Emelie de Jong

Arte et Labore

En-dehors du cercle des initiés, le nom d’Emelie de Jong n’évoquait jusqu’à récemment que des sonorités du pays des tulipes et du cannabis. À la surprise générale, c’est pourtant elle qui est choisie en avril 2023 pour succéder à la directrice sortante de France Culture Sandrine Treiner, alors qu’elle a effectué la majorité de carrière chez l’autre vaisseau-amiral de l’audiovisuel culturel français, Arte. Novice de la radio, elle a pour mission de réinstaurer un climat de confiance avec la rédaction qui sort traumatisée des années Treiner, même si celles-ci ont coïncidé avec des audiences mirifiques pour une radio à vocation culturelle (+ 1 % de parts d’audience entre 2015 et 2022 ; 1,7 million d’auditeurs quotidiens en 2022). Pop culture à tout crin, féminisme en bandoulière et européisme corporate : nous restons en terrain connu.

À l’instar de Franz-Olivi­er Gies­bert ou Anne Sin­clair, elle naît aux États-Unis (New York) en 1964. Pianiste émérite, elle par­le français, anglais, néer­landais et alle­mand. Bien que pos­sé­dant la dou­ble nation­al­ité améri­caine et néer­landaise, elle élit domi­cile en France, et plus pré­cisé­ment dans les bureaux d’Arte France (anci­en­nement La Sept), où elle com­mence à tra­vailler à peu moins d’un an après la créa­tion de la chaîne. Elle a alors pour men­tors Pierre Cheva­lier, neveu de Pierre Boulez et directeur de l’unité Fic­tions de la chaîne (1991–2003) et Pierre-André Boutang, fils du philosophe Pierre Boutang, pre­mier directeur délégué aux pro­grammes (1995–2006).

Formation universitaire

Elle béné­fi­cie d’une édu­ca­tion cos­mopo­lite entre Lon­dres, New York et Brux­elles et s’adonne autant à la musique qu’à l’étude des langues et lit­téra­tures étrangères.

• 1985 : Licence de lit­téra­ture com­parée et com­po­si­tion musi­cale à l’université privée de Ben­ning­ton Col­lege aux Etats-Unis. Le romanci­er Breat Eas­t­on Ellis ou l’essayiste Judith But­ler, accoucheuse de la théorie du genre, sont d’anciens élèves de l’établissement.
• 1990 : Diplômée de l’École nor­male de musique de Paris (piano).
• 1992 : Maîtrise de musi­colo­gie à l’université Paris IV Sorbonne
• 1994 : DEA d’Histoire cul­turelle à Sci­ences Po Paris.

Parcours professionnel

• 2023 : nom­mée à la tête de Radio France, elle intè­gre comité de direc­tion de Radio France la même année.
• 2022 : Pro­mue par Bruno Pati­no, le prési­dent de la chaîne, au poste de direc­trice des pro­grammes, elle définit la ligne édi­to­ri­ale et la grille de la chaîne, la dif­fu­sion des prob­lèmes sur tous les vecteurs, le traite­ment mul­ti­lingue, la coor­di­na­tion entre toutes les entités du groupe et le développe­ment de la stratégie européenne.  Par­al­lèle­ment, elle siège au Comité de gérance d’ARTE GEIE à Strasbourg.
• 2011 — 2021 : direc­trice de l’unité Arts et Spectacles
• 2008 — 2011 : direc­trice adjointe en charge de la cul­ture, Unité Cul­ture et Spec­ta­cles. Elle prend une part active à la créa­tion d’une nou­velle case dédiée à la pop cul­ture et éla­bore une stratégie de journées culturelles
• 2003 – 2008 : chargée de pro­grammes au sein de l’ unité Actu­al­ités cul­turelles. Elle est à l’initiative du développe­ment des soirées doc­u­men­taires thé­ma­tiques « Thema ».
• 1998 — 2003 : chargée de pro­grammes au sein de l’ unité Spec­ta­cles. Elle développe avec des pro­duc­teurs et des auteurs des pro­grammes devenus emblé­ma­tiques tels que le mag­a­zine Tracks, Music Plan­et Tonite et des cap­ta­tions d’opéras et de fes­ti­vals pop/rock.
• 1994 — 1998 : col­lab­o­ra­trice édi­to­ri­ale (rédac­tion, tra­duc­tion) au ser­vice de presse, puis à l’unité Spec­ta­cles (1994 – 1998)
• 1987 – 1994 : Divers­es mis­sions : rédac­tion, tra­duc­tion, enseigne­ment pour Radio France, Pro Quar­tet, Insti­tut Athènes…

Ce qu’elle gagne

Non ren­seigné.

Elle l’a dit

« Lorsque nous recevons un pro­jet, nous exam­inons aus­si bien le sujet ain­si que son traite­ment poten­tiel. Chez Arte, nous souhaitons non seule­ment une nar­ra­tion claire, un dis­posi­tif de réal­i­sa­tion séduisant, mais aus­si une approche graphique et audio­vi­suelle sin­gulière. Nos choix sont défi­nis par des lignes édi­to­ri­ales conçues en étroite col­lab­o­ra­tion avec nos parte­naires alle­mands », Média +, 17/01/2013.

ARTE est une chaîne fran­co-alle­mande, mais égale­ment une chaîne européenne et nous avons donc une poli­tique édi­to­ri­ale qui est élaborée de manière col­lé­giale. Et nous avons un cre­do, si vous me per­me­t­tez l’ex­pres­sion, selon lelquel chaque con­tenu doit s’in­té­gr­er à notre offre. Chaque fois qu’un nou­veau pro­gramme nous est pro­posé, nous devons estimer, lors de la con­férence des pro­grammes, s’il est vrai­ment com­pat­i­ble avec l’of­fre d’ARTE. Nous sommes un média aux valeurs fon­da­men­tale­ment human­istes », Films in Frame, 07/02/2023.

« Au sens large, tout est cul­ture. La cul­ture est la rai­son d’être de la chaîne. On peut évo­quer les dif­férentes cul­tures, mais, fon­da­men­tale­ment, elle a trait à la créa­tion »,  Ibid.

« En choi­sis­sant le polon­ais, Arte touche aujourd’hui 70 % de la pop­u­la­tion européenne dans leur langue mater­nelle, ce qui répond à notre objec­tif de cou­vrir le plus grand nom­bre de téléspec­ta­teurs dans leur langue. Le mul­ti­lin­guisme per­met de se faire com­pren­dre de l’autre, de s’adapter aux dif­férents publics. Il s’insère ain­si dans notre pro­jet glob­al de don­ner les clés de com­préhen­sion du monde », Satel­li­facts Mag­a­zine, 13/03/2023.

Sa nébuleuse

• anci­en­nement mem­bre du Comité de gérance d’ARTE, com­posé de Bruno Pati­no, prési­dent ; Bruno Weber, vice-prési­dent ; Marys­abelle Cote, direc­trice de gestion.
• mem­bre du Comité de Radio France aux côtés de Lau­rence Bloch, direc­trice des Antennes ; Adèle Van Reeth, direc­trice de France Inter ; Céline Pigalle, direc­trice de France Bleu (liste non exhaustive).
• mem­bre du Con­seil d’Orientation Stratégique de l’alliance Col­legium Musi­cae de l’Alliance Sor­bonne Université.

Boris Razon, directeur édi­to­r­i­al d’Arte France

Flo­ri­an Delorme, actuel directeur des pro­grammes de France Cul­ture, il assure l’intérim entre la fin de règne de San­drine Trein­er et le début de celui d’Emeline de Jong.

On l’a dit à son sujet

« Pur pro­duit d’Arte, Emelie De Jong est ain­si vue au sein de l’entreprise fran­co-alle­mande comme une per­son­nal­ité pos­i­tive et volon­taire, appré­ciée pour son man­age­ment col­lé­gial, tout en por­tant l’ouverture européenne de la chaîne. A son crédit, notam­ment, des for­mats nova­teurs comme la série-man­i­feste sur les vio­lences faites aux femmes H24, ou la série d’animation les Aven­turi­ers de l’art mod­erne », Libéra­tion, 04/04/2023.

« Louée pour son «approche et sa capac­ité à faire con­fi­ance sur des sujets qu’elle ne maîtrise pas for­cé­ment» par un ancien col­lab­o­ra­teur d’Arte, elle est perçue comme un «bon choix» qui «devrait apais­er les esprits» après la direc­tion autori­taire de San­drine Trein­er », Ibid.

« Bien­v­enue Emelie de Jong, femme de cul­ture, à la tête de la plus cul­turelle des radios ! L’alchimie devrait réus­sir très naturelle­ment avec le col­lec­tif bril­lant de la chaîne », Sibyle Veil, Twit­ter, 04/04/2023.