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La censure LGBT sévit en Pologne aussi (surtout quand les médias appartiennent à des groupes occidentaux)

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17 août 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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La censure LGBT sévit en Pologne aussi (surtout quand les médias appartiennent à des groupes occidentaux)

Temps de lecture : 5 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 27/06/2019

Le journaliste polonais Rafał Ziemkiewicz avait déjà été censuré en Grande-Bretagne pour ses critiques contre l’immigration-islamisation de l’Europe occidentale, le voilà désormais depuis le début du mois de juin interdit d’expression par le site Internet polonais Interia (interia.pl) pour cause d’attaque contre la théorie du genre et le lobby LGBT. Précisons tout de même qu’en fait de site internet polonais, Interia appartient au groupe médiatique allemand Bauer Media Group. La décision d’Interia illustre donc une nouvelle fois à quel point la domination étrangère (surtout allemande) sur les médias nationaux peut peser dans la vie démocratique de la Pologne. « On vient de me transmettre la décision prise par le portail Interia de mettre fin à sa collaboration avec moi à cause du texte de ce jour publié en défense de Zofia Klepacka (que je vais mettre sur mon blog uziemkiewicza.pl). Les fascistes arc-en-ciel ont gagné une bataille, mais je ne doute pas qu’ils ne gagneront pas la guerre contre les Polonais normaux », annonçait Ziemkiewicz le 7 juin sur son compte Twitter.

Une championne peu LGTB

Zofia Klepac­ka est une véli­plan­chiste polon­aise médail­lée olympique et cham­pi­onne du monde. Elle s’était attiré en févri­er 2019 les foudres du lob­by LGBT et d’une par­tie de l’opposition libérale et de gauche en Pologne en affir­mant à pro­pos de la Charte LGBT+ signée par le maire de Varso­vie, avec la promesse de déploy­er une édu­ca­tion sex­uelle « LGBT-inclu­sive » dans les écoles de la ville, que ce n’était pas pour cette Varso­vie-là que son grand-père s’était bat­tu dans l’Insurrection de Varso­vie d’août-septembre 1944. L’adjoint au maire Paweł Rabiej – lui-même homo­sex­uel déclaré et mil­i­tant LGBT – avait per­son­nelle­ment reproché à la cham­pi­onne d’inciter à la haine con­tre les homo­sex­uels et cer­tains sont allés jusqu’à exiger que ses médailles sportives lui soient retirées pour cause d’homophobie.

Aggra­vant son cas aux yeux de ses détracteurs, Zofia Klepac­ka appa­raît dans un clip de rap chré­tien polon­ais qui était dif­fusé sur Youtube à par­tir du 11 juin 2019 (et donc après la pub­li­ca­tion du texte de Ziemkiewicz) et dénonçait les « péchés de Sodome », c’est-à-dire en l’occurrence l’homosexualité et l’avortement (clip blo­qué par YouTube au bout de quelques jours, mais qui peut-être vu ici sur Vimeo avec des sous-titres en français).

Théorie du genre et journalisme

Dans l’éditorial à l’origine de la déci­sion d’Interia de met­tre fin à leur col­lab­o­ra­tion, Rafał Ziemkiewicz estime que « l’attaque enragée des organ­i­sa­tions LGBT et des célébrités qui les sou­ti­en­nent con­tre la cham­pi­onne olympique polon­aise Zofia Klepac­ka doit être pour les Polon­ais nor­maux un sig­nal d’alarme ». Plus loin dans le texte, le jour­nal­iste polon­ais jus­ti­fie la posi­tion de Klepac­ka en s’en prenant à l’éducation sex­uelle telle que voulue par le lob­by LGBT et en com­para­nt la théorie du genre et l’idéologie LGBT aux total­i­tarismes bolchevique et nazi. Une com­para­i­son qu’il a ensuite reprise dans l’hebdomadaire libéral-con­ser­va­teur Do Rzeczy du 17 juin où, dans son arti­cle « La révo­lu­tion importée » qui fait la cou­ver­ture du numéro avec le titre « Homoter­reur », il explique les raisons invo­quées par le site Inte­ria pour met­tre fin à une coopéra­tion qui durait depuis 2005 à en croire les dates indiquées sous les titres de ses arti­cles tou­jours en ligne : « Mon dernier édi­to­r­i­al sur le site Inte­ria, où j’avais une rubrique per­ma­nente depuis plus de quinze ans, est resté acces­si­ble pen­dant une heure à peine. Ce n’était pas mon pre­mier papi­er con­tre la ‘révo­lu­tion arc-en-ciel’, et les précé­dents étaient par­fois plus vir­u­lents que la cita­tion de Józef Mack­iewicz, ‘face aux com­mu­nistes il faut tir­er’, que j’ai appliquée aux LGBT (en expli­quant claire­ment le sens de cette cita­tion et en pré­cisant bien que je ne par­le pas de tir­er au sens pro­pre), qui a servi de rai­son offi­cielle pour met­tre fin à notre col­lab­o­ra­tion. Jusqu’ici, mal­gré les dénon­ci­a­tions des homo­censeurs aux pro­prié­taires alle­mands, les men­aces et autres pres­sions, le site se défendait con­tre ces attaques. Le fait qu’Interia ait décidé, mal­gré la pop­u­lar­ité de mes édi­to­ri­aux, de rompre notre col­lab­o­ra­tion mérite d’être noté. Non pas que je veuille me faire pass­er pour un mar­tyr, mais cette affaire mon­tre que la vague d’homoterreur nuit de plus en plus à notre espace de lib­erté. »

Józef Mack­iewicz était un écrivain et polémiste polon­ais con­nu pour ses vues anti­com­mu­nistes. En para­phras­ant entre guillemets la phrase de cet auteur sur la néces­sité de tir­er sur les com­mu­nistes, Rafał Ziemkiewicz explique dans le texte cen­suré par Inte­ria qu’il entend par là non pas qu’il faille exercer des vio­lences physiques mais qu’il faut com­bat­tre l’idéologie LGBT et non pas débat­tre avec elle en la légiti­mant, comme cer­tains ont voulu le faire avec le com­mu­nisme. Et de soulign­er : « je par­le de com­bat­tre l’idéologie LGBT, pas les homo­sex­uels. ». Mais vis­i­ble­ment, c’était déjà trop pour le site Interia.pl, l’un des sites Inter­net les plus vis­ités en Pologne, ou bien c’était trop pour son pro­prié­taire alle­mand Bauer Media Group.