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Le soutien de l’invasion migratoire et « Le Monde »

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27 septembre 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Le soutien de l’invasion migratoire et « Le Monde »

Temps de lecture : 3 minutes

Le 10 septembre dernier, le Monde prétendait « repenser la crise des réfugiés » en donnant la parole à divers intellectuels européens. Sous couvert de débat et de pluralité des opinions, il s’agissait bel et bien de faire passer le message que « les migrations de vaste ampleur sont notre avenir »… Claude Chollet, président de l’Ojim, a décrypté pour Boulevard Voltaire ce numéro du Monde.

L’édition datée du jeu­di 10 sep­tem­bre veut « Repenser la crise des réfugiés » don­nant la parole à des « intel­lectuels européens ». Décryptage.

Le philosophe alle­mand Jür­gen Haber­mas – dernier sur­vivant de l’école de Franc­fort – définit l’asile poli­tique comme « un droit fon­da­men­tal », qui doit « être respec­té par la pop­u­la­tion dans son entier », et gare aux con­trevenants. Heureuse­ment, « une élite poli­tique résolue… peut con­duire sur le long terme l’opinion publique et la société civile » dans le camp du bien. Certes, « la paresse, l’égoïsme et l’absence de hau­teur de vue de la pop­u­la­tion » peu­vent être des obsta­cles, mais le droit pré­vau­dra. Un total­i­tarisme juridique oblig­a­toire et pérenne.

Robert Bad­in­ter renchérit avec un prési­dent d’« asso­ci­a­tions d’accueil ». Le « gou­verne­ment s’engage dans une poli­tique d’accueil pos­i­tive », mais on peut se deman­der si c’« est suff­isant au regard des flux de deman­deurs ». Créer 20.000 places en cen­tres d’accueil, « ce n’est pas créer un appel d’air ». Tout lecteur com­prend bien que les nou­veaux arrivants souhaiteront inviter, à leur tour, leur famille, leurs amis et les amis de leurs amis dans un cycle sans fin.

Plus cor­us­cante, l’intervention de l’écrivain ital­ien gauchiste Erri De Luca. « Si l’Europe refuse l’asile aux migrants, elle les noie. » Oubliés les agisse­ments irre­spon­s­ables des États-Unis en Irak, en Syrie et ailleurs (et de la France en Libye), oubliées les exac­tions de l’État islamique. Ces « pèlerins du salut ne cherchent pas une rési­dence mais une halte » . Qui peut imag­in­er que ces cen­taines de mil­liers d’hommes sont là pour une « halte » ?

Plus nuancée l’analyse de Slavoj Žižek, philososophe marx­iste slovène. « Les plus grands hyp­ocrites sont ceux qui défend­ent l’idée de fron­tières grandes ouvertes. » Les « réfugiés… sem­blent con­sid­ér­er leur rêve comme un droit incon­di­tion­nel, exigeant des autorités européennes… pro­duits ali­men­taires et soins médi­caux ».

La globalisation libérale réclame la libre circulation des marchandises mais aussi celle des hommes. Après un tel constat, on pourrait s’attendre – même si le « populiste raciste » est dénoncé au passage – à une prise de position équilibrée. Non, il faut « fournir aux réfugiés les moyens leur permettant de survivre dignement » car « il n’y a pas à transiger : les migrations de vaste ampleur sont notre avenir et ce sera soit un tel engagement soit la barbarie ».

Dans un édi­to­r­i­al du même numéro, Le Monde pro­pose Angela Merkel… pour le prix Nobel de la paix… Un psy­chi­a­tre se penchera un jour sur la névrose de cul­pa­bil­ité de la chancelière alle­mande et sur l’étrange traite­ment qu’elle veut nous infliger. Entre-temps, comme le souligne Slo­bo­dan Despot dans l’édition en ligne de Causeur du 7 sep­tem­bre, « les européens à qui l’on veut faire avaler sans bronch­er un des mou­ve­ments de pop­u­la­tion les plus colos­saux de l’Histoire ne sont pas des citoyens qu’on veut con­va­in­cre mais des chiens de Pavlov qu’on s’emploie à dress­er ».

Claude Chol­let
Prési­dent de l’O­jim — @ClaudeChollet
Source : tri­bune parue sur Boule­vard Voltaire