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Accueil | Portraits | Sylvie Kauffmann

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30 juillet 2022

Temps de lecture : 9 minutes

30 juillet 2022

Accueil | Portraits | Sylvie Kauffmann

Sylvie Kauffmann

Temps de lecture : 9 minutes

OTAN pour elle

Sylvie Kauffmann est née le 30 octobre 1955 à Marseille, en France. Son père est médecin militaire. Grand reporter à l’étranger sur trois continents pendant de nombreuses années, elle est la première femme à diriger la rédaction du Monde. Ses nombreux sauts à travers le monde ne l’ont jamais fait dévier de la feuille de route atlantiste et fidèlement pro américaine qu’elle suit scrupuleusement depuis ses débuts.

Elle est mar­iée au diplo­mate de car­rière Pierre Buh­ler. Poly­glotte (anglais, alle­mand, polon­ais et russe), ce dernier a servi suc­ces­sive­ment à Varso­vie et à Moscou avant de rejoin­dre la direc­tion des affaires poli­tiques du Quai. Il a été ensuite en poste aux États-Unis avant d’intégrer le cab­i­net du min­istre de la Défense, Alain Richard, comme con­seiller diplo­ma­tique. Il enseigne égale­ment les rela­tions inter­na­tionales à Sci­ences-Po. Après un pas­sage à la tête de l’Institut Français (2017–2020), il est chargé de la diplo­matie cul­turelle au CAPS (Cen­tre d’analyse, de prévi­sion et de stratégie).  Elle l’accompagne dans ses déplace­ments et soigne son car­net d’adresses à chaque nou­velle mutation.

Piètre prospec­tiviste, elle se con­tente de com­menter l’actualité en se faisant l’échotière du gotha de la pen­sée mon­di­al­iste. Et peu importe qu’elle se dédisse d’édito en édi­to, l’essentiel étant de com­plaire aux États-Unis et à l’Union européenne tout en van­tant les mérites de leur rela­tion priv­ilégiée. Un exem­ple par­mi tant d’autres : vent debout con­tre les vel­léités iso­la­tion­nistes de Don­ald Trump, elle appelait de ses vœux une « posi­tion transat­lan­tique proac­tive » en 2019 pour faire face aux crises diplo­ma­tiques ren­con­trées par l’UE.

Pour­tant, suite à l’affaires des sous-marins aus­traliens en sep­tem­bre 2021 où les États-Unis ont mon­tré le peu de cas qu’il fai­sait de la poli­tique de défense française, elle argue que « ce n’est donc pas seule­ment la France qui est écartée de ce réaligne­ment des alliances dans l’Indo-Pacifique pour faire face à la Chine, c’est aus­si l’UE ». Elle ajoute que « La France prend une gifle mon­u­men­tale en apprenant que Wash­ing­ton, Can­ber­ra et Lon­dres ont négo­cié pen­dant six mois une nou­velle alliance de sécu­rité der­rière son dos », alors même que, six mois aupar­a­vant, des généraux aus­traliens expri­maient à la télévi­sion nationale leur souhait de pos­séder des sous-marins à propul­sion nucléaires. On a con­nu des con­spir­a­tions plus secrètes. Surtout que les États-Unis ne font que faire primer leurs alliés his­toriques (Grande-Bre­tagne et Aus­tralie) sur leurs oblig­és his­toriques, ce que Sylvie Kauff­mann se garde bien de mentionner.

En sa qual­ité d’épouse d’un ancien ambas­sadeur en Pologne, Sylvie Kauff­mann épouse naturelle­ment toutes les reven­di­ca­tions de l’opposition libérale-lib­er­taire au PiS; ici, elle accuse « l’escalade de haine dans la vie publique » d’être à l’origine de l’assassinat du maire de Gdan­sk, Pawel Adamow­icz (présen­té par elle comme « un homme d’ouverture et de tolérance »), fake news grossière démon­tée à l’époque par l’OJIM.

Formation

Elle a obtenu des diplômes du Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes de Paris (1979), de l’ Insti­tut d’é­tudes poli­tiques de Sci­ences Po Aix, de l’U­ni­ver­sité de Provence ain­si qu’une une licence d’es­pag­nol glanée à l’U­ni­ver­sité de Deusto de Bilbao.

Parcours professionnel

1979 : Diplômée du Cen­tre de for­ma­tion des journalistes.

1979–1980 : Jour­nal­iste au desk France de l’AFP.

1980–1988 : Cor­re­spon­dante pour l’AFP à Lon­dres (1980–1984), Varso­vie (1985), Nouméa (1985) et Moscou (1986–1988).

1988–1993 Jour­nal­iste spé­cial­iste de l’Eu­rope de l’Est au Monde.

1993–2001 Cor­re­spon­dante à Wash­ing­ton (1993–1996), puis à New York (1996–2001).

2003–2004 Rédac­trice en chef adjointe, respon­s­able des grands reporters du Monde.

2004–2006 Direc­trice adjointe de la rédac­tion du Monde.

2006–2009 Grand reporter en Asie du Sud-Est. Dès sa nom­i­na­tion, elle mul­ti­plie notam­ment les reportages en Chine, en Bir­manie, aux Philip­pines, et pub­lie une chronique heb­do­madaire en dernière page du quotidien.

Jan­vi­er 2010. Éric Fot­tori­no la nomme direc­trice de la rédac­tion du Monde. Cette déci­sion est saluée, déjà, par le New York Times, pour qui “ses arti­cles sur les États-Unis ont été jugés tout à fait objec­tifs et admirables, compte tenu de la rela­tion ambiva­lente que La France a sou­vent eu avec les États-Unis.” C’est pour­tant sous sa direc­tion que Le Monde s’associe avec trois grands jour­naux européens (Guardian, Der Spiegel et El Pais) pour pub­li­er les doc­u­ments diplo­ma­tiques mis à la dis­po­si­tion du pub­lic par Julian Assange sur le site Wikileaks.

2011 : Can­di­date à la rédac­tion en chef du Monde. Si elle est la can­di­date des jour­nal­istes en interne, les action­naires du vénérable quo­ti­di­en (par­mi lesquels Xavier Niel, Pierre Bergé et Math­ieu Pigasse) lui préfèrent Erik Izraelewicz. Elle reste toute­fois direc­trice édi­to­ri­ale du quo­ti­di­en aux côtés d’Alain Fran­chon et Gérard Courtois.

Sylvie Kauff­mann est tou­jours édi­to­ri­al­iste au Monde, où elle tient une chronique heb­do­madaire de géopoli­tique. Elle con­tribue égale­ment régulière­ment aux pages Opin­ion du New York Times et inter­vient régulière­ment dans l’émis­sion « L’E­sprit pub­lic » de France Cul­ture.

Parcours militant

En 1998, elle par­ticipe au pro­gramme Young Lead­ers, organ­isé par la French-Améri­can Foun­da­tion. Cette organ­i­sa­tion se con­sacre à « ren­forcer les liens entre la France et les États-Unis ». Fondée en 1976, son objec­tif avoué est d’encourager un dia­logue act­if entre les deux pays.  Elle est surtout con­nue pour organ­is­er des sémi­naires à des­ti­na­tion de jeunes dirigeants (Young Lead­ers) français et améri­cains issus de la poli­tique, de la finance, de la presse « à fort poten­tiel de lead­er­ship et appelés à jouer un rôle impor­tant dans leur pays et dans les rela­tions fran­co-améri­caines ».

Collaborations

  • 2018 : « Défi­ance et dés­in­for­ma­tion : la démoc­ra­tie en péril ? » aux côtés de Pierre Has­ki (Rue89/Reporters sans fron­tières), et Romain Badouard (Uni­ver­sité de Cer­gy-Pon­toise). Organ­isé par l’IEA de Paris et la revue Esprit, le 21 mars 2018, dans le cadre du cycle de débats “L’e­sprit du temps”.    
  • 2019 : Elle fait par­tie du pan­el d’invités d’une con­férence-débat du Forum Économique Mon­di­al inti­t­ulée « Dis­in­for­ma­tion, Pop­ulism and Busi­ness: Nav­i­gat­ing the Dig­i­tal News Rev­o­lu­tion », Défi­ance et dés­in­for­ma­tion : la démoc­ra­tie en péril ?
  • 2021 : « Réaf­firmer l’unité transat­lan­tique » au Som­met du G7, webi­naire de l’Institut Aspen.

Récompenses

Elle est lau­réate du prix Thucy­dide en 2002, une dis­tinc­tion qui récom­pense un jour­nal­iste de la presse écrite spé­cial­isé dans les ques­tions inter­na­tionales. Les reportages primés sont une série d’ar­ti­cles sur les États-Unis après le 11 sep­tem­bre, pub­liés du 14 au 17 novem­bre 2001 sous le titre « Chronique de l’Amérique en guerre ».

Publications

  • 11 sep­tem­bre, un an après (pré­facière), édi­tions Le Monde/L’Aube Inter­ven­tion, 2002.
  • Le Monde : Les Grands Por­traits (pré­facière), édi­tions Le Monde/L’Aube Inter­ven­tion, 2013.

Ce qu’elle gagne

Non ren­seigné.

Sa nébuleuse

La jour­nal­iste est mem­bre des con­seil d’administration de plusieurs grandes entre­pris­es ou cer­cles d’influence. On compte par­mi ceux-là l’Insti­tut Reuters pour l’é­tude du jour­nal­isme, la Fon­da­tion AFP, le Groupe européen de la Com­mis­sion tri­latérale ou encore Google, et inter­vient régulière­ment dans l’émis­sion L’E­sprit pub­lic de France Culture.

Elle l’a dit

« L’ascension de la Chine a boulever­sé beau­coup de choses. Trump, dans l’affrontement avec Pékin, n’a pas cher­ché à met­tre l’Europe de son côté. Il ne s’intéresse pas à l’OTAN, il a tout fait pour affaib­lir l’Union européenne. Les États-Unis ont aban­don­né le mul­ti­latéral­isme, alors que l’Europe y croit encore. Si Joe Biden devient prési­dent, il essaiera de rec­oller les morceaux et la rela­tion sera plus flu­ide, mais rien ne sera plus comme avant », France-Amérique, novem­bre 2020.

« De l’urgence de pos­er aux Polon­ais une ques­tion fon­da­men­tale : veu­lent-ils faire par­tie de l’Europe au sens où l’entend l’UE, c’est-à-dire d’une com­mu­nauté de valeurs, de sol­i­dar­ités et de des­tin, ou seule­ment d’un vaste marché doté d’une banque à débours­er des fonds struc­turels ? », Le Monde, 22/10/2017.

« Ces dernières décen­nies, les Européens ont eu leur lot de désac­cords avec le grand frère améri­cain ; la guerre d’Irak de 2003, par exem­ple, n’a pas lais­sé que de bons sou­venirs. Mais l’alliance transat­lan­tique était con­sid­érée de part et d’autre comme un fait acquis, une sorte de char­p­ente intouch­able, hormis par quelques groupes mar­gin­aux que l’on tolérait avec une indul­gence toute démocratique. […]
Ce monde-là a chaviré en févri­er. Un mois après l’arrivée de Don­ald Trump à la Mai­son Blanche, les Européens com­men­cent à com­pren­dre qu’ils sont seuls. Oncle Sam est devenu bizarre 
», Le Monde, 25/02/2017.

« Peut-être le Brex­it est-il en effet, sur l’échelle des mal­heurs de la Mai­son Blanche, à class­er dans la caté­gorie des cat­a­clysmes mineurs, com­paré à une vic­toire de Don­ald Trump en novem­bre qui serait, elle, un cat­a­clysme majeur », Le Monde, 01/07/2016

« Tariq Ramadan est, en France, notre pes­tiféré préféré, mais pour les Bri­tan­niques, y com­pris ceux de l’establishment, il est d’abord pro­fesseur d’études islamiques con­tem­po­raines à Saint-Antony, l’un des meilleurs col­lèges de l’université d’Oxford », Le Monde, 13/05/2013.

On a dit d’elle

« Depuis des années, Sylvie Kauff­mann écrit dans Le Monde des papiers qui nous ennuient pro­fondé­ment : des papiers sans infor­ma­tions, qui assè­nent tou­jours des com­men­taires allant dans le sens du vent et de sa car­rière, du poli­tique­ment cor­rect sans sur­prise, tou­jours des­tinés à nous faire la morale, nous dis­ant ce qu’il faut penser ! Autrement dit, voilà quelqu’un qui impose ses Fake Analy­ses en toute impunité, et depuis très longtemps sans que per­son­ne n’ose vrai­ment lui tir­er les oreilles », Les Crises, 16/01/2018.

« Dans ce désert, il faut remar­quer une oasis  : un long arti­cle de Sylvie Kauff­mann, anci­enne cor­re­spon­dante du Monde à Moscou. Une analyse plutôt hon­nête du dis­cours de Pou­tine, où l’on note pour­tant cette incise ironique de l’auteure  : Pou­tine « se plaint le plus sérieuse­ment du monde de ne pas avoir de “ machine de pro­pa­gande ”, pas même l’équivalent “ de CNN ou de la BBC ” . Le plus sérieuse­ment du monde » indique que Sylvie Kauff­mann ne prend pas cette analyse pou­tini­enne au sérieux. Hélas, elle ne pré­cise pas pourquoi. Con­sid­ère-t-elle que les grands médias améri­cains, dont une bonne par­tie a pris posi­tion offi­cielle­ment pour Hillary Clin­ton, ne con­stituent pas une « machine de pro­pa­gande » ? Con­sid­ère-t-elle que la vision du monde russe dis­pose d’un out­il aus­si per­for­mant que les chaines d’info améri­caines ? », Le Nou­v­el Obs, 21/11/2016.

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