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Pastiches de presse : les médias à l’épreuve des détournements

13 mai 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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Pastiches de presse : les médias à l’épreuve des détournements

Temps de lecture : 3 minutes

Exposition accessible gracieusement dans les galeries publiques de la Bibliothèque nationale de France à Paris, Pastiches de presse évoque, de sa création à nos jours, la tendance qui consiste à détourner les titres de presse dans un objectif humoristique…

Depuis la créa­tion de La Presse par Émile de Girardin, en 1836, la presse s’installe comme un objet du quo­ti­di­en dans la vie des Français. Avec les développe­ments des tech­niques d’impression, l’omniprésence de titres de presse allait voir émerg­er son incon­tourn­able coro­laire : un dou­ble humoris­tique, le pas­tiche de presse.

Les pastiches à l’épreuve du passé

Issus de cer­cles lit­téraires ou artis­tiques, cer­tains réseaux, à l’image des Fumistes, des Inco­hérents ou des Hir­sutes allaient faire émerg­er de tels exer­ci­ces de pas­tich­es dans des jour­naux tels que Le Chat noir, Le Rire ou le Tin­ta­marre. Ce n’est que plus tard, notam­ment en réac­tion à la réin­stau­ra­tion de la cen­sure entre les deux guer­res du XXe siè­cle que se développe des titres restés emblé­ma­tiques dans ce reg­istre, à l’image du Canard enchaîné qui pub­liera nom­bre de pas­tich­es dans les années 1920. Quar­ante ans plus tard, les titres Hara Kiri, Actuel comme le groupe Jalons pren­nent le relais. Imprimés sur de grandes cimais­es, près de deux cents pas­tich­es con­servés à la Bib­lio­thèque nationale de France et présen­tés dans les galeries de l’institution, font par exem­ple revivre l’esprit de Jalons, qui créa de 1985 à 2012 des pas­tich­es de plusieurs quo­ti­di­ens et magazines.

Nature et horizon du pastiche de presse

Parce qu’il son car­ac­tère humoris­tique est immé­di­ate­ment sai­siss­able, notam­ment par l’intermédiaire des nou­velles loufo­ques qu’il exalte, le pas­tiche de presse ne peut être un « canard », un pla­giat ou une con­tre­façon. Pour cette fausse presse, s’offre deux pos­si­bil­ités : le détourne­ment d’un jour­nal exis­tant ou la créa­tion d’un jour­nal fic­tif, dont il s’appropriera les codes. Pour sus­citer le rire, il est néces­saire, nous dit l’exposition, que l’auteur du pas­tiche partage les valeurs du spec­ta­teur. Usant d’une typogra­phie, de rubriques et d’ornements graphiques proches de l’original mais détournés, le pas­tiche peut alors sus­citer le rire. Tout en soulig­nant que de telles pub­li­ca­tions sont générale­ment « poli­tique­ment incor­rectes », la BNF expose, avec beau­coup de cor­rec­tion, une cou­ver­ture détournée de Valeurs actuelles. Sous le titre de Raleurs, un homme blanc d’âge mûr, cas­quette à l’ancienne vis­sée sur la tête et tabli­er au cou, se plaint entre autres de ce « prix des choses [qui] va encore aug­menter ». Si le détourne­ment n’est pas fon­cière­ment malveil­lant, on notera que cette mise en avant du Français moyen appar­tient au poli­tique­ment cor­rect autorisé.

Voir aus­si : New York Times, fini de rire !

Quels pastiches pour demain ?

« À l’heure des fake news, com­ment le faux peut-il être un moyen d’expression ? », s’interroge les com­mis­saires de l’exposition. Alors que se mul­ti­plient les détourne­ments de presse sur Inter­net, la con­fu­sion entre les véri­ta­bles unes et les pas­tich­es se fait de plus en plus ténue. Alors que seule l’absence de con­fu­sion avec le titre orig­i­nal garan­tit à l’auteur du pas­tiche de faire l’objet de pour­suites (en ver­tu de la loi sur la pro­priété intel­lectuelle de 1992), com­ment s’assurer que demain, ces auteurs de pas­tich­es qui sèment la con­fu­sion sur Inter­net ne puis­sent pas être pour­suiv­is ? Une ques­tion intéres­sante, dont le lég­is­la­teur risque de s’emparer.

Pas­tich­es de la presse. Jusqu’au 29 octo­bre. Bib­lio­thèque nationale de France. Paris XII­Ie. En savoir plus : bnf.fr

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