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Ça ne bouge pas dans le prêt-à-porter médiatique

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21 août 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Ça ne bouge pas dans le prêt-à-porter médiatique

Temps de lecture : 3 minutes

En 1989 – une éternité – le regretté Jean Dutourd publiait chez Flammarion un Traité du journalisme, sous-titré par antiphrase Ça bouge dans le prêt-à-porter, et dédié aux futurs jeunes journalistes. Dans son chapitre trois (Principes du journalisme), il donne quelques recommandations utiles pour les générations à venir :

« Il est égale­ment essen­tiel de don­ner de soi une image flat­teuse sur le plan per­son­nel aus­si bien que sur le plan pro­fes­sion­nel. On compte grosso modo deux caté­gories d’êtres humains : ceux qui sont de gauche et ceux qui sont de droite. Il est élé­gant d’être de gauche, ridicule d’être de droite. Donc soyez de gauche. D’ailleurs être de gauche va de soi : on est de gauche comme on respire, comme on est bien-por­tant. La droite est une mal­adie ; vous ressen­tez à l’égard de ceux qui en sont atteints le mélange de pitié, de répug­nance et d’aversion que ces mis­ères peu­vent inspir­er à un être sain. Mal­adie hon­teuse de sur­croît, qui dérè­gle le sys­tème nerveux et porte sou­vent le sujet infec­té aux vio­lences physiques ».

Il ajoute un peu plus loin :

« Par exem­ple, ne dites jamais « la droite » tout court, mais « la droite mus­clée » et attris­tez-vous de la qua­si-dis­pari­tion de la « droite clas­sique » ou de la « vieille droite » qui étaient for­mées de per­son­nes « dont on pou­vait ne pas partager les idées, mais devant la respectabil­ité desquelles on était for­cé de s’incliner ». A présent la droite est en proie aux « vieux démons » de la xéno­pho­bie et du racisme. Ne vous inter­ro­gez pas sur l’âge des démons qui habitent péri­odique­ment la droite : ils sont tou­jours vieux. Il n’y a pas de jeunes démons, du moins à notre con­nais­sance. Nous avons étudié la presse française avec la plus grande atten­tion depuis une trentaine d’années que les démons sont apparus et nous n’en avons pas trou­vé un seul qui eût quelque fraîcheur. »

Les Partout et les Quelque part

Cet ensem­ble de pon­cifs attribués avec tal­ent à la majorité d’une pro­fes­sion est-il encore de mise trente ans plus tard ? Le cli­vage droite-gauche (dans l’ordre alphabé­tique) a pris un coup dans l’aile et on par­le plus volon­tiers des pop­ulistes d’un côté et des libéraux lib­er­taires de l’autre ou bien des « Quelque part » opposés aux « Partout » chers à l’historien David Good­hart dans son livre à suc­cès, Les Deux clans, la nou­velle frac­ture mon­di­ale. Les Quelque part sont plus enrac­inés et ont en général une iden­tité fixe. Iden­tité géo­graphique, sex­uelle, pro­fes­sion­nelle, fondée sur l’appartenance à un groupe his­torique et à un lieu par­ti­c­uli­er. Les Partout sont flu­ides sur tous les plans et, comme les cap­i­taux, sont volon­tiers vagabonds. L’historien quan­ti­fie pour le Roy­aume-Uni les Partout à 20/25% de la pop­u­la­tion et les Quelque part autour de 50%, le restant oscil­lant entre les deux. Jean Dutourd devait appartenir aux « Quelque part ».