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SOS Déonto, arbitre autoproclamé de l’éthique journalistique

17 mai 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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SOS Déonto, arbitre autoproclamé de l’éthique journalistique

Temps de lecture : 3 minutes

SOS Déonto, un service gratuit de conseil déontologique pour journalistes, vient de naître.

Une ini­tia­tive auda­cieuse de la part d’une asso­ci­a­tion qui entend réguler l’opinion et don­ner le « LA » en matière de bonne pra­tique journalistique.

Le 14 avril 2025, le Con­seil de déon­tolo­gie jour­nal­is­tique et de médi­a­tion (CDJM) a lancé SOS Déon­to, un ser­vice d’assistance des­tiné à guider les jour­nal­istes face à des dilemmes éthiques. Acces­si­ble via un for­mu­laire sécurisé sur le site du CDJM, ce ser­vice gra­tu­it promet des répons­es rapi­des (sous 24 heures), per­son­nal­isées et doc­u­men­tées, s’appuyant sur les chartes pro­fes­sion­nelles et « l’expertise inter­na­tionale ». Qu’il s’agisse de ques­tions sur le secret des sources, le respect de la vie privée ou la col­lecte de témoignages, SOS Déon­to ambi­tionne de devenir une référence pour les jour­nal­istes, quel que soit leur statut.

Vers une police déontologique ?

L’initiative, qui s’inscrit dans la mis­sion du CDJM de ren­forcer la déon­tolo­gie jour­nal­is­tique, répondrait à une demande crois­sante de con­seils, jusque-là reçus informelle­ment via le site. Toute­fois, les avis ren­dus restent indi­cat­ifs, la respon­s­abil­ité édi­to­ri­ale incom­bant aux médias, ce qui garan­tit d’ailleurs une cer­taine forme d’indépendance. Si l’objectif affiché est louable, le CDJM sus­cite des réserves, puisque la démarche, si elle est vrai­ment suiv­it dans la pro­fes­sion, place le CDJM dans un rôle de con­trôleur de l’information et de la méth­ode de tra­vail jour­nal­is­tique. Par ailleurs l’association s’avère avoir une ori­en­ta­tion poli­tique mar­quée à gauche.

Créé en 2019, le CDJM, asso­ci­a­tion loi 1901, s’est auto­proclamé gar­di­en de l’éthique jour­nal­is­tique, mal­gré le retrait de nom­breux médias de son giron. Cri­tiqué dès sa nais­sance, il a été qual­i­fié de « tri­bunal moral­isa­teur » par le jour­nal­iste Clé­ment Weill-Ray­nal. Ses détracteurs, comme Valeurs Actuelles ou le syn­di­cat des édi­teurs de presse mag­a­zine (SEPM), dénon­cent un « impéri­al­isme déon­tologique » et un biais sys­té­ma­tique con­tre les opin­ions de droite. En 2021, le CDJM a con­damné Chris­tine Kel­ly pour ne pas avoir con­tred­it Éric Zem­mour sur CNews, qual­i­fi­ant ses pro­pos sur Taha Bouhafs d’« accu­sa­tions graves sans preuve ». Cette déci­sion, perçue comme par­tiale, a ali­men­té les accu­sa­tions de par­ti pris, d’autant que le CDJM sem­blait min­imiser les engage­ments con­tro­ver­sés de Bouhafs.

Le CDJM contre Valeurs actuelles

L’affaire Valeurs Actuelles, où le CDJM a jugé un arti­cle sur Danièle Obono con­traire à la dig­nité humaine, a égale­ment cristallisé les ten­sions, pous­sant le média à atta­quer le con­seil devant les tri­bunaux. Dif­fi­cile donc d’imaginer que SOS Déon­to face l’unanimité. Out­re les médias et les jour­nal­istes de droite qui se passeront volon­tiers de ses ser­vices, on peut aisé­ment imag­in­er que nom­bre de jour­nal­istes de gauche n’ont pas besoin d’un pareil out­il pour percevoir ce que relève d’une bonne bonne pra­tique journalistique.

Voir aus­si : Le “Con­seil de Déon­tolo­gie Jour­nal­is­tique” s’en prend à Éric Zem­mour et Chris­tine Kelly

Rodolphe Cha­la­mel

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