Le Parisien, détenu par LVMH, lance un plan de modernisation pour accélérer sa transition numérique et stabiliser ses finances. Avec une réorganisation en trois pôles thématiques et 54 départs volontaires, le quotidien suscite inquiétudes et résignation parmi ses salariés.
Pertes massives
Le Parisien, fleuron de la presse généraliste française, traverse une période de transformation profonde. Confronté à des pertes financières de 30 millions d’euros en 2024, le quotidien, propriété du groupe LVMH depuis 2015, a dévoilé en février 2025 un plan de modernisation. Objectif : redresser la barre en accélérant la transition numérique en réorganisant la rédaction, tout en réduisant les effectifs via 54 départs volontaires, dont 29 à la rédaction et 25 dans les fonctions support et transverses aux Échos. La tendance est celle que devrait suivre de nombreux médias qui misent sur le numérique et qui d’apparence peut sembler paradoxale, consistant à produire plus avec moins de plumitifs…
Numérisation et diversification
Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos-Le Parisien, justifie ce projet par la nécessité de s’adapter aux évolutions de l’audience et de dynamiser les abonnements numériques, qui stagnent à 105 000, loin de l’objectif de 200 000 fixé en 2020. A titre de comparaison, Le Monde en avait environ 570 000 en 2024, Le Figaro près de 300 000 et Ouest-France environ 220 000.
Comme ses concurrents, Le Parisien doit trouver un modèle économique viable en composant avec l’inflation et la hausse des coûts de production. Subissant de lourdes pertes, le journal entend rebondir au plus vite et la réorganisation, doit s’achever à l’été 2025.
Les services du Parisien vont être répartis en trois pôles thématiques : « Vie publique » (politique, économie, environnement), « Vie privée » (santé, consommation, famille) et « Faits divers et reportages ». Ce dernier élément a permis au Figaro de rencontrer de bons succès d’audience et passionne toujours autant les français entre passion du glauque, voyeurisme et réalité crue du quotidien.
Une rédaction en chef centrale, orientée « web first », pilotera l’ensemble des contenus, tandis que des desks numériques dédiés à l’Île-de-France et au sport renforceront la couverture en temps réel.
Le concept du « web first » comme son nom l’indique consiste en une priorisation du contenu web pour être en premier sur l’information, il s’agit alors pour le média d’accompagner la publication des contenus de publications numériques.
La vidéo, l’atout pas toujours connu du Parisien
Côté numérique justement, Le Parisien mise sur une offre vidéo et podcasts enrichie, capitalisant sur ses 250 millions de vues mensuelles et ses 1,8 million d’abonnés YouTube.
Le média, bien que plus connu pour son format papier publie des vidéos qui fonctionnent très bien sur la plateforme et sait dégoter des sujets suscitant l’intérêt des internautes présentant un petit déjeuner gargantuesque avec plus de 100 000 vues ou encore « Paris : ces restos qui ne vous servent pas le vin que vous avez commandé », plus d’un demi-million de vues. La vidéo sur « la comptable qui dépouillait ses employeurs » approche elle le million de vues !
Ce plan suscite l’inquiétude des syndicats. Lors d’une assemblée générale en mars 2025, une motion a dénoncé une « surcharge de travail » et des « risques psychosociaux ». Le SNJ craint ainsi un « plan d’économies mal déguisé », accusant la direction de privilégier les réductions de coûts au détriment d’une stratégie éditoriale cohérente.
Les 54 départs volontaires, prévus entre avril et juin 2025, s’ajoutent à une série de réorganisations, après un plan en 2020 ayant supprimé une cinquantaine de postes. Dans un monde médiatique en changement constant et contraint à une adaptation à marche forcée face à la concurrence, difficile d’imaginer qu’une autre voie soit possible…
Voir aussi : Les aides de l’État au groupe de presse Les Échos-Le Parisien
Rodolphe Chalamel