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Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) : à l’est, rien de nouveau

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7 septembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) : à l’est, rien de nouveau

Temps de lecture : 4 minutes

Le Centre universitaire d’enseignement du journalisme est un centre de formation intégré depuis 1958 à l’université de Strasbourg. Il est reconnu par la convention collective des journalistes depuis 1968. Régulièrement classé parmi les 5 premières écoles de journalisme de l’hexagone, malgré des moyens financiers inférieurs à ceux des établissements privés, le CUEJ se targue d’être une institution « résolument tournée vers l’Europe » et offrant à ses étudiants « les connaissances et les outils intellectuels pour remplir le rôle social et culturel du journaliste ».

Estampillé conforme !

Clas­sique­ment ouvert aux étu­di­ants à par­tir de Bac+3, sur con­cours pour la for­ma­tion ini­tiale ou sur dossier et entre­tiens pour la for­ma­tion con­tin­ue, le cen­tre accueille des enseignants issus du monde uni­ver­si­taire ou des prin­ci­paux médias « main­stream », nationaux ou régionaux (TF1, Le Monde, France Info, AFP, France 2, DNA, L’Al­sace, France Bleu Alsace, France 3 Alsace…). Son directeur depuis 2019 est Christophe Deleu, spé­cial­iste des médias radio­phoniques, diplômé de l’Institut d’Études Poli­tiques de Lille et déten­teur d’un doc­tor­at de sci­ences poli­tiques à l’Université de Lille 2. Un encadrement qui offre indis­cutable­ment une garantie de con­for­mité avec les stan­dards du monde pro­fes­sion­nel actuel à défaut d’un gage d’originalité et d’irrévérence envers les dogmes et con­ven­tions du temps.

L’Europe, l’Europe, l’Europe (de Strasbourg, pas celle des Européens)

Du fait de sa présence dans la « cap­i­tale européenne » qu’est Stras­bourg, le CUEJ joue logique­ment  au max­i­mum la carte de l’ouverture aux pays de l’UE et aux insti­tu­tions de celle-ci. Ses étu­di­ants cou­vrent notam­ment les ses­sions du Par­lement européen à Stras­bourg en temps réel, heure par heure, via le site inter­net de l’école. Un tra­vail certes méri­toire mais qui ne les occupe que quelques jours par mois. Rap­pelons en effet que les par­lemen­taires européens ne sont présents à Stras­bourg que pour les ses­sions plénières, soit moins d’une semaine par mois. C’est en effet à Brux­elles que se déroule l’essentiel des travaux, le « dédou­ble­ment » du Par­lement entraî­nant une gigan­tesque et ubuesque migra­tion men­su­elle des per­son­nels et des dossiers représen­tant l’une des nom­breuses aber­ra­tions économiques et logis­tiques dont les insti­tu­tions européennes sont si frian­des. Mais ceci est une autre histoire.

Dans le cadre de son « ouver­ture sur l’Europe », Le CUEJ a égale­ment mis en place un Mas­ter Fran­co-Alle­mand qui per­met, chaque année, à douze étu­di­ants de suiv­re un dou­ble cur­sus, qui débouche sur l’ob­ten­tion simul­tanée du mas­ter de jour­nal­isme délivré par le CUEJ et l’é­cole de jour­nal­isme de Fribourg.

Par ailleurs, depuis 1994, le CUEJ délo­calise la fin de son cur­sus à l’é­tranger, ses étu­di­ants étant  envoyés dans divers pays européens pen­dant plusieurs semaines pour être con­fron­tés à l’ac­tu­al­ité du pays et pro­duire sur place un jour­nal en langue française, des dossiers mul­ti­mé­dias et des émis­sions de radio et de télévision.

Des étudiants dans le moule

Si l’ouverture géo­graphique est grande­ment mise en avant par l’institution, cela ne sem­ble pas être le cas pour l’ouverture idéologique. C’est en tout cas ce qui ressort du témoignage de Frédéric, étu­di­ant au CUEJ à la fin des année 2010, qui met en exer­gue le grand con­formisme qui règne dans les rangs des étu­di­ants du cen­tre. Selon lui, l’extraordinaire homogénéité idéologique des pro­mo­tions tient essen­tielle­ment aux pro­fils sim­i­laires des can­di­dats. Ain­si, si la plu­part des élèves ne sont pas à pro­pre­ment par­ler des mil­i­tants, ils sont pour la très grande majorité des bour­geois issus d’un « moule » de gauche, assez peu cul­tivés mais ayant de grandes dif­fi­cultés à imag­in­er une quel­conque altérité idéologique.

« Quand je suis arrivé, j’ai rapi­de­ment été amené à dévoil­er que j’avais voté pour la droite nation­al­iste pour le pre­mier tour de l’élection prési­den­tielle de 2017. Le lende­main, tout le monde en par­lait. J’étais le seul sur 50 à avoir fait ce choix » explique-t-il notam­ment. Un entre-soi encour­agé par cer­tains enseignants n’hésitant pas à dén­i­gr­er les titres de presse con­sid­érés comme « réac­tion­naires », en qual­i­fi­ant, par exem­ple, le men­su­el l’Incorrect de mag­a­zine « d’extrême droite catholique tra­di­tion­al­iste ». À ce compte, Valeurs Actuelles et le Figaro sont sans doute des brûlots cryp­to-fas­cistes…  C’est cer­taine­ment ce que le cen­tre appelle, sur son site inter­net, une « péd­a­gogie auda­cieuse ».

Écriture inclusive

Pour le reste, rien de très orig­i­nal ni de nova­teur dans le cadre des enseigne­ments ni des « valeurs » défendues par le cen­tre. D’un côté, on insiste sur les prob­lé­ma­tiques écologiques et cli­ma­tiques (décrois­sance, zéro déchets, réfugiés cli­ma­tiques…), de l’autre, on lutte – en écri­t­ure inclu­sive – « con­tre les vio­lences sex­istes, sex­uelles et homo­phobes ». Un copié-col­lé d’autres insti­tu­tions qui rel­a­tivise l’intérêt d’une « décen­tral­i­sa­tion » de « la for­ma­tion des élites », tant van­tée par cer­tains, mais qui ne sem­ble nulle­ment remet­tre en cause l’endogamie chronique des milieux médiatiques.

Bref à l’est, pas grand-chose de nouveau.