOS Racisme de 1985 à 1988. Le par­cours d’Ar­nauld Cham­peti­er-Trig­ano (neveu de Gilbert Trig­ano, cofon­da­teur du Club Méditer­ranée) se situe, lui, aux fron­tières du jour­nal­isme (fon­da­teur du mag­a­zine TOC, il fréquente plateaux télé et stu­dios radio, en tant que chroniqueur à Paris Pre­mière, France 4, RTL, Canal+…), du mil­i­tan­tisme (vice prési­dent de l’UNEF-ID de 1994 à 1997) et de la com­mu­ni­ca­tion (directeur de l’a­gence TOC Média de 2004 à 2011). Issu des beaux quartiers, à l’al­lure de dandy branché, por­tant de gross­es lunettes à mon­ture Pra­da, cet ex-jour­nal­iste fut le directeur de la com­mu­ni­ca­tion de Jean-Luc Mélen­chon pour la cam­pagne prési­den­tielle de 2012. L’an­ci­enne jour­nal­iste de La Vie, Adélaïde Col­in, a d’abord été direc­trice de la com­mu­ni­ca­tion de Green­peace France avant d’être débauché par la min­istre de l’é­gal­ité des ter­ri­toires, Cécile Duflot pour rejoin­dre son cabinet.

Autre aspect de la con­nivence entre jour­nal­istes et poli­tiques, nom­bre de jour­nal­istes préfèrent accorder un sou­tien plus dis­cret (et pas tou­jours dés­in­téressé) aux hommes poli­tiques en se prê­tant aux pra­tiques de « média-train­ing », méth­ode importée des États-Unis qui con­siste à plac­er les lead­ers poli­tiques en sit­u­a­tion réelle face à des jour­nal­istes et le plus sou­vent face à des caméras. Les jour­nal­istes qui par­ticipent à ces séances de média-train­ing en lien avec des agences de com­mu­ni­ca­tion l’ef­fectuent dans le cadre de ménages (l’ac­tiv­ité est très lucra­tive, rémunérée de l’or­dre de 2000 à 3000 € la journée) ou bien, par préférence par­ti­sane, aident directe­ment des per­son­nal­ités poli­tiques qu’ils sou­ti­en­nent. François Hol­lande a ain­si été pré­paré secrète­ment au débat de l’en­tre-deux tours avec Nico­las Sarkozy. Au sein de la petite cel­lule qui le pré­pare à ce débat, on trou­ve notam­ment Claude Séril­lon (qui l’avait déjà entraîné en vue des trois débats télévisés pour les pri­maires social­istes), Serge Moati, mais aus­si l’an­cien directeur de l’in­for­ma­tion de TF1, Robert Namias, con­nu pour être proche des Chirac et père de Fabi­en Namias, alors chef du ser­vice poli­tique de France 2

Mais Busi­ness is busi­ness, la plu­part des jour­nal­istes qui assurent des média-train­ings passent par des agences de com­mu­ni­ca­tion ou des écoles de jour­nal­isme. TF1 a créé sa pro­pre fil­iale TF1 Insti­tut qui délivre des for­ma­tions de media-train­ing et des ménages où inter­vi­en­nent les ani­ma­teurs et jour­nal­istes de la chaîne. D’autres créent leur pro­pre agence, comme Jean-Luc Mano. Ancien mil­i­tant com­mu­niste, ancien chef du ser­vice poli­tique de L’Hu­man­ité, puis chef du ser­vice poli­tique de TF1 dans les années 80, directeur de la rédac­tion de France 2 de 1999 à 2001, directeur de la rédac­tion de France Soir puis P‑DG de la sta­tion économique BFM. A l’im­age de son par­cours dans les médias, de l’Hu­ma à BFM, sa tra­jec­toire de com­mu­ni­cant tra­verse l’échiquier poli­tique ! Après avoir quit­té le par­ti com­mu­niste, il se rap­proche des social­istes et entraîne Lionel Jospin, alors pre­mier secré­taire du PS, et Bertrand Delanoë, qui n’est pas encore maire de Paris. Pas­sant à droite, Jean-Luc Mano fonde en 1998 la société Only où il coache Michelle Alliot-Marie, puis à par­tir de 2007, il apporte ses com­pé­tences à Chris­tine Albanel, min­istre de la cul­ture et Xavier Dar­cos, min­istre de l’Éducation nationale. Il con­seille égale­ment le maire de Nice Chris­t­ian Estrosi et est même approché par Nicols Sarkozy. Devenu totale­ment amnésique quant à son idéal com­mu­niste, il con­seille aujour­d’hui la Prin­ci­pauté de Monaco…

C’est la droite qui offi­cialise la pra­tique du media-train­ing en France. L’a­gence, choisie sur appel d’of­fre du gou­verne­ment Raf­farin en 2002, pour coach­er les min­istres, recrute Jean-Claude Nar­cy alors directeur adjoint de l’in­for­ma­tion de TF1. Ce présen­ta­teur vedette de la TV devien­dra ain­si le média-traineur attitré d’une large par­tie de la droite : il tra­vaille avec la plu­part des min­istres, notam­ment le min­istre de la san­té Jean-François Mat­téi mal­mené dans la presse pour sa ges­tion de la canicule de l’été 2003 ou le min­istre de l’é­conomie Hervé Gay­mard, mis en cause pour son apparte­ment de fonc­tion. Pen­dant la cam­pagne prési­den­tielle de 2007, Jean-Claude Nar­cy signe même un con­trat avec l’UMP et con­seille l’en­tourage de Nico­las Sarkozy, notam­ment sa novice porte-parole, Rachi­da Dati, qui béné­fi­cie de séances d’en­traine­ment inten­sif avec le présen­ta­teur. Le jour­nal­iste de TF1 est élevé au grade de com­man­deur de l’or­dre nation­al du Mérite en jan­vi­er 2007, quelques mois avant le scrutin prési­den­tiel qui voit l’ac­ces­sion au pou­voir de Nico­las Sarkozy… A gauche, les députés social­istes s’en­traî­nent avec l’an­cien jour­nal­iste de RMC Gaby Olmeta, ou avec Alain Den­vers, ex-directeur de l’in­for­ma­tion de TF1, qui suit égale­ment régulière­ment le prési­dent social­iste de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. Même le petit fac­teur trot­skyste, Alain Besan­cenot, qui n’est plus à une con­tra­dic­tion près depuis qu’il est passé sur le canapé rouge de Michel Druck­er, suit en 2002 des séances de media-train­ing avec le jour­nal­iste Mar­cel Tril­lat, jour­nal­iste à France 2, qui sou­tien­dra Jean-Luc Mélen­chon en 2012.

Ces media-train­ing lais­sent songeur en terme de déon­tolo­gie, lorsque des jour­nal­istes en activ­ité pré­par­ent des hommes poli­tiques à des émis­sions con­duites ensuite par leurs pro­pres con­frères. Pra­tique inavouée, voire qua­si-hon­teuse des médias, elle ren­force le sen­ti­ment de con­nivence, en brouil­lant les fron­tières déjà très floues entre jour­nal­isme, poli­tique et communication.

Le récent sondage du CEVIPOF sur les nou­velles frac­tures en France mon­tre que les Français con­fondent désor­mais dans un même oppro­bre hommes poli­tiques et jour­nal­istes, ain­si 82% des sondés affir­ment que « les hommes et les femmes poli­tiques agis­sent prin­ci­pale­ment pour leurs intérêts » et 72% con­sid­èrent que « les jour­nal­istes sont coupés des réal­ités et ne par­lent pas des vrais prob­lèmes des Français ». 58 % esti­ment que les jour­nal­istes font mal leur tra­vail et 73 % con­sid­èrent qu’ils ne sont pas indépen­dants. Ce ne sont cer­taine­ment pas ces rela­tions de copinage et de com­plai­sance entre poli­tiques et jour­nal­istes qui vont amélior­er leur image.

CdT

Crédit pho­to : DR voicesofwomenmedia.org