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La presse à l’épreuve de la flambée du prix du papier

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26 octobre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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La presse à l’épreuve de la flambée du prix du papier

Temps de lecture : 4 minutes

Depuis plusieurs mois, l’envolée des coûts du papier affecte durement la presse : à l’ère de la numérisation médiatique, les industriels du papier réduisent leur capacité de production et les prix du marché explosent. Retour sur la crise (ultime ?) d’un monde de la presse en voie de perdition.

Du ralentissement des capacités de production

C’est d’abord au ralen­tisse­ment des moyens de pro­duc­tion que l’on doit la flam­bée des prix du papi­er qui porte tant atteinte au secteur de la presse. Si les nom­breuses fer­me­tures de machines de pro­duc­tion – il n’en resterait d’ici les prochains mois plus qu’une seule en France – en sont la pre­mière cause, le trans­fert de machines vers la fab­ri­ca­tion d’emballages car­tons des­tinés à la vente en ligne con­stitue une cause impor­tante de cette crise. Au 1er jan­vi­er 2023, les jour­naux devront d’ailleurs con­tribuer au finance­ment du recy­clage en s’acquittant d’une éco-con­tri­bu­tion auprès du col­lecteur et recy­cleur des déchets Citeo, en lieu et place de l’actuel paiement en nature par l’intermédiaire de la pub­lic­ité. Autre phénomène qui affecte le prix du papi­er : la hausse des cours de l’énergie.

Quels coûts pour la presse ?

L’impact sur les jour­naux est par­ti­c­ulière­ment fort : l’Alliance de la presse d’in­for­ma­tion générale situ­ait la hausse à 100 mil­lions d’euros pour la fil­ière en un an. Les Échos chiffrent pour cette fil­ière un coût de 120 mil­lions d’euros au total pour une con­som­ma­tion de 250 000 tonnes par an. Une fac­ture qui risque de s’accentuer, puisque les prix ont, selon Philippe Toule­monde, directeur général délégué de Ouest France, dou­blé par rap­port à jan­vi­er 2021. En juin, il esti­mait que « la tonne du jour­nal oscill[ait alors] entre 800 et 900 euros », con­tre 400 euros un an plus tôt.. Le directeur général de l’APIG s’attend quant à lui à ce que le sur­coût atteigne « 600 voire 700 euros dans les mois à venir ». 

Selon cer­taines sources, la hausse du prix du papi­er risque de coûter entre 5 et 10 mil­lions d’euros sup­plé­men­taires à des groupes comme Le Figaro, Sud Ouest, Ouest-France ou Ebra. Face à la baisse de la pro­duc­tion, cer­tains papetiers n’hésitent d’ailleurs pas à faire explos­er les prix. Selon cer­tains patrons de presse, les négo­ci­a­tions des prix du papi­er sont dev­enues trimestrielles et non plus annuelles. Selon Les Échos, « le poste de charge papi­er serait passé de 7 % à 14 % du chiffre d’af­faires chez cer­tains édi­teurs ».

Les éditions locales, premières victimes de la crise ?

Requérant encore, tous titres con­fon­dus, 300 000 tonnes de papi­er par an, la presse la plus touchée par la hausse des coûts du papi­er est la presse quo­ti­di­enne régionale, dont le lec­torat est attaché à ce médi­um et qui avait déjà subi la diminu­tion de leur pag­i­na­tion comme la fusion de plusieurs de leurs titres au sein d’un même groupe à la suite de la crise san­i­taire. A l’instar du groupe Nice-Matin, dont le prési­dent directeur général recon­naît : « Nos jour­naux sont en moyenne de 54 pages, nous avons légère­ment dimin­ué notre pag­i­na­tion en rai­son de la hausse du papi­er ». Cer­taines édi­tions locales ont même renon­cé à leur for­mule papi­er, à l’image des Nou­velles Calé­doni­ennes, qui s’apprêtent à sup­primer d’ici le 31 décem­bre leur édi­tion quo­ti­di­enne papi­er. Une mesure dras­tique qui va engen­dr­er le licen­ciement de dix-sept emplois au sein de Paci­fique Rota­tive, imprimeur du journal.

Quelles perspectives de salut ?

Toute la presse est dure­ment affec­tée par cette crise générale ; l’Alliance de la presse d’in­for­ma­tion générale souligne ain­si que « sans un sou­tien résolu des pou­voirs publics, la per­spec­tive pour les édi­teurs en 2023 est de devoir restruc­tur­er à nou­veau l’ensem­ble de leurs organ­i­sa­tions, y com­pris les rédac­tions ». La majorité Renais­sance à l’Assemblée nationale a d’ailleurs déposé, par l’intermédiaire du député Denis Masséglia et dans le cadre du pro­jet de loi de finances de 2023, un amende­ment visant à la créa­tion « d’une aide excep­tion­nelle aux édi­teurs de presse IPG ». Le député, qui a par ailleurs pro­posé la sup­pres­sion du crédit d’impôt sur les pre­miers abon­nements à un jour­nal y évoque une « aide excep­tion­nelle de 5 mil­lions d’euros [pou­vant] pren­dre la forme d’une aide indi­vidu­elle cor­rélée au ton­nage de papi­er con­som­mée par les éditeur[s] (sic) ». Une mesure que devrait soutenir le min­istère des finances : Bercy comme Matignon auraient appuyé la créa­tion d’un fonds de sou­tien pour la filière…