Les actionnaires (la famille Arnault via LVMH) du quotidien de l’Île-de-France s’interrogent. Comment limiter les pertes abyssales ? Comment ne pas se mettre à dos une rédaction marquée à gauche, corporatiste et frondeuse ? Faut-il vendre à Bolloré qui fera le ménage ? Ou bien passer le journal à la paille de fer pour revenir à l’équilibre ? LVMH a donné un début de réponse à la mi-octobre.
Le quotidien a perdu plus de 30 M€ en 2024 et s’apprête à perdre autant en 2025. Le budget proposé par Sophie Gourmelen (partie au groupe EBRA entretemps) avait été retoqué par les financiers de LVMH et par la famille, lasse d’avoir injecté 83 M€ en 2018 lors du rachat, encore 65 M€ en 2022 et agacée par la perspective de devoir remettre au pot en 2025 ou 2026 pour assurer la trésorerie. Ceci malgré des aides massives de l’État.
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Le plan de départs volontaires démarré par Sophie Gourmelen et poursuivi par sa succession a dépassé les attentes : 54 employés sont partis, dont une trentaine de journalistes.
Projet de restructuration
Le 15 octobre, Bernard Arnault a clairement posé les deux branches de l’alternative : ou se restructurer rapidement pour limiter les pertes ou le journal sera cédé. Le président du Comex (source La Lettre) a assuré :
« Si aucun plan [de restructuration, NDLR] n’est abouti, si aucune stratégie n’était mise en œuvre, si aucun accord n’était trouvé entre les salariés et la direction, même si l’option d’une vente n’est pas l’option numéro un retenue par LVMH, cette option pourrait devenir d’actualité. »
En clair, se transformer très rapidement ou passer chez Vivendi.
Voir aussi : Le Parisien face à la rumeur d’une vente à Bolloré : panique dans la rédaction !
Le PDG Pierre Louette, qui était annoncé partant, reste un moment pour appliquer le plan avec la nouvelle DG Anne-Violette Revel de Lambert. Ce plan sera draconien avec des économies substantielles à venir. Deux grèves de la rédaction avaient déjà eu lieu en mars et en septembre. L’automne sera agité à la rédaction comme chez les actionnaires qui ont annoncé un suivi hebdomadaire entre les financiers de LVMH et la direction du journal pour assurer la mise en place de la restructuration.
Claude Lenormand

















