Avec une perte d’exploitation de 72 millions d’euros prévue pour 2025, en aggravation de 45 %, France Télévisions a revu ses chiffres pour l’exercice en cours. L’horizon s’annonce résolument sombre pour le groupe médiatique public.
Selon les dernières prévisions de déficit publiées dans La Correspondance de la Presse le 14 mars 2025, cette détérioration de plus de 45 % résulte principalement d’une nouvelle réduction de la dotation publique. Initialement estimé à ‑49,4 millions d’euros, le résultat d’exploitation est désormais évalué à ‑72 millions d’euros, comme l’a annoncé la présidente-directrice générale du groupe, Delphine Ernotte.
Cette situation s’explique en grande partie par une nouvelle baisse des dotations publiques, adoptée par voie parlementaire, représentant une diminution de 25,8 millions d’euros. Cette coupe intervient dans un contexte global de recherche d’économies dans presque tous les secteurs. Face à ces restrictions, le groupe avait envisagé de contracter un prêt d’environ 50 millions d’euros et de puiser dans sa trésorerie, qui s’élevait à 100,5 millions d’euros à la fin de l’exercice 2023.
Pas de problème pour Delphine Ernotte
Delphine Ernotte, la patronne du groupe, assume cette perte d’exploitation et maintient ses engagements en matière de création, quitte à sacrifier l’équilibre budgétaire à court terme. Elle estime qu’il est impossible de présenter un budget équilibré sans compromettre les missions de service public. Déjà visé par une enquête de la Cour des Comptes dont trois magistrats examinent la gestion des comptes de France Télévisions pour la période 2017–2024, le groupe audiovisuel public pourrait nourrir de nouvelles critiques dans cette période de disette budgétaire, d’autant que la révélation de dérives dans l’usage des notes de frais ajoute une ombre supplémentaire sur la gestion du groupe.
Le 16 mars, veille de l’annonce de cette perte, le conseil d’administration de France Télévisions avait approuvé les comptes de l’exercice 2024, affichant « un résultat d’exploitation à l’équilibre et un résultat net de 2,4 millions d’euros ». Ces chiffres, salués dans un contexte d’annulation de concours publics à hauteur de 32,6 millions d’euros, avaient été rendus possibles grâce à des économies et aux recettes publicitaires générées par les Jeux Olympiques de Paris, avec un supplément de 17 millions d’euros grâce cet évènement international.
Avec des ressources publiques en diminution et sans événement majeur comme les JO pour compenser, France Télévisions devra s’adapter à une nouvelle réalité médiatique où les largesses de l’État ne semblent plus être la norme.
Rodolphe Chalamel