Au cours de la même semaine, Franceinfo s’est illustrée par une interview émaillée d’affirmations factuellement fausses contre le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard, puis par deux graphiques de sondage successifs, tous deux erronés… et au détriment de Jean-Luc Mélenchon et d’Éric Zemmour. LFI saisit l’Arcom, tandis que France Télévisions parle, encore, d’« erreur humaine ».
Manipulations ou incompétence ?
L’épisode pourrait passer pour une simple série de maladresses si la répétition et le sens des erreurs n’interrogeaient pas plus largement la culture éditoriale du service public. En faisant des « erreurs » touchant LFI et Reconquête!, deux formations qui n’ont pas vraiment la cote dans le service public, France Info a illustré ce que ses détracteurs, mais aussi le président de l’Arcom, dénoncent depuis longtemps : sa partialité.
Entre questions mensongères en plateau et visualisations trompeuses à l’antenne, la promesse de neutralité de France Télévisions apparaît une nouvelle fois comme un mirage.
Une interview de Manuel Bompard qui tourne au correctionnaire
Le premier incident se déroule dans l’émission « Questions politiques », codiffusée par France Inter et France Info. Invitée à interroger Manuel Bompard, la journaliste de France Télévisions Alix Bouilhaguet lui prête des positions pour le moins approximatives sur le nouveau maire de New York, Zohran Mamdani, insinuant qu’il refuserait de condamner le 7 octobre et « botterait en touche ».
Le secrétaire national des Insoumis a démonté en plateau, avec sang-froid, les fausses informations de son interlocutrice.
Je corrige les fake news de France Inter sur Zohran Mamdani et le génocide à Gaza. pic.twitter.com/f4WuR5UQVe
— Manuel Bompard (@mbompard) November 9, 2025
Problème : dès le lendemain, Radio France et France Télévisions publient un message conjoint pour démentir ces affirmations… de leur propre journaliste. Ils reconnaissent que l’élu new-yorkais a bien dénoncé des « crimes de guerre horribles » et qu’on ne peut pas dire qu’il n’a pas condamné le 7 octobre. LFI saisit l’Arcom, dénonçant des « affirmations factuellement fausses ». Manuel Bompard, lui, parle de « questions mensongères » et déplore l’absence de sanctions concrètes.
Des graphiques de sondage à géométrie variable
À peine cette polémique retombée, une autre affaire éclate : la chaîne France Info diffuse un diagramme de sondage où les barres censées représenter les intentions de vote sont grossièrement disproportionnées. François Hollande et Xavier Bertrand apparaissent visuellement surreprésentés, tandis que Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, pourtant mieux ou aussi bien crédités, se retrouvent graphiquement minorés.
Bonjour France Info, ne voyez-vous pas un problème d’échelle sur votre graphique ?
Plus c’est gros, plus c’est France info ! pic.twitter.com/ONUCfMkKab
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) November 11, 2025
Moqueries en ligne, accusations de « propagande » : Franceinfo plaide une « erreur humaine » et présente ses excuses. Mais la « correction » diffusée ensuite à l’antenne comporte… un nouveau biais, continuant à sous-évaluer la place d’Éric Zemmour. Deux erreurs successives, dans le même sens, sur le même sujet.
Service public : la confiance, sans contrôle et RSF silencieux
Officiellement, France Télévisions rejette toute intention de manipulation. Mais l’enchaînement d’« erreurs » allant presque systématiquement dans une direction politique laisse interrogateur. Dans un paysage audiovisuel où le service public revendique un magistère moral face aux chaînes privées, ces affaires révèlent une autre réalité : celle d’une rédaction très peu sanctionnée lorsqu’elle déforme les faits, et d’un cadrage éditorial dont les déséquilibres finissent par se voir à l’écran.
Censé être en première ligne dans la lutte contre la désinformation, le service public, en crise, a illustré parfaitement en l’espace de quelques jours ce qu’était cette fameuse désinformation.
Il conviendra enfin de noter que l’association militante RSF, qui avait saisi l’ARCOM contre CNews pour avoir trop traité le meurtre de Thomas à Crépol, ne s’est pas manifestée contre ces fausses informations.
Rodolphe Chalamel














