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Affaire CNN : Jeff Zucker sur un siège éjectable ?

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3 juillet 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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Affaire CNN : Jeff Zucker sur un siège éjectable ?

Temps de lecture : 3 minutes

En s’attaquant à Anthony Scaramucci, CNN a commis une bévue de taille. Scaramucci est un fidèle de Trump, auprès duquel il s’est engagé (au point de vendre Skybridge Capital, son très profitable business) afin de le conseiller sur sa politique économique et fiscale.

En dis­sémi­nant une « Fake news » insin­u­ant que l’homme de Wall Street, égale­ment homme de médias (Fox News, Wall Street Week), avait dis­cuté, avant l’intronisation de Trump, de la lev­ée des sanc­tions russ­es avec le patron d’un fonds russe « proche de Pou­tine », la fil­iale de Time Warn­er a réal­isé avoir franchi la lim­ite. Scara­muc­ci, pas­sif-agres­sif et con­nais­sant son droit, a poli­ment infor­mé la direc­tion de son inten­tion de la pour­suiv­re pour diffama­tion pour cent mil­lions de dol­lars. Ce qui créerait un précé­dent fâcheux. Résul­tat : rétrac­ta­tion, « démis­sion » de trois jour­nal­istes, nou­velles procé­dures déontologiques…

CNN con­nait un pas­sage à vide… depuis le témoignage du 8 juin dernier au con­grès de l’ex-directeur du FBI, James Comey. Ayant annon­cé à grand bruit (sur la foi de mul­ti­ples sources anonymes) que Comey nierait qu’il avait affir­mé trois fois à Trump qu’il ne fai­sait pas l’objet d’une enquête du FBI, Comey con­fir­ma la ver­sion de Trump con­tre toute attente.

Ce qui n’a pas empêché la chaîne de courir en juin après tous les lièvres, allant de la col­lu­sion poten­tielle du gen­dre de Trump (Kush­n­er) avec les Russ­es, à la thèse de l’entrave trumpi­enne à la jus­tice, en pas­sant par la dou­ble ration de crème glacée dans l’assiette prési­den­tielle, et sans oubli­er l’insinuation d’un prochain cré­pus­cule élec­toral du trump­isme, bafouée par les résul­tats de la lég­isla­tive par­tielle de Géorgie, pour­tant présen­tée par CNN comme un référen­dum sur Trump.

Bref, CNN a oublié de suiv­re l’actualité, et tend à se laiss­er dépass­er par les évène­ments, inca­pable de percevoir l’effet boomerang qui se des­sine tant dans l’opinion que chez les par­lemen­taires : l’affaire Russe devient pro­gres­sive­ment l’affaire Oba­ma, avec une série d’enquêtes par­lemen­taires qui se mon­tent sur ses anciens col­lab­o­ra­teurs, les médias pas loin der­rière (l’Ojim suiv­ra ce dossier).

En fait, tel le cha­ton qui court dans tous les sens après la lumière rouge du poin­teur laser, CNN, ahuri par Trump, n’a pas anticipé la con­tre-attaque des con­tre-révo­lu­tion­naires, en par­ti­c­uli­er celle du Project Ver­i­tas. Cham­pi­ons de la caméra invis­i­ble, Project Ver­i­tas vient de dif­fuser une série de trap­pages ciblant CNN, sous l’intitulé « Amer­i­can Prav­da ». Il y est révélé que Zuck­er (le patron de la chaine) a poussé l’affaire russe pour des raisons finan­cières (taux d’écoutes), que les mem­bres de l’équipe piégés con­cè­dent qu’il n’y a pas de preuves, et que « ce truc russe, c’est un gros sand­wich plein de vent » (« a noth­ing burg­er », sic Van Jones).

Bad tim­ing… parce que CNN devient un irri­tant qui gêne une fusion (en négo­ci­a­tion) de 85 mil­liards de dol­lars entre AT&T et Time Warn­er. Fusion qui doit être approu­vée par le min­istère de la jus­tice de l’administration Trump… Pire encore, selon des sources citées par le New York Busi­ness Jour­nal, la posi­tion de Zuck­er serait incer­taine : AT&T, qui fait dans le diver­tisse­ment, n’apprécierait pas la récente évo­lu­tion de CNN et pour­rait bien dis­pos­er de cette chaine, non essen­tielle au conglomérat.