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Accueil | Portraits | Gaël Brustier

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23 mars 2021

Temps de lecture : 9 minutes

23 mars 2021

Accueil | Portraits | Gaël Brustier

Gaël Brustier

Temps de lecture : 9 minutes

La droitisation invisible

Politologue né en 1978, l’homme a longtemps louvoyé entre plusieurs chapelles de la gauche souverainiste, dans l’espoir de rénover une sociale-démocratie acquise au néolibéralisme. Apparenté aux populistes de gauche, le regard braqué vers l’Amérique du Sud, Gaël Brustier est l’homme d’une idée : la droite a retenu les leçons de Gramsci et gagné la bataille culturelle. Peu importent les flux migratoires, l’arbitraire fiscal ou les entailles à la filiation, Brustier persiste et signe. Avec la bénédiction du Figaro et des catholiques des Éditions du Cerf.

Formation

Il passe sa pri­maire et son col­lège dans la ville de son enfance, Gueugnon, puis valide son bac­calau­réat général au lycée Léon Blum du Creusot, sa ville de naissance.

Il est admis à l’IEP du Stras­bourg en 1996 et en ressort diplômé qua­tre ans plus tard. Doc­teur en sci­ences poli­tiques, il a soutenu en 2009 une thèse por­tant sur Con­sti­tu­tion Européenne à l’Université de Strasbourg.

Parcours professionnel et militant

Gaël Brusti­er est chercheur spé­cial­iste des droites en sci­ences poli­tiques à l’Université Libre de Brux­elles. Il est inter­venu et con­tin­ue à appa­raître à ce titre dans divers médias audio­vi­suels (France Inter, LCI), tout en étant con­tribu­teur réguli­er de Slate. Il tient une chronique dans le jour­nal catholique La Vie.

Il aime à se présen­ter comme le créa­teur d’EUROSUR, une entre­prise coopéra­tive spé­cial­isée dans le développe­ment des parte­nar­i­ats entre Europe et Amérique latine. La nature de ses parte­nar­i­ats n’est jamais définie claire­ment, même si l’on peut infér­er qu’il s’agit avant tout d’alliances poli­tiques tant l’Amérique du Sud est le lab­o­ra­toire de l’extrême-gauche internationale.

De Chevènement à Mélenchon

Après avoir été séduit par la ligne de Philippe Séguin, il milite au RPR avant de se met­tre au ser­vice des deux par­tis fondés par Jean-Pierre Chevène­ment : le Mou­ve­ment des Citoyens (MDC), puis le Mou­ve­ment Répub­li­cain et citoyen (MRC), dont il est secré­taire général.

Il change de mon­ture en 2006 en prenant sa carte au Par­ti Social­iste. Il se rap­proche de Mon­te­bourg et devient son directeur de cab­i­net adjoint, puis son directeur opéra­tionnel de cam­pagne lors de la pri­maire social­iste de 2011. A la même péri­ode, il est aus­si le secré­taire du par­ti dans sa région natale du Charo­lais. Suite à l’échec de Mon­te­bourg aux pri­maires, il est remer­cié. Il déplore le manque de con­sis­tance idéologique de son ancien poulain : « Il n’a pas de fil­i­a­tion intel­lectuelle bien définie. Ce n’est pas un théoricien. Il met en musique des trucs qui son­nent bien. C’est un DJ de la poli­tique » (Le Vicomte de Maude Guillemin, édi­tions du Moment, 2015).

Il entre alors en con­tact avec Julien Dray, qu’il s’emploie à sen­si­bilis­er au sou­verain­isme. De 2012 à 2015, il est chargé de mis­sion au cab­i­net de Julien Dray, alors con­seiller du vice-prési­dent à la cul­ture pour la région Île de France. Il siège con­comi­ta­m­ment au Con­seil Nation­al du PS, où il représente l’aile gauche du parti.

Frus­tré par l’immobilisme et la frilosité des social­istes, surtout sur les ques­tions européennes, il par­ticipe à la cam­pagne de Jean-Luc Mélen­chon. Toute­fois, son expéri­ence au Média, relais offi­ciel des Insoumis fondé dans le sil­lage de la cam­pagne, tourne court, la faute à l’autori­tarisme de Sophia Chikirou, celle qui fut la direc­trice de com­mu­ni­ca­tion de Mélen­chon lors de la campagne.

Publications

  • Les social­istes, les alter­mon­di­al­istes et les autres : entre Amérique latine et Europe, Bruno Lep­rince, 2008.
  • Recherche le peu­ple dés­espéré­ment, François Bourin, 2008.
  • Voy­age au bout de la droite : des paniques morales à la con­tes­ta­tion droitière, Mille et une nuits, 2011.
  • La guerre cul­turelle aura bien lieu : l’occidentalisme ou l’idéologie de la crise, Mille et une nuits, 2013.
  • Le mai 68 con­ser­va­teur : que restera-t-il de la Manif pour tous ?, Le Cerf, 2014.
  • À demain Gram­sci, Le Cerf, 2015.
  • #Nuit debout : que penser ?, Le Cerf, 2016.
  • Le désor­dre idéologique, Le Cerf, 2017.

Collaborations

  • Invité d’une table ronde sur le thème « Droiti­sa­tion de la société ou de l’offre poli­tique ? », 8 novem­bre 2013
  • Invité d’une table ronde sur le thème « La Deux­ième gauche : fig­ures et moments d’une his­toire intel­lectuelle » organ­isé par la Fon­da­tion Jean Jau­rès, 15 févri­er 2014
  • Con­férence autour de son livre « Le Désor­dre idéologique » organ­isée par la Nou­velle Action Roy­al­iste, 6 décem­bre 2017

Il l’a dit

« Limag­i­naire col­lec­tif, les représen­ta­tions sociales ont bas­culé à droite. Dès quune colère sociale émerge, cette mou­vance droitière est en mesure de lui don­ner un sens et den tir­er prof­it. En clair, la droite est désor­mais en sit­u­a­tion de dom­i­na­tion cul­turelle. Ses capac­ités dencadrement se sont con­sid­érable­ment dévelop­pées lannée passée avec la «Manif pour tous». », Libéra­tion, 12 novem­bre 2013

«Nuit Debout a été organ­isé dès le 31 mars par des gens qui ont pleine­ment con­science de l’avalanche de défaites cul­turelles, idéologiques, poli­tiques et élec­torales de la gauche sur la dernière péri­ode. Cette pleine con­science des choses amène à entre­pren­dre une opéra­tion mil­i­tante bien menée et à sus­citer ain­si ce mou­ve­ment. Nuit Debout est à la fois, par lacte de sur­saut qui est à son orig­ine, l’en­fant des défaites de la gauche et d’une volon­té plus dif­fuse de par­tic­i­pa­tion au débat pub­lic, de remise en cause du mau­vais fonc­tion­nement de notre démoc­ra­tie et d’un système économique pro­duc­tiviste qui n’est plus légitime à leurs yeux.», Atlanti­co, 7 mai 2016.

« On a sou­vent dit de Buchanan ou Trump qu’ils étaient racistes ou xéno­phobes. Il ne faut jamais sous-estimer ce type de levi­er idéologique dans la société nord-améri­caine. Il est des petites villes de Penn­syl­vanie, oщ une dis­crim­i­na­tion raciale était encore explicite­ment en vigueur au début des années 1970 (la Penn­syl­vanie est pour­tant un État du Nord). Les SDF étaient tous, ou presque, afro-améri­cains voici vingt ans, а Philadel­phie, ce qui a con­sid­érable­ment changé et démon­tre la muta­tion de la société états-uni­enne. La carte de la mor­tal­ité infan­tile, Emmanuel Todd la maintes fois souligné, ne sest émoussée dans sa spec­tac­u­laire dif­férence entre quartiers noirs et blancs, quavec la crise. Sédi­men­ta­tions suc­ces­sives dun passé qui, décidément, ne passe pas, la ques­tion raciale et raciste tra­vaille puis­sam­ment la société améri­caine. », Slate, 31 jan­vi­er 2017.

« Les Iden­ti­taires sont les révéla­teurs d’une évo­lu­tion européenne ain­si que d’une muta­tion des représen­ta­tions col­lec­tives dans nos sociétés. Ils ten­tent de tir­er par­ti des paniques morales qui minent nos sociétés (sou­vent en rap­port avec l’islam, mais aus­si avec les muta­tions « socié­tales »), comme ils ten­tent de servir de pois­son-pilote dans une péri­ode de rad­i­cal­i­sa­tion des droites par­lemen­taires, notam­ment de la droite française.
En ce sens, ils con­tribuent, dans les réseaux mil­i­tants de la droite rad­i­cal­isée et de l’extrême-droite, à façon­ner des élé­ments de répons­es et d’explication à la « crise » à par­tir du déclin­isme, d’affirmations uchroniques (c’est-à-dire faisant référence à un temps qui n’a pas existé) et de l’idée que des solu­tions pure­ment locales peu­vent être dévelop­pés. », Le Désor­dre Idéologique, pp. 27–28, Le Cerf, 2017.

« Le gaul­lo-com­mu­nisme comme fait his­torique est а rel­a­tivis­er, sa réi­fi­ca­tion et son instru­men­tal­i­sa­tion aux fins dun pro­jet poli­tique authen­tique­ment néolibéral est en revanche а con­sidérer comme lun des pio­ns du grand jeu de la guerre cul­turelle qui se livre des ronds-points du pays aux cer­cles ger­manopratins et plateaux bavards en continu.
Les «gilets jaunes» ne sont pas moins que le reste du peu­ple franзais imprégnés de ce pro­jet gaul­lo-com­mu­niste; ils lintè­grent а leur idéolo­gie pro­pre. Oui, les «gilets jaunes» sont aus­si les enfants de De Gaulle et Thorez. », Slate, 23 jan­vi­er 2019

Sa nébuleuse

Son coau­teur et com­plice Jean-Philippe Huelin pro­fesseur d’his­toire-géo­gra­phie dans le Jura, vice-prési­dent d’E­CLA chargé des affaires cul­turelles et con­seiller délégué de Lons-le-Saunier.

Brusti­er appar­tient à divers cer­cles de pen­sée mar­qués à gauche, notam­ment la Fon­da­tion du 2 Mars, anci­en­nement Fon­da­tion Marc Bloch, pen­dant répub­li­cain de la fon­da­tion Saint Simon. Philippe Ray­naud, éphémère prési­dent de la fon­da­tion entre 2003 et 2005, incar­ne cette affinité entre les deux entités. Ten­tant de dépass­er le cli­vage droite-gauche à ses débuts, elle perdit peu à peu de sa superbe avec le déclin du séguin­isme et l’accession à la prési­dence d’Élis­a­beth Lévy au milieu des années 2000.

Les mem­bres les plus à gauch­es de la Fon­da­tion ont reflué par la suite vers la Fon­da­tion Res Pub­li­ca, dont Brusti­er est, en toute logique, mem­bre du con­seil sci­en­tifique. Il est un des experts de l’Observatoire des rad­i­cal­ités poli­tiques, une éma­na­tion de la Fon­da­tion Jean Jau­rès dirigée par Jean-Yves Camus, aux côtés de l’anticomplotiste de com­bat Rudy Reich­stadt.

Il a été con­tribu­teur d’un rap­port com­mandé par le think tank européen FEPS sur le rap­port au « gen­der » dans les mou­ve­ments d’extrême droite en France.

Il est mem­bre d’ATTAC, vénérable asso­ci­a­tion ant­i­cap­i­tal­iste, et est prend part à ce titre à ses uni­ver­sités d’été et journées d’études.

Enfin, il a ani­mé un con­fi­den­tiel « Cen­tre d’études sur la République, l’internationalisme, le social­isme et l’Europe ».

Ils ont dit

« La plume de Gaël Brusti­er dans Slate est alerte mais trem­pée damer­tume et un rien gogue­narde : il sagit de garder les rieurs de son côté pen­dant que les jeunes ten­tent d’éteindre lincendie. Répétez après moi : où se situe le camp du bien ? Voilà vous avez com­pris, partout sauf à la Manif pour tous. », Aleteia, 16 sep­tem­bre 2015

« Intel­lectuel engagé à gauche, l’au­teur du Mai 68 con­ser­va­teur est aus­si l’un des meilleurs obser­va­teurs de la droite française », Alexan­dre Devec­chio, Le Figaro, 22 décem­bre 2017

« euh… @Gaelbrustier tu m’en­voies un mes­sage à l’in­stant dans lequel tu par­les des con­di­tions de rémunéra­tion. Plutôt que de surfer sur la vague du moment, tu ne crois pas qu’on par­le avant non ? Tu as signé un con­trat il y a qqs semaines et n’a jamais rien dit sur le salaire.
la semaine dernière tu dis­ais encore vouloir te con­sacr­er davan­tage au nou­veau site et écrire des papiers. Franche­ment, ta façon de faire est décon­cer­tante. » Sophia Chikirou, Jour­nal de Saône et Loire, 14 mars 2018

Illus­tra­tion : cap­ture d’écran vidéo “La mémoire des luttes” (2015)

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