Après avoir publiquement renié Pierre-Édouard Stérin pour se dédouaner de toute « connivence droitière », le média Le Crayon se retrouve… accusé par L’Humanité de fréquenter la galaxie Zemmour. Ironie du sort pour ces jeunes entrepreneurs du dialogue qui, à force de chercher la respectabilité médiatique, récoltent la suspicion généralisée.
Il y a un an à peine, Le Crayon claironnait avoir « tourné la page Stérin ». Le média des jeunes, autoproclamé espace de débat apolitique, annonçait la sortie du milliardaire catholique de son capital, soucieux d’éviter toute assimilation à la droite conservatrice. Las : les efforts de désolidarisation n’ont pas suffi. L’Humanité vient désormais les accuser d’avoir remplacé un actionnaire qualifié de « réac » par des investisseurs supposément « zemmouristes ».
L’art de la désolidarisation permanente
Depuis sa création, Le Crayon cultive une image de neutralité ouverte : confronter les idées, inviter toutes les sensibilités, « réunir dans un monde clivé ». Pourtant, chaque apparition du nom de Pierre-Édouard Stérin, actionnaire minoritaire depuis 2023, déclenchait un réflexe pavlovien : communiqué, excuses, mise à distance. L’été dernier encore, lors du festival Delta à Marseille, les dirigeants assuraient publiquement que les projets politiques de leur ancien mécène « ne les concernaient pas ». Le principal intéressé a d’ailleurs répondu directement à ses amis ingrats sur son réseau social privilégié LinkedIn.
Cette précipitation à effacer toute trace d’un investisseur conservateur s’expliquait sans doute par la peur du procès en réaction. Mais à force de chercher l’absolution médiatique, Le Crayon semble avoir compris une loi immuable : renier n’immunise jamais.
Le coq a chanté trois fois et c’est maintenant une supposée proximité avec la sphère zémmourrienne qui est évoquée par l’Humanité sous la plume du journaliste préposé à la riposte anti-Stérin Thomas Lemahieu.
Du coup de crayon au coup de trique
Car voici que L’Humanité, organe communiste hyper subventionné par « l’État capitaliste », relance la machine à soupçons : si Stérin est parti, d’autres figures « liées à Zemmour » seraient entrées au capital. Parmi elles, Yasmine Douadi, épouse d’un avocat passé par le collectif « Avocats pour Zemmour ». Une participation infime (0,4 % du capital), mais suffisante pour que le Canard crie à la compromission.
L’affaire révèle surtout l’impossibilité, pour un média français, d’échapper au tribunal idéologique : le soupçon de « contagion droitière » suffit désormais à disqualifier toute tentative d’indépendance.
Quant à Pierre-Édouard Stérin, le moindre de ses soutiens passés ou présents semble voué à une critique agressive de la presse bien au-delà de la rédaction de L’Humanité.
Leçon d’un désaveu
En cédant à la panique, Le Crayon espérait couper court aux critiques. Le résultat inverse s’impose : sa volonté de « faire oublier Stérin » n’a convaincu ni ses adversaires ni ses soutiens. L’Humanité le fustige toujours, tandis que nombre d’observateurs rappellent que c’est bien le Fonds du Bien Commun, initiative qui a émergé grâce à Pierre-Édouard Stérin (et dont il ne fait plus partie) qui permit au média de se développer.
Ironie cruelle : ceux qui prétendaient « réunir les contraires » se retrouvent pris dans le même sectarisme qu’ils voulaient dépasser. Et Pierre-Édouard Stérin, honni par la gauche mais constant, peut regarder de loin ces apprentis stratèges découvrir que renier ses bienfaiteurs n’achète pas la paix idéologique.
Rodolphe Chalamel


















