SOS Déonto, un service gratuit de conseil déontologique pour journalistes, vient de naître.
Une initiative audacieuse de la part d’une association qui entend réguler l’opinion et donner le « LA » en matière de bonne pratique journalistique.
Le 14 avril 2025, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a lancé SOS Déonto, un service d’assistance destiné à guider les journalistes face à des dilemmes éthiques. Accessible via un formulaire sécurisé sur le site du CDJM, ce service gratuit promet des réponses rapides (sous 24 heures), personnalisées et documentées, s’appuyant sur les chartes professionnelles et « l’expertise internationale ». Qu’il s’agisse de questions sur le secret des sources, le respect de la vie privée ou la collecte de témoignages, SOS Déonto ambitionne de devenir une référence pour les journalistes, quel que soit leur statut.
Vers une police déontologique ?
L’initiative, qui s’inscrit dans la mission du CDJM de renforcer la déontologie journalistique, répondrait à une demande croissante de conseils, jusque-là reçus informellement via le site. Toutefois, les avis rendus restent indicatifs, la responsabilité éditoriale incombant aux médias, ce qui garantit d’ailleurs une certaine forme d’indépendance. Si l’objectif affiché est louable, le CDJM suscite des réserves, puisque la démarche, si elle est vraiment suivit dans la profession, place le CDJM dans un rôle de contrôleur de l’information et de la méthode de travail journalistique. Par ailleurs l’association s’avère avoir une orientation politique marquée à gauche.
Créé en 2019, le CDJM, association loi 1901, s’est autoproclamé gardien de l’éthique journalistique, malgré le retrait de nombreux médias de son giron. Critiqué dès sa naissance, il a été qualifié de « tribunal moralisateur » par le journaliste Clément Weill-Raynal. Ses détracteurs, comme Valeurs Actuelles ou le syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM), dénoncent un « impérialisme déontologique » et un biais systématique contre les opinions de droite. En 2021, le CDJM a condamné Christine Kelly pour ne pas avoir contredit Éric Zemmour sur CNews, qualifiant ses propos sur Taha Bouhafs d’« accusations graves sans preuve ». Cette décision, perçue comme partiale, a alimenté les accusations de parti pris, d’autant que le CDJM semblait minimiser les engagements controversés de Bouhafs.
Le CDJM contre Valeurs actuelles
L’affaire Valeurs Actuelles, où le CDJM a jugé un article sur Danièle Obono contraire à la dignité humaine, a également cristallisé les tensions, poussant le média à attaquer le conseil devant les tribunaux. Difficile donc d’imaginer que SOS Déonto face l’unanimité. Outre les médias et les journalistes de droite qui se passeront volontiers de ses services, on peut aisément imaginer que nombre de journalistes de gauche n’ont pas besoin d’un pareil outil pour percevoir ce que relève d’une bonne bonne pratique journalistique.
Voir aussi : Le “Conseil de Déontologie Journalistique” s’en prend à Éric Zemmour et Christine Kelly
Rodolphe Chalamel