Vendredi 29 mai, à l’occasion des dix ans du « Non » au traité constitutionnel européen, la journaliste Natacha Polony a lancé le « Comité Orwell », un collectif de journalistes qui se donne pour mission la « défense de la pluralité » et de la « souveraineté populaire » dans les médias.
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— Comité Orwell (@ComiteOrwell) 29 Mai 2015
La date n’a pas été choisie au hasard. Le 29 mai 2005, le peuple français rejetait, par 54,67 % des voix, la constitution européenne. Un vote exprimant une opinion majoritaire pourtant absente des médias qui avaient majoritairement mené une campagne agressive pour le oui, ne laissant aucune place aux opinions opposées à la leur. Le traité rejeté par les Français sera adopté au Parlement moins de trois ans plus tard, bel exemple de trahison des élites.
C’est donc à ce moment précis que s’est révélée la « fracture » entre les élites (européistes) et le peuple (souverainiste). « Les élites, ou plus précisément les gagnants de la mondialisation, ont, en effet, majoritairement fait campagne et voté pour le “oui” à ce référendum alors que le peuple a, lui, plutôt voté “non” », précise Natacha Polony, la présidente du Comité, au FigaroVox.
Et celle-ci d’évoquer un « naufrage médiatique » à cette occasion : « 90% des médias et des éditorialistes ont ouvertement fait la promotion de ce traité constitutionnel — avec une virulence parfois inimaginable — ce qui a souligné qu’il existait quasiment un intérêt de classe divergent. »
Compte tenu de ce constat accablant, qui a pu se vérifier et se confirmer tout au long de la décennie suivante, « il nous a semblé important de nous interroger sur notre capacité à penser autrement les pratiques qui se présentent à nous dans notre métier de journalistes, notamment en ce qui concerne les questions de société et les questions économiques… en essayant de sortir de cet unanimisme ».
Si la chroniqueuse affirme que nous « nous trouvons dans une période qui devrait être un triomphe démocratique, il n’y a jamais eu autant d’organes d’informations et de libertés », sur le terrain du réel, c’est tout le contraire. « Nous sommes dans une époque de manipulation des mots, de transformation des vérités, où l’on ne débat pas avec celui qui pense différemment mais où on l’ostracise », constate-t-elle.
Outre sa présidente, le Comité Orwell compte parmi ses membres fondateurs d’autres personnalités, comme l’économiste Jean-Michel Quatrepoint. Il a été lancé à l’initiative d’Alexandre Devecchio, journaliste pour les pages « Débats et Opinions » du Figaro et responsable du site FigaroVox.
Quelles seront les missions concrètes de ce collectif ? Sur Atlantico, Polony explique sa volonté « d’intervenir dans chaque débat d’idées où il nous semblera que l’on retombe dans ce travers de l’ostracisation ». Il sera également question de « mettre en avant des penseurs qui d’après nous ne sont pas assez entendus sur certains sujets », ou encore « mettre en place, par des tribunes, des conférences ou des colloques, une réflexion » hétérodoxe (Le Figaro).
En résumé, « faire en sorte de nourrir le débat d’idées en France » afin de ressusciter le pluralisme et, surtout, de « redonner confiance aux gens dans la profession journalistique ». Un travail herculéen, sans doute, mais ô combien nécessaire.
.@ComiteOrwell : Pour un véritable pluralisme médiatique, 10 ans après le “NON” pic.twitter.com/kW895IQWSu
— Comité Orwell (@ComiteOrwell) 28 Mai 2015