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Accueil | Portraits | Fabienne Pascaud

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24 février 2023

Temps de lecture : 6 minutes

24 février 2023

Accueil | Portraits | Fabienne Pascaud

Fabienne Pascaud

Temps de lecture : 6 minutes

Papesse féministe de Télérama

Le début 2023 est marqué par des changements de tête au sein de la direction de certains titres importants de notre presse nationale. Serge Halimi a cédé la main à Benoît Bréville à la tête du Monde diplomatique et Fabienne Pascaud se retire de son poste de directrice du monument de conformisme Télérama après dix-sept ans de direction.

Origines et formations

Fabi­enne Pas­caud voit le jour le 1er juil­let 1955 à Paris en pleine guerre d’Al­gérie. Son père est alors offici­er de l’ar­mée. Elle effectue son cycle sec­ondaire au lycée Fénelon avant d’obtenir une maîtrise de let­tres à la Sor­bonne. Enfin, elle achève son cur­sus par un pas­sage à l’IEP de Paris.

Parcours professionnel

C’est en 1978 que Pas­caud intè­gre la rédac­tion de Téléra­ma pour ne plus la quit­ter. Elle est alors pigiste, et c’est à ce moment-là qu’elle ren­con­tre Louis Dan­drel, qui devien­dra son mari. En 1980, à la veille de l’ar­rivée aux affaires de la gauche, elle est affec­tée au ser­vice « ciné­ma ». Elle devient ensuite rédac­trice en chef adjointe au ser­vice « cul­ture » puis, en 2001, elle est propul­sée rédac­trice en chef. Enfin, en 2006, elle devient direc­trice de la revue, poste qu’elle quitte en décem­bre 2022 ayant atteint la lim­ite d’âge autorisée. Pour autant, elle ne quitte pas la revue et rede­vient une chroniqueuse de théâtre et de littérature.

Durant les dix-sept années passées à la tête de Téléra­ma, Fabi­enne Pas­caud s’il­lus­tre par un man­age­ment « cas­sant », « impa­tient », qu’elle veut expli­quer par la haute idée qu’elle a de Téléra­ma (Libéra­tion, 5 févri­er 2023). Cette haute idée jus­ti­fie bien une ges­tion stricte, quitte à poten­tielle­ment ren­tr­er en oppo­si­tion avec ses idées, qu’elle admet, sans les nom­mer, être de gauche.

Out­re son office chez Téléra­ma, Fabi­enne Pas­caud est aus­si une grande amie du ser­vice pub­lic. Entre 1989 et 1911, elle con­cilie sa pas­sion pour le théâtre (rap­pelons qu’a­vant de devenir jour­nal­iste, ce sont les planch­es qui lui fai­saient de l’œil) avec sa cas­quette de pro­duc­trice en met­tant sur les antennes de France 2 l’émission 1,2,3, théâtre… Notons aus­si que, depuis 2015, elle occupe un poste de chroniqueuse dans l’émis­sion lit­téraire Le masque et la plume, dif­fusée sur France Inter. Enfin, par sa cas­quette de roman­cière, elle se fait régulière­ment inviter sur France Cul­ture, Radio Clas­sique ou encore France Musique. Elle a égale­ment tenu une chronique sur Europe 1.

Collaborations

Avec l’INA elle établit des por­traits de met­teurs en scène et d’ac­teurs dif­fusés sur Arte et France 3. En 2020, elle tient son pro­pre rôle dans un épisode de la série Dix pour cent dif­fusé sur France 2.

Parcours militant

En tant qu’in­ter­venante régulière du ser­vice pub­lic, nous n’avons pas de sur­prise en apprenant que Pas­caud avoue « une nos­tal­gie pour les années Jack Lang » (Libéra­tion, 5 févri­er 2023). De gauche, sans « révéler son vote », Fabi­enne Pas­caud a égale­ment été mem­bre du Mou­ve­ment de Libéra­tion de la Femme (MLF), situé dans le sil­lon de mai 68. Mal­gré cela, cer­tains de ses col­lègues admet­tent qu’elle a eu du mal à faire face à #MeToo. Pour­tant, cette fémin­iste mil­i­tante admet volon­tiers avoir « harcelé » (Radio France, 18 jan­vi­er 2023) son mari lorsqu’elle le con­voitait. Heureuse­ment que Fabi­enne est une femme, sinon l’affaire aurait pu finir au tri­bunal. Sous sa direc­tion, Téléra­ma devient un instru­ment d’un néo-fémin­isme cas­tra­teur et vin­di­catif sous un masque néo-puri­tain chré­tien de gauche. Un jour­nal­iste sera licen­cié pour « har­cèle­ment sex­uel » et Téléra­ma sera con­damné aux prud’hommes pour licen­ciement abusif.

Publications

  • Les miroirs de Diana, Plon, 1998
  • Michel Bou­quet, mémoire d’ac­teur, Plon, 2002
  • Anna Mnouchkine, l’art du présent, Plon, 2005
  • Le sens de la tribu, Deschamps-Maïek­eff, Actes Sud, 2010
  • Rideau noir, Stock, 2021
  • L’aimante, Stock, 2023

Elle l’a dit

« Moi par exem­ple j’ai été une harceleuse. […] Le har­cèle­ment fait par­tie de l’amour. », Radio France, 18 jan­vi­er 2023.

Sur la manière dont elle approchait Louis Dard­el, son futur mari : « C’é­tait du har­cèle­ment, tout en respec­tant son droit d’aimer une autre femme. », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Avec ses crises et ses états de grâce, ses révoltes et ses audaces, ses cru­autés et ses générosités, Téléra­ma est un corps admirable­ment vivant, humain et fam­i­li­er, doux et dur. », Téléra­ma, 2 jan­vi­er 2023.

Sur Téléra­ma : « Un mag­a­zine par­fois revêche, par­fois don­neur de leçons, mais qu’on aime pour ça, aus­si, parce que seul y compte le respect dû aux lecteurs, le ser­vice ren­du aux lecteurs. », Téléra­ma, 2 jan­vi­er 2023.

Nébuleuse

Out­re le ser­vice pub­lic et Téléra­ma, son défunt mari, Louis Dan­drel a con­sti­tué un allié de poids pour Fabi­enne Pas­caud. Ils se ren­con­trent dans les années soix­ante-dix. Elle est pigiste depuis peu à Téléra­ma, lui dirige France Musique. Par la suite il crée Radio Clas­sique où son épouse peut par­fois avoir une chronique. C’est suite à son décès en 2021, puis à la pub­li­ca­tion d’un livre hom­mage inti­t­ulé l’Aimante, fin 2022, que Pas­caud laisse la direc­tion de Téléra­ma.

Ils l’ont dit

« Avec chaque inter­locu­teur le même post-scrip­tum : « Tu ver­ras… c’est un per­son­nage ». Sans qu’on sache tout à fait ce que le mot recou­vre — mise en garde ou mise en bouche ? », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Un exer­ci­ce du pou­voir autori­taire et ver­ti­cal, en fille de mil­i­taire (qu’elle est) et une volon­té de con­trôle, qui a pu épuis­er sa hiérar­chie inter­mé­di­aire. », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Moins snob que sa car­i­ca­ture de jour­nal bobo éli­tiste, Téléra­ma est, certes, tou­jours l’heb­do préféré des profs à la retraite, mais surtout un pre­scrip­teur généreux et un espace cri­tique pré­cieux – ils ont ten­dance à se raré­fi­er. », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Sur les sujets de société ont dit d’elle, en « femme de sa généra­tion », elle a mis du temps à appréhen­der #MeToo. », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Dif­fi­cile de ne pas percevoir pour­tant sa vision fon­da­men­tale­ment doloriste de la féminité, de l’amour, de l’ex­is­tence même. », Libéra­tion, 5 févri­er 2023.

« Téléra­ma fait par­tie du groupe Le Monde. L’univers des « chré­tiens de gauche » auquel se réfère l’hebdomadaire a tou­jours été mar­qué par une espèce de schiz­o­phrénie vis-à-vis des ques­tions sex­uelles : pris entre une tra­di­tion de pudi­bon­derie voire de big­o­terie et une fas­ci­na­tion pour toutes les modes sur le même sujet, trans, LGBT+, écri­t­ure inclu­sive, fémin­isme cas­tra­teur, cam­pagne Me-too etc. », Ojim, 13/08/2019.

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