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Intelligence artificielle : Niel, Schmidt et Saadé dans la course

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26 novembre 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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Intelligence artificielle : Niel, Schmidt et Saadé dans la course

Temps de lecture : 3 minutes

C’est un laboratoire de recherche à but non lucratif, portant sur l’intelligence artificielle : Xavier Niel, Eric Schmidt et Rodolphe Saadé lançaient vendredi 17 novembre la structure Kyutai.

Ils ont tous les trois mis 100 mil­lions d’euros dans la cagnotte : en lançant la struc­ture Kyu­tai (sphère en japon­ais), les mil­liar­daires Xavier Niel (Free, Le Monde, Nice-Matin etc), Rodolphe Saadé (l’armateur de CMA/CGM, La Provence etc) et l’homme d’af­faires améri­cain Eric Schmidt (ancien patron de Google) se lan­cent dans la course à l’intelligence artificielle.

Une structure à but non lucratif

Si les moyens alloués au lab­o­ra­toire parais­sent con­sid­érables, 300 mil­lions, ils seraient néan­moins beau­coup moins impor­tants que ces alter-ego améri­cains (les GAFAM améri­cains ont investi des mil­liards dans l’IA) ; d’autres investis­seurs seraient espérés pour ren­flouer cette struc­ture à but non lucratif.

L’absence de prof­its directs de la struc­ture est con­sid­érée, pour les chercheurs de ce domaine, comme une oppor­tu­nité : « La pre­mière fois qu’on m’a par­lé de ce pro­jet, j’ai trou­vé ça dingue, inespéré. Un tel pro­jet, non lucratif et à Paris, j’y croy­ais à peine », explique le nou­veau directeur de Kyu­tai à Libéra­tion. Abritée dans un fonds de dota­tion, la struc­ture n’appartient pas à une société com­mer­ciale ; les sommes déployées servi­raient, selon le même directeur « [à] faire tourn­er des machines dotées de très grandes puis­sances de cal­cul ». Les salaires des chercheurs recrutés, issus de Nor­male Sup, Poly­tech­nique ou la Sor­bonne, ne sont pas indiqués.

Recherche publique contre recherche privée

L’entreprise privée risque de frein­er la recherche publique, inca­pable de con­cur­rencer les hauts salaires. Des débauchages sont d’ailleurs déjà en cours, puisque Hervé Jégou, qui devait rejoin­dre l’Institut nation­al de recherche en sci­ences et tech­nolo­gies du numérique (INRIA), est devenu le « Chief Sci­en­tif­ic Offi­cer » de Kyu­tai. Patrick Perez, le directeur général du lab­o­ra­toire privé, est égale­ment un ancien chercheur à l’INRIA. Ce dernier n’est néan­moins pas un incon­nu du secteur privé puisqu’il occu­pait dernière un poste impor­tant à VALEO, équipemen­tier auto­mo­bile. En qua­tre ans, le directeur espère recruter une équipe de 40 à 50 chercheurs.

Une structure à but « philanthropique »

Kyu­tai est une officine française sur l’IA, créée dans un cli­mat de rival­ité inter­na­tionale ten­due. « L’idée, explique Xavier Niel, c’est de créer en France, en Europe, quelque chose qui va per­me­t­tre à des chercheurs de met­tre en place des algo­rithmes qui vont cor­re­spon­dre à nos par­tic­u­lar­ités européennes, à notre civil­i­sa­tion, à ce que l’on est. » « J’ai pas envie que nos enfants dépen­dent d’al­go­rithmes qui ne sont pas faits ici », a ajouté l’investisseur, égale­ment prési­dent d’une école de for­ma­tion de développeurs.

Cette créa­tion fait écho aux pro­pos du prési­dent de la République, Emmanuel Macron, qui indi­quait récem­ment que la mise à dis­po­si­tion de mod­èles d’IA français et européens con­sti­tu­ait un « enjeu de sou­veraineté tech­nologique » et que la France devait se « main­tenir dans le pelo­ton de tête ». De ce point de vue, si la présence de l’Améri­cain Eric Schmidt inter­roge, la prox­im­ité du chef de l’État avec deux des grands patrons de ce lab­o­ra­toire, Saadé ou de Niel, ne laisse pas indifférent.

Si le car­ac­tère phil­an­thropique de Kyu­tai ent­hou­si­asme une cer­taine presse aux mains de mil­liar­daires, s’interroger sur les débouchés financiers indi­rects qu’elle pour­rait ouvrir ne devrait pas être proscrit.

Voir aus­si : Xavier Niel, infographie