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8 février 2022

Temps de lecture : 10 minutes

8 février 2022

Accueil | Portraits | Catherine Nay

Catherine Nay

Temps de lecture : 10 minutes

La “reine Catherine”

Famille et formation

Catherine Nay est née le 1er janvier 1943 à Tours. Elle est la fille de Georges Nay, ingénieur principal de la SNCF. Son frère, Jean-Gérard Nay, décédé en 1998, était délégué général de la Chambre de Commerce et d’Industrie française au Japon. Elle a étudié à l’Institut Sévigné, à Périgueux mais est seulement titulaire du Bac, puisqu’elle a échoué au concours d’entrée d’HEC Jeunes Filles et a rapidement interrompu ses études de droit à la faculté d’Assas pour se lancer dans le journalisme.

Issue d’une famille de cinq enfants appar­tenant à la bour­geoisie catholique de Périgueux, Cather­ine Nay est dev­enue une spé­cial­iste de la vie poli­tique parisi­enne, notam­ment grâce à sa prox­im­ité avec plusieurs hommes poli­tiques : Jean-Jacques Ser­van-Schreiber, Jacques Cha­ban-Del­mas, Valéry Gis­card d’Es­taing, Jacques Chirac, Édouard Bal­ladur… Elle fut longtemps la com­pagne (puis son épouse à par­tir de 2016) d’Albin Cha­lan­don (décédé en 2020), ancien résis­tant, député UDR de la deux­ième cir­con­scrip­tion des Hauts-de-Seine (Asnières-Colombes) puis RPR, qui fut Min­istre de l’In­dus­trie dans le gou­verne­ment de Georges Pom­pi­dou en 1968, Min­istre de l’Équipement et du Loge­ment de Mau­rice Cou­ve de Murville et de Jacques Cha­ban-Del­mas et Garde des Sceaux de Jacques Chirac pen­dant la pre­mière cohab­i­ta­tion de la prési­dence Mit­ter­rand (1986). L’homme a égale­ment dirigé Elf-Aquitaine de 1977 à 1983.

Parcours professionnel

Après un pas­sage éclair au Nou­veau Can­dide, Cather­ine Nay com­mence sa car­rière à L’Ex­press dont elle intè­gre la rédac­tion en 1967, suite à un stage, obtenu par l’entremise de Monique Gilberte, qu’elle avait effec­tué l’année précé­dente au sein du ser­vice poli­tique. Elle alors chargée par Jacques Ser­van-Schreiber de suiv­re la droite. Avec Michèle Cot­ta, chargée de la gauche, les deux « Express Girls » ren­con­trent un fort suc­cès auprès des hommes poli­tiques que leur jeunesse et leurs tenues à la mode des années 60 ne lais­sent pas indif­férents. « On rame­nait des infor­ma­tions, racon­te Cather­ine Nay dans Sexus Politi­cus (Albin Michel, 2006). Envoy­er des filles pas trop bêtes et pas trop laides, ça rac­cour­cis­sait les dis­tances ». Elle quitte l’Express en jan­vi­er 1975 et rejoint la même année le ser­vice poli­tique d’Europe1, embauchée par Éti­enne Mougeotte, qui vient alors d’être nom­mé directeur de la rédac­tion de la radio. En 1988, Cather­ine Nay est nom­mée rédac­teur en chef du ser­vice poli­tique. Elle rejoint Europe 1 en 1995, en tant qu’édi­to­ri­al­iste et directeur adjoint de la rédac­tion. Depuis 2005, elle est con­seiller du prési­dent et tient une chronique poli­tique heb­do­madaire dans laque­lle elle analyse l’ac­tu­al­ité poli­tique avec le ton mor­dant qui la car­ac­térise. Elle par­ticipe égale­ment à l’émis­sion domini­cale « Il n’y en a pas deux comme Elle », qui décrypte l’ac­tu­al­ité, la mode, les ten­dances, avec les jour­nal­istes du mag­a­zine Elle. Elle fait bien enten­du par­tie des « Grandes Voix d’Eu­rope 1 » et inter­vient dans cette émis­sion heb­do­madaire avec Michèle Cot­ta, Robert Namias, Gérard Car­rey­rou, Charles Vil­leneuve, Philippe Gildas et Pierre Les­cure. Elle livre une « Carte blanche » chaque ven­dre­di dans la mati­nale. Fin jan­vi­er 2022 elle rejoint le JDD pour y tenir une chronique heb­do­madaire à quelques mois de l’élection présidentielle.

Cather­ine Nay est Offici­er de l’Ordre Nationale du Mérite (Décret du 14 novem­bre 2006) et Cheva­lier de la Légion d’Hon­neur — déco­ra­tion qu’elle elle dit avoir finale­ment accep­té après plusieurs refus « pour faire plaisir à (sa) mère » (« Le Grand Jour­nal » de Canal+ du 9 jan­vi­er 2009).

Elle a reçu le prix Roland Dorgelès en 1998 et la Médaille de Ver­meil de la Ville de Paris la même année.

Sa nébuleuse

Cather­ine Nay est mem­bre du Siècle.

Elle fait par­tie de l’As­so­ci­a­tion des Jour­nal­istes parlementaires.

Elle est proche de Rachi­da Dati et fut l’une des pre­mières à la vis­iter à mater­nité au moment de son accouche­ment. En effet c’est Albin Cha­lan­don et Cather­ine Nay qui ont cha­peauté la future Garde des Sceaux à ses débuts dans la vie poli­tique. « Elle a écrit à la moitié du Who’s who », dit d’elle Cather­ine Nay en évo­quant cette époque.

L’académicien et ancien min­istre de l’Éducation Nationale (2007–2009) Xavier Dar­cos est un ami d’enfance, lui aus­si périgour­din d’origine.

Collaborations

Depuis 1991, Cather­ine Nay col­la­bore au Figaro Mag­a­zine, et depuis 1993 à Valeurs Actuelles. Elle sig­nait égale­ment, à par­tir de 1980, les por­traits poli­tiques de l’hebdomadaire Jours de France, pro­priété de Mar­cel Das­sault, suc­cé­dant ain­si dans cette fonc­tion à Léon Zitrone et Patrice Duhamel.

En 2008 et 2009, elle par­ticipe régulière­ment au « Grand Jour­nal » de Canal+ présen­té par Michel Denisot, où elle apporte un éclairage poli­tique avec d’autres jour­nal­istes : Philippe Val, Alain Duhamel et Jean-Michel Apathie. Elle est égale­ment fréquem­ment invitée sur le plateau de Cdans l’air sur France 5.

Publications

  • Sur les rela­tions entre Jacques Chirac et Valéry Gis­card d’Estaing : La Dou­ble Méprise, Gras­set, 1980
  • Sur François Mit­ter­rand : Le Noir et le Rouge, ou l’Histoire d’une ambi­tion, Gras­set, 1984
  • Les Sept Mit­ter­rand, ou les Méta­mor­phoses d’un septen­nat, Gras­set, 1987
  • Sur les tandems De Gaulle – Pom­pi­dou et Chirac-Bal­ladur : Le Dauphin et le Régent, Gras­set, 1994
  • Sur Nico­las Sarkozy : Un Pou­voir nom­mé désir, Gras­set, 2007
  • L’Impétueux : tour­ments, tour­mentes, crises et tem­pêtes, Gras­set, 2012
  • Tu le sais bien, le temps passe, Sou­venirs 1 et 2, 2021, Bouquins
  • Sou­venirs, sou­venirs, 2021, Poche

Elle a dit

« Les lecteurs pour­ront s’étonner que dans le livre je fasse par­fois allu­sion aux con­fi­dences de cer­tains hommes poli­tiques qui me racon­taient volon­tiers leurs bonnes for­tunes féminines. Mais cela allait avec l’air du temps. Je n’en étais pas choquée. Je ne trou­vais pas leurs pro­pos déplacés. Je m’en amu­sais. Cer­tains se con­fondaient en com­pli­ments un peu lourds, oui. D’autres me pro­po­saient d’aller dîn­er, oui, et plus si affinités. Ils ten­taient leur chance, pourquoi pas. Mais s’il n’y avait pas adéqua­tion entre l’offre et la demande, si c’était non, ils pas­saient leur chemin, sans façons. Et ensuite, rien ne changeait dans les rap­ports. C’était un jeu sans con­séquences. », Sou­venirs, sou­venirs, 2019, p.42.

« Il (Jean-Jacques Ser­van-Schreiber, NDLR) dis­ait: il faut des femmes, il me con­voque et me jauge du regard: trop grande, pense-t-il de toute évidence.
— Vous con­nais­sez la politique?
— Non, dis-je.
— Très bien, vous vous occu­perez des gaullistes. À droite, il n’y a que deux types intéres­sants : Gis­card et Cha­lan­don. Allez‑y ! »
, racon­te Cather­ine Nay au sujet de son embauche à L’Express dans Françoise Giroud, une ambi­tion française, Fayard 2003.

« J’avais été choquée par une déc­la­ra­tion d’Ariel Sharon pré­ten­dant que les mères pales­tini­ennes envoy­aient leurs enfants en pre­mière ligne. J’ai fait ensuite une autre chronique pour expli­quer que la for­mule “une terre sans peu­ple pour un peu­ple sans terre” était un mythe, car les ancêtres des Pales­tiniens ont été expul­sés de leurs ter­res. Je me demande si les mar­tyrs d’hi­er ne sont pas devenus les bour­reaux d’au­jour­d’hui. Après ces deux inter­ven­tions, j’ai été dénon­cée comme anti­sémite, ce qui m’a beau­coup affec­tée. J’ai décidé de ne plus écrire sur ce sujet. Même si la ques­tion me touche, je n’ai jamais été en Israël, je ne vois que les images qu’on nous mon­tre. Je con­state que les jeunes jour­nal­istes qui par­tent là-bas pro­sion­istes revi­en­nent très mobil­isés con­tre Israël », Mar­i­anne, 27 jan­vi­er 2003.

« Pour intéress­er le lecteur aujour­d’hui, pour racon­ter un homme poli­tique dans ses com­bats poli­tiques, mais aus­si dans ce qu’il a de chair – c’est de la chair, c’est une per­son­ne privée, qui a des pas­sions, des amours, et heureuse­ment… (…) Si vous faites une biogra­phie de Sarkozy et que vous ne racon­tez pas l’im­por­tance de Cécil­ia, com­ment il l’a séduite, com­ment il l’a embar­quée, com­ment elle est dev­enue son coach, sa muse, la femme avec qui il voulait arriv­er au pou­voir (…) hé bien je pas­sais à côté du sujet parce que ça l’a beau­coup mar­qué. Alors c’est peut-être Gala, mais c’est la vie », défen­dant son livre sur Nico­las Sarkozy, Un Pou­voir nom­mé Désir (Gras­set, 2007), dans l’émis­sion « On n’est pas couché » sur France 2, le 10 févri­er 2007.

Ils ont dit d’elle

« Dans un livre récent “Les ama­zones de la République”, le jour­nal­iste Renaud Rev­el racon­te com­ment, en France, nom­bre de per­son­nages poli­tiques impor­tants et jour­nal­istes femmes entre­ti­en­nent, depuis longtemps, des rela­tions très étroites. Dans le lot, il est ques­tion d’une cer­taine Cather­ine Nay, jour­nal­iste à l’Express, engagée par Françoise Giroud qui lui con­fia la rubrique poli­tique. Elle était chargée, notam­ment, de suiv­re les respon­s­ables de l’UNR de l’époque…devenu RPR puis UMP. C’est ain­si, que l’on apprend, que Madame Nay eut égale­ment des escapades avec un min­istre de 20 ans plus âgé qu’elle (ce qu’elle reproche à François Hol­lande avec Julie Gayet) qu’elle con­nut lors des Assiss­es du Par­ti gaulliste à Lille en novem­bre 1967. Albin Cha­lan­don était mar­ié et le res­ta, mal­gré sa vie com­mune avec la journaliste.
Cela s’appelle, ne pas man­quer d’air. », José Alcala, Caméra Diag­o­nale, 30 juin 2014.

« Tout a com­mencé à la fin des années soix­ante. Deux jeunes femmes fai­saient leurs débuts à L’Express. Elles étaient belles comme le jour, ces deux-là qui n’avaient pas encore trente ans. Dans un univers machiste et col­let mon­té, ces créa­tures appor­taient la grâce. C’est le fon­da­teur du mag­a­zine, Jean-Jacques Ser­van-Schreiber, qui avait eu l’idée d’affecter ces jolis minois au ser­vice poli­tique. L’homme qui voulait réformer la France souhaitait user de cette arme fatale pour ramen­er potins et con­fi­dences. Il allait, sans le vouloir, fab­ri­quer un petit milieu très homogène. Il est vrai que les bonnes manières autant que le regard de biche, mais aus­si l’intelligence du “com­man­do de charme” ser­vaient la cause du jour­nal (…) 1968. A l’Assemblée Nationale ce jour-là, Michèle Cot­ta arrive en tailleur-pan­talon rouge, Cather­ine Nay en mini­jupe plis­sée bleu marine. Pour com­pléter le tableau, la sec­onde arbore des cuis­sardes blanch­es. Je me sou­viens des talons hauts de la pre­mière qui claque­nt sur le mar­bre des couloirs. Dans la Salle des Qua­tre-Colonnes, où se croisent députés et jour­nal­istes, la sec­onde croise et décroise ses longues jambes dans les fau­teuils en velours. Les élus se frot­tent les yeux. Une jour­nal­iste moins gâtée par la nature les fusille du regard : “Allez-vous rha­biller !” Les huissiers eux-mêmes en per­dent leur flegme et entre­pren­nent de rabrouer les deux impé­trantes. Le prési­dent de l’Assemblée, Jacques Cha­ban-Del­mas, est obligé d’intervenir auprès des fonc­tion­naires sour­cilleux : “Lais­sez les tran­quilles !” Cha­ban, il est vrai, n’a jamais bais­sé les yeux devant une jolie femme ». Extrait de Sexus Politi­cus, de Christophe Deloire et Christophe Dubois, Édi­tions Albin Michel, 2006.

« Cather­ine Nay n’a jamais pré­ten­du être une idéo­logue, ou une ana­lyste his­torique, ou économique. Elle a un style de jour­nal­isme bien à elle, per­son­nel, elle a tou­jours fait ça : essay­er d’é­tudi­er la psy­cholo­gie des poli­tiques. D’ailleurs moi je trou­ve que la meilleure par­tie du livre c’est celle sur l’en­fance (de Sarkozy, NDLR) », Éric Zem­mour, dans l’émis­sion « On n’est pas couché » sur France 2, le 10 févri­er 2007, dans laque­lle Cather­ine Nay présente son livre sur Nico­las Sarkozy (Un Pou­voir nom­mé désir, Gras­set, 2007)

« Son nom évoque un instru­ment de musique arabe, mais c’est le piano famil­ial qui a forgé la sen­si­bil­ité des jeunes années de Cather­ine Nay à Périgueux. Sa mère en jouait et son père lui a com­mu­niqué sa pas­sion pour Beethoven », Olivi­er Bel­lamy, jour­nal­iste à Radio clas­sique dont l’in­vité était Cather­ine Nay le 28 juin 2011 pour son émis­sion « Pas­sion classique ».

Crédit pho­to : cap­ture d’écran RTS — Radio Télévi­sion Suisse via Youtube (DR)

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