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Accueil | Portraits | Patrick de Carolis

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2 juin 2021

Temps de lecture : 24 minutes

2 juin 2021

Accueil | Portraits | Patrick de Carolis

Patrick de Carolis

Temps de lecture : 24 minutes

Objet médiatique non identifié

« On oppo­sait le can­di­dat à par­tic­ule, catholique, père de famille nom­breuse et auto­di­dacte (Patrick de Car­o­lis) à l’énarque poly­tech­ni­cien com­pé­tent et branché sur le Paris intel­lo (Marc Tessier). Patrick de Car­o­lis incar­nait pour ces gens-là tout ce qu’un petit milieu cul­turel et médi­a­tique parisien n’aimait pas », Dominique Baud­is, Téléra­ma, 28 mai 2010

Discret, fier de ses racines provençales, n’ayant jamais caché sa foi chrétienne et réputé proche de la Droite (tendance chiraquienne) mais au centre des réseaux de pouvoir (Le Siècle), accusé de plagiat et promoteur de la diversité à France Télévisions, Patrick de Carolis est un OVNI médiatique. Cet homme de conviction, cultivant une relative indépendance d’esprit, est né en novembre 1953 à Arles (Bouches-du-Rhône). Petit-fils d’un marchand de chaussures napolitain, fils de Dominique de Carolis, il est aussi issu d’une vielle famille arlésienne (“qui a un passé depuis le XVIIème siècle”) par sa mère Lucette Mounier. Jusqu’à 17 ans, il pratique la danse classique, le théâtre et le chant.

Il est mar­ié, depuis 1984, à Car­ol-Anne Hart­pence (avec laque­lle il a eu qua­tre enfants : Flo­rent, ingénieur, Gré­goire, paysag­iste, Louis, avo­cat, et Joséphine, assis­tante de pro­duc­tion). Elle a écrit Chi­enne de vie, je taime (Le Cen­tu­ri­on, 1981).

Formation

Études de jour­nal­isme à l’É­cole supérieure de jour­nal­isme (ESJ) Paris (pro­mo­tion 1972 – 1974).

Parcours professionnel

1974

Débute comme jour­nal­iste sur FR 3 Cham­pagne-Ardenne comme présen­ta­teur du jour­nal régional.

1975 à 1983

Présen­ta­teur des brèves du « jour­nal de 23 heures », présen­té par Claude Brov­el­li, puis chef de rubrique au ser­vice poli­tique de la Une, il est chargé de suiv­re le Par­ti communiste.

1984 à 1987

Patrick de Car­o­lis rejoint France 2 comme grand reporter. Il pré­pare en 1984 le dossier télévi­sion de Robert Her­sant pour la créa­tion de la chaîne La Cinq avec Patrice Duhamel, Jean-Marie Cava­da et Philippe Ramond.

1987 à 1992

À l’ap­pel de Robert Her­sant, opéra­teur de chaîne française de télévi­sion La Cinq asso­cié à Sil­vio Berlus­coni, il devient directeur des mag­a­zines et doc­u­men­taires qu’il crée et présente : « Reporters », « Nomades », « Réus­sites » et en 1990 l’émis­sion « éro­tique Désir ».

1992 à 1997

Il crée et présente le mag­a­zine d’in­for­ma­tion domini­cal « Zone inter­dite » avant de devenir directeur des mag­a­zines de l’information de M6.

1997 à 2005

Il prend la direc­tion des mag­a­zines de France 3. À par­tir de 1999, il est nom­mé respon­s­able de la stratégie édi­to­ri­ale et adjoint au directeur général de l’antenne de France 3. Il lance le pro­gramme bimen­su­el de reportage cul­turel « Des racines et des ailes » (tirant son nom du proverbe juif : « on ne peut don­ner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes »), dont il assure les fonc­tions de rédac­teur en chef, copro­duc­teur et présen­ta­teur jusqu’en juin 2005.

2001 à 2004

Directeur général du Figaro Mag­a­zine.

2005 à 2010

Il suc­cède à Marc Tessier à la tête du con­sor­tium de la télévi­sion publique française (France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO) comme prési­dent de France Télévi­sions, nom­mé par le Con­seil supérieur de l’au­dio­vi­suel (CSA). Alors pre­mière dame de France, Bernadette Chirac fut le « meilleur sou­tien du pro­duc­teur » (« Bernadette Chirac, meilleur sou­tien du pro­duc­teur de “Des racines et des aîles” », Le Monde). Le CSA « a estimé que l’ex­péri­ence et les com­pé­tences de M. Patrick de Car­o­lis dont témoigne son par­cours pro­fes­sion­nel, tant dans le domaine de l’in­for­ma­tion que des pro­grammes, sont mar­quées par un réel sens du ser­vice pub­lic et que celui-ci, grand pro­fes­sion­nel de l’au­dio­vi­suel, a mon­tré à tra­vers ses dif­férentes fonc­tions son attache­ment à priv­ilégi­er, au béné­fice du plus large pub­lic, la créa­tion, l’in­no­va­tion, l’ex­i­gence de qual­ité et la rigueur édi­to­ri­ale » (« Rap­port d’activité 2005 du CSA »). En jan­vi­er 2008, le prési­dent de la République, Nico­las Sarkozy annonce la sup­pres­sion de la pub­lic­ité sur les antennes de France Télévi­sions sans avoir prévenu Patrick de Car­o­lis. Opposé à cette réforme, le prési­dent de France Télévi­sions obtem­père en décem­bre 2008 lorsque « le gou­verne­ment lui demande de se tir­er une balle dans le pied en déci­dant lui-même de la fin de la pub, pour cause de loi sur l’audiovisuel con­testée et donc retardée ».

2010- 2014 : Guerre de tranchées avec Nicolas Sarkozy et retour au service public

Véri­ta­ble cam­ou­flet pour Nico­las Sarkozy, Patrick de Car­o­lis, en guerre ouverte avec le prési­dent de la République, fait vot­er en avril 2010, par son con­seil d’ad­min­is­tra­tion, la sus­pen­sion de la pri­vati­sa­tion de la régie pub­lic­i­taire du groupe pub­lic, promise pour­tant à Stéphane Cour­bit, un ami per­son­nel du prési­dent. Le 21 juil­let 2010, après avis favor­ables suc­ces­sifs du Con­seil supérieur de l’au­dio­vi­suel et de deux com­mis­sions par­lemen­taires de l’Assem­blée nationale et du Sénat, le prési­dent de la République, Nico­las Sarkozy, nomme Rémy Pflim­lin pour lui suc­céder à la prési­dence de France Télévi­sions. Dans les mois qui suiv­ent, Patrick de Car­o­lis promet alors, en privé, de dire un jour quelques vérités sur les trois années de guerre de tranchées qu’il vient de pass­er avec le prési­dent de la République. C’est égale­ment l’époque où il crée sa société de pro­duc­tion audio­vi­suelle Anaprod.

En mars 2012, la poli­tique étant ce qu’elle est, Nico­las Sarkozy l’élève au rang d’officier de la Légion d’Honneur. Un mois plus tard, Patrick de Car­o­lis revient à la télévi­sion publique… comme sim­ple ani­ma­teur, présen­tant et coréal­isant l’émission cul­turelle « Le Grand Tour » sur France 3, et ce jusqu’en 2014. Il reprend aus­si en 2013–2014 la présen­ta­tion de l’émission cul­turelle Des racines et des ailes.

2015 : il cofonde le média dig­i­tal et audio­vi­suel J’aime mon pat­ri­moine, dont le directeur de pub­li­ca­tion est son fils aîné Flo­rent de Car­o­lis, ingénieur en télé­com­mu­ni­ca­tions. Le dernier cofon­da­teur est le réal­isa­teur et pro­duc­teur de télévi­sion Jean-Luc Orabona. La banque CIC apporte un sou­tien « financier, et égale­ment de moyens ».

Il explique au Club Inno­va­tion Cul­ture (22/10/2015) : J’aime mon pat­ri­moine s’adresse à tous les amoureux du pat­ri­moine cul­turel matériel (bâti, paysage, objets) et immatériel (tra­di­tions, savoir-faire). Le site per­met de décou­vrir le pat­ri­moine de manière ludique avec des his­toires et des jeux pour tous les niveaux, du sim­ple ama­teur au plus chevron­né des pas­sion­nés. Nous allons égale­ment à la ren­con­tre des asso­ci­a­tions œuvrant pour la sauve­g­arde du pat­ri­moine afin de leur don­ner une vit­rine et une plate­forme d’échange pour leurs mem­bres. Nous voulons en faire de véri­ta­bles parte­naires ». J’aime mon pat­ri­moine pro­pose aus­si des films doc­u­men­taires sur le pat­ri­moine, en accès illim­ité à 2.99 €/mois ou 29.99€/an.

Le champion de la diversité…

Un aspect mécon­nu de son man­dat à France Télévi­sions est l’action menée par Patrick de Car­o­lis pour impos­er la diver­sité, avec notam­ment la créa­tion d’un « Comité per­ma­nent de la diver­sité » en 2009. Pour Hervé Bourges, prési­dent de ce comité, les objec­tifs étaient « d’opérer une véri­ta­ble révo­lu­tion des esprits, un change­ment des men­tal­ités et des com­porte­ments et ne plus laiss­er au bord du chemin des tal­ents isolés, à cause de leurs orig­ines sociales ou eth­no­cul­turelles, sur les écrans et dans les effec­tifs des dif­férentes chaines du groupe pub­lic ».

Dans le compte-ren­du du groupe de tra­vail « Diver­sité » datant de 2007, Patrick de Car­o­lis décrit l’action du groupe France Télévi­sions pour col­or­er la télévi­sion publique en choi­sis­sant de « faire sans faire savoir » afin de men­er une action « pérenne, authen­tique et respectueuse ». France Télévi­sions pour­suit un objec­tif général : « être représen­tatif de la diver­sité [eth­nique et cul­turelle] de la société française », en met­tant à l’antenne des fic­tions « qui illus­trent la richesse et par­fois les zones d’ombres de l’histoire française (Les Harkis, Les Mar­iés de l’Ile Bour­bon, Tropiques amers). Cet objec­tif implique de tra­vailler sur les his­toires, aus­si dif­fi­ciles soient-elles comme l’esclavage ou l’origine des per­son­nes (ex : M. Joseph). » Patrick de Car­o­lis con­sid­ère que con­cili­er objec­tif de diver­sité et lib­erté de la créa­tion s’oppose à toute idée de quo­tas qui oblig­erait les créa­teurs à réserv­er une part à telle ou telle minorité. Enfin, dans un souci de sen­si­bil­i­sa­tion des jour­nal­istes, Patrick de Car­o­lis « a demandé aux jour­nal­istes du groupe de se ren­dre au moins une fois par mois dans des quartiers sen­si­bles ». Par ailleurs, Patrick de Car­o­lis a dévelop­pé les actions de for­ma­tion du groupe : une dizaine de bours­es ont été mis­es en place en parte­nar­i­at avec Sci­ences-Po ; des con­trats d’apprentissage… La fon­da­tion France Télévi­sions est chargée « d’accompagner des pro­jets citoyens, notam­ment des asso­ci­a­tions sportives et cul­turelles qui œuvrent en faveur de la diver­sité. La fon­da­tion a égale­ment con­tribué à mieux faire con­naître les médias aux jeunes issus de quartiers dif­fi­ciles avec des journées portes ouvertes. »

Des fictions liées à la « mémoire »…

En novem­bre 2005, selon le « Bilan sur la diver­sité dans les médias audio­vi­suels français » du Club Aver­roès, Patrick de Car­o­lis, avait adressé une let­tre aux pro­duc­teurs d’émissions de flux pour qu’ils assurent une meilleure représen­ta­tion de la diver­sité française dans le pub­lic (acteur ou spec­ta­teur) par­mi les chroniqueurs, les présen­ta­teurs, etc. Dans le même reg­istre, une note du directeur de l’harmonisation des pro­grammes a formelle­ment invité les respon­s­ables du groupe fic­tion à insis­ter sur la néces­sité de faire engager notam­ment des acteurs issus de la diver­sité dans des rôles « non-dédiés » et notam­ment de « 1er rang ». Un engage­ment qui s’est illus­tré notam­ment au tra­vers la pro­gram­ma­tion de doc­u­men­taires tels que « Le pla­fond de verre ( France 5 ), « Nous sommes tous français ( France 3), mais égale­ment des émis­sions spé­ciales dédiées à la semaine de la diver­sité (France 3), ou l’émission « Au-delà de nos dif­férences » (France 2), etc. Le groupe France Télévi­sions a même décidé d’appuyer des « pro­jets emblé­ma­tiques de fic­tions, autour des ques­tions liées à la « mémoire » de la France », notam­ment sur le statut des familles de « Harkis » après l’indépendance de l’Algérie en 1962 et l’histoire de l’esclavage. Le groupe France Télévi­sions s’est engagé, par ailleurs, à dévelop­per des pro­duc­tions autour des per­son­nages de « Tou­s­saint Lou­ver­ture » ou de « l’Emir Abdelka­d­er ». Une stratégie de diver­sité basée sur la « redé­cou­verte du pat­ri­moine com­mun des français à tra­vers ses orig­ines et ses cul­tures divers­es » selon Patrick de Car­o­lis. Rap­pelons à ce pro­pos qu’à peine arrivé à la tête de France Télévi­sions, Pflim­lin dira du film sur Tou­s­saint Lou­ver­ture, qu’il avait pour but de « tor­dre le coup à la vérité his­torique au nom de la vraisem­blance idéologique » !

L’affaire Al Dura ou Carolis contre la LICRA…

En tant que prési­dent de France Télévi­sions, Patrick de Car­o­lis a subi durant son man­dat les pres­sions de la Ligue inter­na­tionale con­tre le racisme et l’an­tisémitisme (LICRA) pour avoir des éclair­cisse­ments sur l’affaire Al Dura. En 2000, un reportage de France 2 filmé à Gaza par le cam­era­man pales­tinien Talal Abou Rah­ma, mon­té et com­men­té par Charles Ender­lin, le cor­re­spon­dant de la chaîne en Israël et dif­fusé au jour­nal de 20h de France 2, avait mon­tré un enfant mourir à Gaza dans les bras de son père fauché par des balles en prove­nance d’une posi­tion mil­i­taire israéli­enne, le père étant, lui, griève­ment blessé. Depuis plus d’une dizaine d’années, les insti­tu­tions juives français­es ten­tent de mon­tr­er que ce reportage était un faux. En juil­let 2008, reprenant les travaux de Philippe Karsen­ty, ani­ma­teur du site Medias-Rat­ings, Richard Prasquier, prési­dent du CRIF, organ­ise une con­férence de presse où sont présen­tés des élé­ments (films, images, témoignages d’experts) qui met­tant sérieuse­ment en ques­tion la thèse de France 2. « Richard Prasquier invite France 2 à con­stituer, avec le CRIF, une com­mis­sion d’experts, qui sera à même de faire toute la lumière pos­si­ble sur cette ténébreuse affaire. Dans un pre­mier temps, Patrick de Car­o­lis rejette cette idée, puis accepte, à con­tre cœur, cette procé­dure. En sep­tem­bre 2008, des réu­nions sont organ­isées sous l’égide de Patrick Gaubert, prési­dent de la LICRA, entre des représen­tants du CRIF et de France Télévi­sions pour met­tre au point un pro­to­cole de mise en place et de fonc­tion­nement de cette com­mis­sion. » (Infor­ma­tion Juive, décem­bre 2009) Au bout de six mois, « sous la pres­sion de Richard Prasquier, les dirigeants de France Télévi­sions affir­ment qu’ils vont entre­pren­dre les démarch­es per­me­t­tant à Jamal Al-Dura [le père pales­tinien] de venir en France pour être soumis à des exa­m­ens médi­caux. Les mois passent, et ne voy­ant rien venir, au mois de juin 2009, Richard Prasquier s’enquiert auprès de Patrick de Car­o­lis de l’avancement de la procé­dure visant à faire venir Jamal Al-Dura à Paris. Dans sa réponse, datée du 5 août 2009, Patrick de Car­o­lis explique le retard pris dans l’organisation de la venue en France de Jamal Al-Dura par “sa séden­tar­ité con­trainte à Gaza”, enten­dez le blocage du ter­ri­toire par Israël, qui l’empêcherait de venir faire renou­vel­er son passe­port à Ramal­lah. Ren­seigne­ment pris, il se révèle qu’aucune demande de lais­sez-pass­er pour Jamal Al Dura n’a été sol­lic­itée par France 2 auprès de l’administration israéli­enne. Cette dernière, par la voix du min­istère des affaires étrangères, informe Richard Prasquier qu’elle ne met­trait aucun obsta­cle aux déplace­ments de M. Al Dura. Mal­gré tout cela, au cours de l’été 2009, Charles Ender­lin est décoré de la Légion d’honneur, un signe que le pou­voir sou­tient le jour­nal­iste de France 2. Patrick de Car­o­lis, qui brigue un nou­veau man­dat à la tête de France Télévi­sions a pris bonne note de la posi­tion offi­cielle. Au dia­ble, donc, les accords avec le CRIF, il faut tenir jusqu’à ce que la Cour de cas­sa­tion se prononce sur l’arrêt de la cour d’appel, défa­vor­able à France 2, une déci­sion dont on espère que, cette fois, elle sera con­forme aux vœux de la chaîne. » En juil­let 2010, le séna­teur Jean-Pierre Plan­cade a alerté le nou­veau prési­dent de France Télévi­sions, Rémy Pflim­lin. L’ancien ambas­sadeur d’Israël Elie Bar­navi s’est vu refuser la réou­ver­ture du dossier par France 2.

Mis en examen pour favoritisme

En avril 2014, Patrick de Car­o­lis est mis en exa­m­en pour favoritisme. En cause, des con­trats signés dés l’an­née 2008 par France Télévi­sions avec des sociétés comp­tant dans leurs rangs des anciens mem­bres de l’au­dio­vi­suel pub­lic. Par­mi elles, Byg­malion, qui fait déjà l’ob­jet de soupçons de sur­fac­tura­tion auprès de l’UMP. Dans le cadre de cette infor­ma­tion judi­ci­aire, Le Point révèle le 26 mai 2014 que Patrick de Car­o­lis aurait touché près de 120 000 euros de la société Byg­malion entre 2011 et 2012.

Il est con­damné en 2017 à cinq mois de prison avec sur­sis et 25.000 € d’amende dans le cadre de cette affaire ; il a annon­cé par le biais de son avo­cat qu’il ferait appel.

Président de l’Académie des Beaux-Arts

Mal­gré ses déboires judi­ci­aires, il est nom­mé le 10 jan­vi­er 2018 à la prési­dence de l’Académie des Beaux-Arts dont il est mem­bre libre depuis 2010 et vice-prési­dent depuis 2017. Le 13 décem­bre 2017 il a aus­si été recon­duit pen­dant cinq ans à la direc­tion du musée Mar­mot­tan-Mon­et (Paris XVIe) qu’il dirige depuis 2013. Depuis sa prise de fonc­tion, la fréquen­ta­tion a aug­men­té de 40% grâce à plusieurs expo­si­tions tem­po­raires in situ et un redé­ploiement des collections.

Parcours militant

Patrick de Car­o­lis a été élu con­seiller munic­i­pal de Roca­madour en 2001, où il pos­sède une vil­lé­gia­ture, alors même… qu’il n’était pas can­di­dat (dans les com­munes de moins de 2500 habi­tants, on peut en effet vot­er pour quelqu’un qui ne se présente pas). Il a été l’un des ini­ti­a­teurs du fes­ti­val « les Éclec­tiques de Roca­madour » (2001–2010). Grâce à ce fes­ti­val « il s’est con­sti­tué un réseau très dense, élus, per­son­nal­ités de la cul­ture, pro­duc­teurs, “proche de celui d’un min­istre des Affaires étrangères” », « Patrick de Car­o­lis, télé-guidé » (Libéra­tion, 26 sep­tem­bre 2005).

Mais le par­cours poli­tique de l’ancien prési­dent de France Télévi­sions ne s’arrête pas là. L’Arlésien est élu maire de sa ville de nais­sance en 2020, après un sec­ond tour qui l’opposait à Nico­las Koukas, héri­ti­er désigné du maire sor­tant com­mu­niste Hervé Schi­avet­ti. De Car­o­lis met ain­si fin à dix-neuf ans de main­mise com­mu­niste sur la petite Rome des Gaules. L’homme a réus­si à capter les voix de LR et du FN grâce à un dis­cours sécu­ri­taire et volon­tariste, cou­plé à un désir de relance économique de la plus vaste com­mune de France. Son car­net d’adresses dans le milieu de la cul­ture lui a per­mis d’être audi­ble au-delà de sa base droitière. Ain­si, l’ex-ministre de la Cul­ture Françoise Nyssen, patronne des édi­tions Actes Sud fondée à Arles par son père en 1978, assiste à sa céré­monie d’investiture en juil­let 2020.

Ce qu’il gagne

Il touchait un salaire de 300.000 euros par an (dont 240.000 € fix­es) comme prési­dent de France Télévi­sions, a révélé BFMTV Busi­ness en 2016.

Publications

  • Con­ver­sa­tion avec Bernadette Chirac, Omnibus, 2001
  • Les demoi­selles de Provence, Plon, 2005. [En août 2005, un his­to­rien, Jean-Yves Roy­er, « bon con­nais­seur de “son his­toire”, a trou­vé des simil­i­tudes étranges avec un roman de 1963, tou­jours paru chez Plon, et écrit par Mathilde Thyde-Mon­nier dont le titre était “La ferme des autres reines” », Le Canard enchaîné, 24 aout 2005]
  • Refuge pour temps d’orage, Plon, 2009
  • La Dame du Palatin, Plon, 2011. [En novem­bre 2011, la veuve de Pierre Gri­mal, his­to­rien spé­cial­iste de l’an­tiq­ui­té, l’accuse d’avoir pil­lé plusieurs ouvrages de son mari (175 emprunts selon elle), dont L’Amour à Rome (Les Belles Let­tres, 1979) pour nour­rir ce roman his­torique. Elle ira jusqu’à deman­der 269 000 euros d’in­dem­nités et le retrait du livre pour ce « pla­giat car­ac­térisé » et ces « repro­duc­tions serviles »] Elle perd son procès au print­emps 2013 et est con­damnée à vers­er 6000 € à Patrick de Car­o­lis et 3 000 € à son édi­teur (Plon) au titre des frais de justice].
  • Letizia R. Bona­parte, éd. Plon, 2015.
  • Les Ailes intérieures, éd. Plon, 2016.

Il l’a dit

Sur l’affaire Byg­malion : « Je ne présente pas ma défense, je dis sim­ple­ment le temps du soupçon et ses affres, une con­séquence de l’im­mé­di­ateté que la presse s’im­pose : per­son­ne n’a pris la peine de me télé­phon­er pour con­naître ma ver­sion des faits. Pas même les grands jour­nal­istes qui se dis­aient mes amis. Cela fait deux ans que je déguste, que je ne tra­vaille plus dans les médias à cause de ce soupçon. J’en ai assez d’en­ten­dre tant d’in­co­hérences, et par­fois de men­songes », Le Parisien, 7 sep­tem­bre 2016

« Depuis cinq ans, nous avons appliqué, avec toutes les équipes de France Télévi­sions, la stratégie que j’avais pro­posée au CSA sans en dévi­er d’un iota. Aujour­d’hui, la cul­ture sur les chaînes publiques, ce n’est plus “l’été, la nuit”, comme le dis­ait il y a quelques années la philosophe Cather­ine Clé­ment dans un rap­port, mais “le jour, le soir en semaine et toute l’an­née”. Nous avons eu cinq ans d’ex­trêmes tur­bu­lences et pour­tant nous avons ren­du des comptes équili­brés en 2009 avec un résul­tat net de 19,6 mil­lions d’eu­ros. Nous avons bâti l’en­tre­prise unique et main­tenu l’au­di­ence des chaînes en changeant le vis­age de la pro­gram­ma­tion », « Oui, Car­o­lis se voit bien prési­dent de France Télévi­sions », Téléra­ma, 8 juin 2010

« Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de dif­férence entre la télévi­sion de ser­vice pub­lic et les télévi­sions privées [Nico­las Sarkozy avait déclaré : « Je trou­ve que les pro­grammes de France Télévi­sions ressem­blent encore trop aux pro­grammes d’une chaîne privée. »], je trou­ve cela faux, je trou­ve cela injuste, et je trou­ve cela stu­pide », « L’Elysée prend l’an­tenne de France Télévi­sions », Téléra­ma, 24 avril 2010.

« Au-delà de la forme, par­ti­c­ulière­ment déplaisante, avec laque­lle Mon­sieur Vin­cent Peil­lon, député européen, a refusé de par­ticiper au débat organ­isé hier soir sur France 2 alors qu’il devait y représen­ter le Par­ti social­iste, cette déser­tion pose un grave prob­lème de fond sur lequel je souhait­erais obtenir votre éclairage. La télévi­sion publique a, comme vous le savez, pour mis­sion d’organiser et de faire vivre le débat pub­lic. Or, elle doit pour cela pou­voir exercer sa pleine lib­erté édi­to­ri­ale dans le strict respect des règles du plu­ral­isme fixées et con­trôlées par le Con­seil supérieur de l’audiovisuel. Dans ce con­texte, soit l’attitude de Mon­sieur Peil­lon est une ini­tia­tive per­son­nelle et elle n’aura pas d’autre reten­tisse­ment que celui que l’opinion voudra bien lui don­ner, soit elle est le fruit d’une déci­sion réfléchie et con­certée du par­ti poli­tique dont vous avez la charge. Les pro­pos de Vin­cent Peil­lon qui a déclaré vous avoir infor­mée de sa déci­sion il y a plus de 48 heures et le sou­tien pub­lic que vous venez de lui apporter par voie de dépêche de presse le lais­sent enten­dre. Si tel est vrai­ment le cas, le boy­cott volon­taire des antennes de France Télévi­sions par un élu social­iste men­ace le fonc­tion­nement même du débat démoc­ra­tique dans les médias audio­vi­suels qu’ils soient publics ou privés. (…) Je ne men­tionne évidem­ment pas les ter­mes util­isés par Mon­sieur Vin­cent Peil­lon pour qual­i­fi­er la télévi­sion publique mais j’aimerais savoir si vous-même et le Par­ti Social­iste cau­tion­nez cet appel à la démis­sion col­lec­tive. Un tel appel à la démis­sion de respon­s­ables audio­vi­suels et de jour­nal­istes est je crois sans précé­dent depuis quelques dizaines d’années », « Après le clash de Peil­lon, Patrick de Car­o­lis écrit à Aubry », Rue89, 15 jan­vi­er 2010

Collaborations

2019 : Assiste au con­cert de la Fon­da­tion Prince Albert II de Mona­co à la salle Gaveau.

2015 : Invité au Bal Jaune de la FIAC (Foire inter­na­tionale d’Art Con­tem­po­rain), organ­isé par la Fon­da­tion Ricard à l’hôtel Salomon de Roschild. Par­mi les invités, les frères Kar­mitz, dirigeants du groupe MK2, Guil­laume Durand ou encore Julie Gayet.

2012 : Invité au salon du livre 2012 de l’antiracisme et de la diver­sité organ­isé par la Ligue inter­na­tionale con­tre le racisme et l’an­tisémitisme (LICRA) Paris.

Sep­tem­bre 2010 : Mem­bre du jury « J’aime mon pat­ri­moine », série de 60 por­traits de Français pas­sion­nés par la sauve­g­arde et la mise en valeur d’éléments de notre pat­ri­moine par­rainée par la banque CIC, et dif­fusée sur France Télévi­sions.

Jan­vi­er 2010 : Invité à la céré­monie de Com­mé­mora­tion en mémoire des vic­times de la Shoah organ­isée au siège de l’UNESCO à Paris et organ­isée par la Délé­ga­tion per­ma­nente d’Israël auprès de l’UNESCO. Patrick de Car­o­lis a présen­té en avant-pre­mière, un doc­u­men­taire-fic­tion : « La Résis­tance face à la Shoah : Quand il fal­lait sauver les Juifs »

Novem­bre 2009 : Patrick de Car­o­lis, prési­dent de France Télévi­sions, a par­ticipé, aux côtés du Grand Maître du Grand Ori­ent de France Pierre Lam­bic­chi et du Grand Maître de l’Ordre mixte inter­na­tion­al du Droit humain Michel Payen, à la pro­jec­tion, en avant-pre­mière, du film « Blanche Mau­pas » (tiré du livre de Séry et More­au, Blanche Mau­pas, la veuve de tous les fusil­lés), au siège du Droit humain

Sa nébuleuse

Mem­bre du Club Le Siè­cle : Mem­bre de ce club fondé en 1944, réu­nis­sant, depuis plus de 60 ans, la qua­si-total­ité du pou­voir poli­tique, économique, financier ou médi­a­tique français. Soit env­i­ron 600 per­son­nes qui con­cen­trent entre leurs mains l’essentiel du pou­voir. Tout gou­verne­ment, qu’il soit de droite ou de gauche, a du tiers à la moitié de ses mem­bres qui y appar­tient. (Au cœur du pou­voir, Emmanuel Rati­er). D’autres jour­nal­istes par­ticipent à ces dîn­ers men­su­els comme Lau­rent Jof­frin, David Pujadas (France 2), Michel Field (Europe 1), Arlette Chabot (Pub­lic Sénat), Alain-Gérard Sla­ma (Le Figaro, France Cul­ture), Claude Imbert (Le Point), Franz-Olivi­er Gies­bert (Le Point, France 2), Emmanuel Chain (présen­ta­teur)

Admin­is­tra­teur bénév­ole de CARE France (« une des plus impor­tantes organ­i­sa­tions de sol­i­dar­ité inter­na­tionale ») depuis 2004. En 2011, il réalise sa pre­mière mis­sion human­i­taire au Bénin.

Mem­bre du comité de par­rainage de l’UNICEF France

Elu mem­bre de l’A­cadémie des beaux-arts en 2010, dans la sec­tion VI, Mem­bres libres, au fau­teuil occupé précédem­ment par André Bettencourt

Le jour­nal­iste Patrice Duhamel : « Des vrais amis de trente ans. Car­o­lis et Duhamel se sont con­nus en 1975 à TF1 et ne se sont jamais plus quit­tés. (…) Comme d’autres refont le monde, Duhamel et Car­o­lis refont la télé publique en fin de repas », « Patrick de Car­o­lis, téléguidé », Libéra­tion, 26 sep­tem­bre 2005.

Ils ont dit

« Il m’a viré en dis­ant que c’était une forme d’escroquerie de tra­vailler à la fois chez Paris Pre­mière et chez France 2. Et en fait l’avenir a mon­tré que l’escroc c’était lui, parce qu’il a été impliqué dans l’affaire Byg­malion. Pas moi », Thier­ry Ardis­son, France 2, 09/09/2018, au sujet de son évic­tion de France 2 par Patrick de Car­o­lis en 2006.

« Franche­ment, qui peut dire que Patrick de Car­o­lis n’a pas agi en toute indépen­dance depuis cinq ans ? » Dominique Baud­is, « Dominique Baud­is : “On a sou­vent dit que le pou­voir dic­tait ses choix au CSA, c’est faux” », Téléra­ma, 28 mai 2010

« On oppo­sait le can­di­dat à par­tic­ule, catholique, père de famille nom­breuse et auto­di­dacte (Patrick de Car­o­lis) à l’énarque poly­tech­ni­cien com­pé­tent et branché sur le Paris intel­lo (Marc Tessier). Patrick de Car­o­lis incar­nait pour ces gens-là tout ce qu’un petit milieu cul­turel et médi­a­tique parisien n’aimait pas », Ibid.

« Bernadette Chirac ne m’a jamais appelé. Pas plus que sa fille Claude, qui soute­nait Marc Tessier, ou que son mari, qui est resté à l’écart de cette nom­i­na­tion. Patrick de Car­o­lis ne dis­po­sait d’aucun appui dans l’appareil d’Etat. Il pou­vait en revanche compter sur le sou­tien de cer­tains pro­fes­sion­nels de l’audiovisuel. Quant à madame Chirac, elle n’a pas appuyé sa can­di­da­ture mais elle est effec­tive­ment inter­v­enue quand les sou­tiens de Marc Tessier se sont man­i­festés de manière trop voy­ante, pour faire pass­er un mes­sage : “On ne s’occupe pas de cette his­toire. On laisse le CSA faire son tra­vail” ‚» Ibid.

« Le chef de l’E­tat [Nico­las Sarkozy] ne con­naît pas bien Patrick de Car­o­lis. Il n’a déje­uné qu’une fois avec lui, au lende­main de sa nom­i­na­tion à la tête de la télévi­sion publique, le 24 août 2005, alors qu’il était encore min­istre de l’In­térieur : “Votre boulot est for­mi­da­ble, vous allez faire des trucs fan­tas­tiques !” Il l’a ensuite croisé lors d’émis­sions poli­tiques… c’est tout. L’ex-ani­ma­teur des Racines et des ailes “a tout pour lui déplaire, analyse Michaël Dar­mon, il a été nom­mé sous l’ère Chirac, il est grand, fin, classe, et a un nom à par­tic­ule… au fond très villepinien !Mais il est pop­u­laire. Et Nico­las Sarkozy aime les gens pop­u­laires », Ibid.

« Il y a aus­si de bonnes nou­velles très récentes pour ceux qui souhait­ent que la vérité soit révélée [la mort d’un enfant pales­tinien Mohammed al Dura à Net­zarim dans la bande de Gaza en 2000] : Patrick de Car­o­lis et Arlette Chabot ont été rem­placés », « Philippe Karsen­ty : “Al Dura : France 2 doit recon­naitre son erreur” » crif.org

« Pour que le compte soit bon, et l’heure des comptes n’a pas encore son­né, il faut qu’il se sou­vi­enne d’une émis­sion du ser­vice pub­lic que j’ai beau­coup regardée qui s’ap­pelait des chiffres et des let­tres (…) ça veut dire que, main­tenant, il est temps que l’équipe de Patrick de Car­o­lis se mette au tra­vail sur le con­tenu », Frédéric Lefeb­vre (un des porte-parole de l’UMP en juil­let 2008).

« Une vis­i­ble jubi­la­tion accom­pa­gne le coup de théâtre. Car c’en est un : ni la min­istre de la Cul­ture, Chris­tine Albanel, ni le prési­dent de France Télévi­sions n’ont été prévenus. Par la même occa­sion, Patrick de Car­o­lis apprend que le sort de son suc­cesseur, si ce n’est le sien avant la fin de son man­dat, ne dépend plus du Con­seil supérieur de l’audiovisuel (CSA) mais du pou­voir exé­cu­tif. C’est-à-dire que, déjà coprince d’Andorre et chanoine du Latran, Nico­las Sarkozy devient, par sur­croît, le vrai patron de la télévi­sion publique française », « La réforme de France Télévi­sions, une magis­trale et vaine par­tie de bil­lard », La revue Médias, n°20.

« Ce n’est un secret pour per­son­ne que le com­man­dant du paque­bot insup­porte le prési­dent de la République. Patrick de Car­o­lis — déjà, cette par­tic­ule ! — a con­tre lui d’avoir été intro­n­isé par un CSA chi­raquien, d’être pro­tégé par Bernadette et coupable d’avoir lais­sé « les socia­los de France 3 » faire per­dre les dernières élec­tions munic­i­pales à l’UMP. Si l’état-major de Car­o­lis met en avant le cadeau « promis de longue date » à TF1 et à M6, il admet, quoique avec embar­ras, l’hypothèse du camp d’en face. À savoir un coup de Jarnac, asséné à une insti­tu­tion qui rebute, de pied en cap, Nico­las Sarkozy. On évoque, à mots cou­verts, cer­taines sug­ges­tions faites par le prési­dent (de la télé) dont le prési­dent (de la République) se serait servi con­tre leur auteur », Ibid.

Pho­to en une : crédit Siren-Com via Wiki­me­dia (cc)

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