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Accueil | Veille médias | La Relève des Échos : l’ancien monde s’accroche

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26 mars 2016

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | La Relève des Échos : l’ancien monde s’accroche

La Relève des Échos : l’ancien monde s’accroche

Temps de lecture : 4 minutes

Le quotidien économique de Bernard Arnault s’est livré à un exercice original le lundi 21 mars 2016 en faisant réaliser le journal par deux cents personnalités économiques, culturelles et politiques supposées prendre la relève en France dans les années à venir et en filigrane à partir des élections de 2017.

Une idée heuris­tique qui con­duit les jour­nal­istes d’un jour à sor­tir de leur pré car­ré. Au-delà des con­tenus des con­tri­bu­tions c’est un por­trait de la France à tra­vers ses actuelles/futures élites qui est dressé et les absents sont aus­si impor­tants que les présents. Analyse.

De nom­breuses con­tri­bu­tions sont apportées par de jeunes entre­pre­neurs en par­ti­c­uli­er du secteur numérique mais pas seule­ment. Il est impos­si­ble de les citer tous mais on peut trou­ver quelques per­les comme le cuisinier Jean-François Piège qui voit en la fig­ure Hillary Clin­ton – digne représen­tante de l’oligarchie mon­di­al­iste et de l’État pro­fond améri­cain – le signe de « beau­coup d’espoir ». Peut-être un arti­cle involon­taire­ment comique ?

A tous saigneurs par­don seigneurs tout hon­neur le secteur ban­caire est très large­ment représen­té : Mor­gan Stan­ley (voir le por­trait de Emmanuel Gold­stein), HSBC, Bank of Amer­i­ca, Messier Maris, Société Générale, BPCE, la Banque Mon­di­ale et enfin pas moins de trois représen­tants de la Banque Roth­schild dont Alexan­dre de Roth­schild lui-même.

Du côté des « pipoles » le choix sem­ble très ori­en­té bobo/riche/un peu gau­cho mais pas trop. Citons le pro­duc­teur de ciné­ma Charles Gillib­ert (son film Mus­tang con­naît un joli suc­cès) dont l’associée dans sa société de pro­duc­tion est … Julie Gayet. Ou bien l’excellent math­é­mati­cien tit­u­laire de la médaille Fields Cédric Vil­lani sou­tien de … Anne Hidal­go. Ou encore Frédéric Mion suc­cesseur du tumultueux Richard Desco­ing à la direc­tion de Sci­ences-Po et qui recrute à la direc­tion de la stratégie Brigitte Tait­tinger… femme de Jean-Pierre Jouyet pre­mier con­seiller de François Hol­lande à l’Élysée. Et aus­si Bernard Mourad bras droit de … Patrick Drahi chez Altice Média (voir ici le por­trait de Patrick Drahi ain­si que l’in­fo­gra­phie que nous lui con­sacrons). Sans oubli­er la bien char­mante Diana Fil­ip­po­va parte­naire (cela veut il dire qu’elle est asso­ciée ou employée ?) de … l’américain Microsoft.

Ras­surez vous la « diver­sité » est bien représen­tée. La diver­sité ? mais si vous le savez bien : rem­plac­er « les hommes blancs de plus de 50 ans » par … d’autres per­son­nes. (Rap­pelez vous les déc­la­ra­tions d’Anne Lau­ver­geon alors Prési­dente d’Areva qu’elle a con­duit au désas­tre  et celles de l’actuelle prési­dente de France Télévi­sions,). Gageons que Mounir Mahjoubi du Con­seil nation­al du numérique, Amar Ous­sama, Saïd Ham­mouche , Ryad Boulanouar, ou la pim­pante Najoua El Atfani (Club du XXIème Siè­cle et Vin­ci) échap­peraient aux critères d’exclusion d’Anne Lau­ver­geon et Del­phine Ernotte.

L’analyse pré­cise des poli­tiques représen­tés indique claire­ment où Les Échos /Bernard Arnault voient leurs intérêts défendus au mieux : à la jonc­tion du PS et des Répub­li­cains. Du côté des Répub­li­cains : NKM l’égérie bobo des beaux quartiers, Xavier Bertrand, Valérie Pecresse, Geof­froy Leje­une, Sébastien Lecor­nu (sou­tien de Bruno Le Maire à la pri­maire à droite) et du côté Jup­pé deux représen­tants de poids : Édouard Philippe maire du Havre et porte-parole (avec Benoit Apparu) d’Alain Jup­pé et Gilles Boy­er directeur de cam­pagne … d’Alain Jup­pé. Du côté PS frac­tion his­torique : Myr­i­am El Khom­ri qui y ver­ra du récon­fort dans un moment dif­fi­cile, Thomas Andrieu directeur du cab­i­net du garde des sceaux, Pierre Lar­rou­tourou de Nou­velle Donne en rup­ture de par­ti mais « macro­niste » sans oubli­er Gilles Finchel­stein de la Fon­da­tion Jean-Jau­rés ou l’inévitable Daniel Cohn Ben­dit en deuil desVerts.

Au total c’est bien une défense de classe que représente ce numéro révéla­teur (et sou­vent intéres­sant) des Echos. L’alliance des ban­ques, d’une caste intel­lectuelle hors sol et d’une par­tie « cen­triste » de la classe poli­tique, le meilleur gage pour que surtout rien ne change … pour l’actionnaire du journal.