Le 21 mai 2024, le Conseil de l’Europe a approuvé la loi visant à harmoniser les règles en matière d’intelligence artificielle, après son adoption en mars dernier par le Parlement européen.
C’était la dernière étape du processus de décision européen : le Conseil de l’Europe a approuvé, le 21 mai 2024, l’IA Act, qui entend harmoniser les règles en matière d’intelligence artificielle.
Un texte pour « établir une norme mondiale » en matière d’IA
Deux ans de travail ont été nécessaires à l’élaboration du texte par le Comité sur l’intelligence artificielle, un organisme qui a sollicité l’avis de 46 État membres du Conseil de l’Europe, les instances de l’UE et 11 États non-membres (dont les USA, le Saint-Siège ou Israël). Une ouverture aux pays étrangers non surprenante, puisque le traité est ouvert à la signature de pays non européens. Des acteurs privés et des universitaires ont également été sollicités pour la rédaction du traité. Pour le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić, « la Convention-cadre sur l’intelligence artificielle est un traité international unique en son genre […] [qui] répond à la nécessité de disposer d’une norme de droit international bénéficiant du soutien d’États de différents continents unis par des valeurs communes, qui permet de tirer parti des avantages de l’intelligence artificielle, tout en réduisant les risques qu’elle représente ». En somme, il s’agit de créer un texte de référence en l’absence de précédents consensuels sur le sujet.
Une convention abordée sous l’angle du risque
« Garantir le respect des droits fondamentaux des citoyens de l’UE et stimuler l’investissement et l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle en Europe » : tels sont les objectifs de la convention cadre, si l’on en croit Marija Pejčinović Burić. En élaborant un système de classification des systèmes d’IA abordée sous l’angle du risque, la convention entend limiter l’accès au marché de l’UE des systèmes d’IA présentant un risque ; à l’instar des systèmes d’IA relatifs à la manipulation cognitivo-comportementale et le score social, qui sont pour l’heure proscrits. Les systèmes permettant l’utilisation de données biométriques pour identifier « les personnes selon des catégories spécifiques telles que la race, la religion ou l’orientation sexuelle » seront également interdits. Des amendes sont mises en place pour lutter contre les infractions à la loi.
À qui s’applique le texte ?
Le texte entend s’appliquer aux pouvoirs publics comme aux entrepreneurs privés, qui devront tenir compte de celui-ci dans l’utilisation des systèmes d’IA. Ils devront soit se conformer à la convention même, soit « prendre d’autres mesures pour se conformer aux dispositions du traité, sans déroger à leurs obligations internationales en matière de protection des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit ». Il leur faudra à tous adopter des dispositions pour « identifier, évaluer, prévenir et atténuer les risques éventuels et évaluer la nécessité d’un moratoire, d’une interdiction ou d’autres mesures appropriées » lorsque l’utilisation de l’IA « est susceptible de présenter des risques incompatibles avec les normes relatives aux droits de l’Homme ». Une menace particulièrement arbitraire, dont l’acception est particulièrement ethnocentrée : la perception des droits de l’Homme n’est nécessairement pas la même à travers le monde et il semblerait étonnant que certains pays, notamment issus des BRICS, s’y soumettent. Ces pays-là veilleront-ils, comme y aspire la convention : « à ce que les systèmes d’IA respectent l’égalité, y compris l’égalité de genre, [et garantissent] l’interdiction de la discrimination » ? Cette convention-cadre, qui prévoit que les État mettent en place un contrôle indépendant visant à la respecter, sera ouverte à la signature à Vilnius le 5 septembre 2024. Voir aussi : Le plus souvent frileux, les médias contraints de très vite s’adapter à l’Intelligence Artificielle (IA) https://www.ojim.fr/le-plus-souvent-frileux-les-medias-contraints-de-tres-vite-sadapter-a-lintelligence-artificielle-ia/