Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Pour L’Express, le terrorisme n’existerait pas sans internet

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

10 mars 2016

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Pour L’Express, le terrorisme n’existerait pas sans internet

Pour L’Express, le terrorisme n’existerait pas sans internet

Temps de lecture : 3 minutes

Dans un article hallucinant publié sur le site de L’Express, la journaliste Christine Kerdellant s’est attiré les foudres des internautes… Il faut reconnaître qu’elle l’a bien cherché !

Pour la direc­trice de L’Ex­pan­sion et adjointe de Christophe Bar­bi­er à L’Ex­press, « les dji­hadistes de l’État islamique n’ex­is­teraient pas sans Inter­net ». « C’est le réseau infor­ma­tique mon­di­al qui leur a don­né une telle force, c’est la maîtrise d’In­ter­net qui a fait d’eux une telle men­ace », ajoute-t-elle sans trem­bler du menton.

Pour appuy­er son affir­ma­tion, la jour­nal­iste avance que « les dji­hadistes utilisent aus­si le bit­coin, la mon­naie virtuelle, pour régler une par­tie de leurs dépens­es. Et ils ont recours au crowd­fund­ing, l’ap­pel de fonds sur Inter­net, pour financer cer­taines de leurs activ­ités ». Ce qui en fait, à ses yeux, une rai­son suff­isante pour lier étroite­ment l’ex­pan­sion de l’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste avec la toile.

Les réac­tions n’ont pas man­qué sur les réseaux soci­aux, les inter­nautes jugeant ce point de vue totale­ment grotesque et tiré par les cheveux. Mal­gré tout, comme cela se voit sou­vent dans la presse, plutôt que de rec­ti­fi­er sa pen­sée voire de faire son mea cul­pa, L’Ex­press a préféré s’en­fon­cer dans l’er­reur… en aggra­vant son cas.

Volant au sec­ours de sa con­sœur, le jour­nal­iste Éric Met­tout, s’en est pris directe­ment, dans un édi­to­r­i­al, à ce « repaire de légions » qu’est l’in­ter­net. Ce dernier y dénonce les « men­songes et manip­u­la­tions » proférés par ces hordes de « cli­matoscep­tiques, sec­taires, con­spir­a­tionnistes, dieudon­nistes, religieuses, auto­mo­bilistes (sic), anti­sémites, ultra-sion­istes, islamistes, islam­o­phobes, homo­phobes, veg­gies ou poli­tique­ment extrémistes, de gauche mais surtout de droite ». Ces légions hon­nies sont recon­naiss­ables à leur capac­ité à « lever leurs troupes virtuelles en un clin d’œil au moin­dre papi­er cri­tique ou con­traire à leur prêt à penser, et à les faire con­verg­er en essaim obéis­sant vers la cible désignée ».

Et ce dernier d’es­timer que sa col­lègue n’a fait que con­stater qu’avec inter­net, les ter­ror­istes ont sim­ple­ment pu se ren­forcer d’a­van­tage. Or ce n’est pas du tout le pro­pos tenu par Chris­tine Kerdel­lant, qui a affir­mé caté­gorique­ment à deux repris­es que les jihadistes « n’ex­is­teraient pas sans inter­net ». Le prob­lème ne se trou­verait donc pas dans le Coran mais sur la toile, vecteur de tous les extrémismes… Aus­si, le prin­ci­pal dan­ger ne serait pas les atten­tats et les opéra­tions mil­i­taires de l’É­tat islamique, mais le « cybert­er­ror­isme »… On rêve.

Préférant alli­er l’aveu­gle­ment à la bêtise, Éric Met­tout, ancien de SOS Racisme, ajoute même que « les légions de l’Internet libre se ser­vent des mêmes armes que leurs homo­logues moins recom­mand­ables et ont les mêmes tra­vers ». Un pro­pos qui fait écho à celui de Renaud Dély, qui avait estimé l’an­née dernière sur France Inter que Daech votait Front National…

Une pra­tique courante de dén­i­gre­ment, saupoudrée de dia­boli­sa­tion, d’au­tant plus mal­v­enue qu’elle s’ac­com­pa­gne d’un entête­ment grotesque envers et con­tre tous. Comme le rap­pelle le site Reflets, pour ces dinosaures de la presse écrite, heureuse­ment en voie de dis­pari­tion, le « web » ne représente au mieux qu’un « super­marché » où il con­vient d’aller repêch­er ses lecteurs en fuite, au pire qu’un repère de nazil­lons déchaînés prêts à se jeter sur les ten­ants de la pen­sée juste à la moin­dre occa­sion. Pathétique.

Voir notre portrait d’Éric Mettout