Le Journal du Dimanche organisait mardi 25 novembre 2025, au Dôme de Paris, une soirée-débat de quatre heures consacrée aux thèmes politiques en vogue. Éducation, justice, narcotrafic, élections municipales, civilisation européenne… Une partie des cadors de la droite française et certains membres du parti présidentiel étaient présents afin de débattre et d’identifier les solutions pour enrayer le déclassement du pays.
Soudain, dans la grande salle de 4000 places, les lumières s’éteignent. Les voix de Christine Kelly, Geoffroy Lejeune et Charlotte d’Ornellas résonnent et remercient leurs lecteurs dans une vidéo projetée. Puis, sous des airs de musique rock, Eliott Deval, Louis de Raguenel et Geoffroy Lejeune montent sur scène sous des tonnerres d’applaudissements. Ils se livrent à un exercice humoristique en imaginant quel article vont écrire les journalistes de gauche pour étriller l’évènement, ce qui plaît beaucoup au public.
Ensuite, des paysages français défilent sur le grand écran placé sur la scène et l’on entend une voix très familière des téléspectateurs de CNews : c’est Philippe de Villiers. « La France, dit-on, est un acte littéraire, un poème où la langue devient musique, où chaque mot est un psaume d’espérance. » Sur ces mots, le fondateur du Puy du Fou entre sur scène acclamé par un public galvanisé. Philippe de Villiers martèle que la France – et son peuple – doit revenir à ses racines, que la France est aujourd’hui compressée entre le « Wokistan » et « l’Islamistan ». La figure star de CNews ajoute ensuite qu’il y a toujours une lueur d’espoir et que « le Français millénaire qui sommeille en chacun de nous » n’est pas mort.
Sauver l’école
Après ces discours d’introduction, nous assistons à deux débats spécialisés sur l’éducation et la justice. Le premier voit Eliot Deval interroger Haïm Korsia, le grand rabbin de France. Face à un public attentif, ce dernier appelle notamment de ses vœux à l’émergence d’une école plus « fun » pour les élèves et à redonner fondamentalement le goût de l’apprentissage aux plus jeunes.
Les trois autres intervenants : Violette Spillebout (députée de la 5ᵉ circonscription du Nord), Guillaume Prévost (secrétaire général de l’Enseignement catholique) et Anne Coffinier (présidente de l’association « Créer son école ») soulignent de leur côté la nécessité d’arrêter « la guerre » entre école publique et école privée, d’aider les enseignants qui ne sont pas soutenus « ni par le rectorat, ni par le gouvernement » et de lutter contre le séparatisme.
Durant l’entretien, Eliot Deval évoque par ailleurs des chiffres alarmants : « Plus de 5000 classes ont fermé dans le public contre 530 dans des écoles privées sous contrat ». Et le journaliste d’ajouter : « En revanche les écoles libres ont ouvert 400 classes supplémentaires. »
Un débat technique sur la justice
Le débat terminé, place ensuite au second, plus technique encore : celui de la justice française. C’est la journaliste Charlotte d’Ornellas qui mène l’entretien. À ses côtés, comme invités : Pierre-Marie Sève (délégué général de l’Institut pour la Justice) et Harmonie Comyn, veuve d’un policier tué par un chauffeur multirécidiviste.
Pierre-Marie Sève évoque d’abord un documentaire produit par l’Institut pour la justice qui revient sur la façon dont « la gauche s’est emparée du pouvoir judiciaire en France particulièrement à partir de 1981 sous François Mitterrand ». Il évoque également le Syndicat de la magistrature, connu pour son « mur des cons » où sont uniquement épinglées des personnalités de droite.
Quant à Harmonie Comyn, elle explique, face à un public particulièrement ému, « qu’une partie des juges requalifie les faits de délinquance pour diminuer la gravité de la peine de prison ». Pour la veuve d’Éric Comyn, une partie des juges estime en outre que « les criminels sont victimes de la société et proviennent de milieux défavorisés, ce qui excuserait leurs actes ». Son intervention, très remarquée, s’achève par un constat déplorable : le fait, rappelle-t-elle, qu’il n’y ait pas de conseils de l’ordre pour les magistrats français alors que les avocats et policiers doivent eux répondre de leurs actes.
Aurore Bergé sous le feu des critiques
Arrive ensuite un autre thème intrinsèquement lié à celui de la justice : l’insécurité. Pour en parler, sont réunis cette fois-ci sur scène : Claire Géronimi (présidente de l’association « Éclats de femme »), l’avocat Gilles-William Goldnadel et la ministre Aurore Bergé (chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations).
Dans son introduction, la ministre assure : « Toutes les victimes de violences sexuelles – et de toutes origines – devraient être entendues », ajoutant qu’il s’agit là « d’un combat pour nos femmes, nos filles, nos sœurs, qui ne doit pas être compartimenté ».
Or, Claire Géronimi, violée en 2023 par un Centrafricain sous OQTF, n’a, rappelle-t-elle, jamais été soutenue par la ministre lors de son procès qui s’est tenu en septembre 2025. « Pourquoi, lorsqu’on vous a contactée au moment du procès de mon agresseur il y a deux mois de ça, vous ne nous avez pas soutenues à ce moment-là ? Et pourquoi changez-vous maintenant complètement de bord ? », assène-t-elle à la ministre, visiblement dans l’embarras.
Dans la foulée, Gilles-William Goldnadel mentionne le racisme antiblanc, un racisme « d’autant plus terrible qu’il est nié ». Devant la salle comble, l’avocat établit ensuite un parallèle entre l’omerta du service public sur les victimes de couleur blanche en France et les victimes israéliennes « exclues des luttes et des revendications des féministes d’extrême gauche ».
La vie politique passée au crible
La soirée est ensuite ponctuée de débats intrinsèquement plus politiques. Au menu : les élections municipales puis le narcotrafic. Pour le débat sur les élections municipales, cinq personnalités politiques de premier plan sont reçues : David Lisnard (maire de Cannes et président de l’Association des maires de France) ; Karl Olive (ex-maire de Poissy et député des Yvelines) ; Laure Lavalette (députée du Var) ; Marie-Hélène Thoraval (maire de Romans-sur-Isère) et Antoine Valentin (maire de Saint-Jeoire).
D’abord seul sur scène, David Lisnard met d’emblée en cause la bureaucratie qui entrave les Français. Il enjoint par là même l’État français à s’occuper moins de la vie quotidienne des Français que de leur sécurité. « Vive la liberté », lance-t-il en référence à l’expression de Javier Milei.
Arrive ensuite la question du narcotrafic. La maire de Romans-sur-Isère illustre le sujet en prenant l’exemple d’un jeune de 14 ans recruté par un gang qui lui a payé une chambre d’hôtel pour qu’il se batte au pistolet avec un autre gang.
Marie-Hélène Thoraval souligne également le manque de moyens octroyés aux mairies face à la menace du narcotrafic qui est, selon elle, en phase d’ubérisation.
« Est-ce que tout est foutu ? »
Les spectateurs assistent ensuite à un débat ardu entre Éric Zemmour et Michel Onfray sur la “civilisation judéo-chrétienne”. Christine Kelly, présentatrice phare de CNews et acclamée par le public, mène la discussion.
La journaliste commence par présenter les ouvrages des deux écrivains sortis récemment : Déambulation dans les ruines : une histoire philosophique de l’Occident de Michel Onfray et La messe n’est pas dite, d’Éric Zemmour.
Chaque écrivain défend alors sa vision du christianisme et du judaïsme, les deux étant en désaccord notamment sur la nature du christianisme. Le président de Reconquête explique ainsi que le christianisme est la première religion à instaurer la liberté individuelle, quand Michel Onfray trouve que le catholicisme est une religion extrêmement prescriptive comme peut l’être le judaïsme.
Les deux s’accordent néanmoins sur le fait que la civilisation européenne est aujourd’hui en péril.
Pour le final, Sarah Knafo et Éric Naulleau se retrouvent autour d’une question éminemment cruciale : « Est-ce que tout est foutu ? ».
Les deux parcourent beaucoup de sujets différents. Sarah Knafo est plutôt optimiste : « L’espérance reviendra par le concret, les mesures, les propositions ». Éric Naulleau, lui, se révèle plutôt pessimiste quant à l’avenir de la France et assène : « Le niveau à l’école ne baisse pas, il s’effondre ».
La soirée s’achève ainsi sur ce débat. L’évènement se révèle un franc succès qui aura permis aux journalistes du groupe Bolloré de mesurer leur popularité auprès de leurs lecteurs et des spectateurs.
Jean-Charles Soulier


























