Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Le pape Léon XIV… Qu’en dire ?

23 mai 2025

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Le pape Léon XIV… Qu’en dire ?

Le pape Léon XIV… Qu’en dire ?

Temps de lecture : 5 minutes

Les médias en perdent leur latin.

Le pape Léon XIV était par­mi les papa­bile, certes, mais pas par­mi les favoris. N’ayant que peu d’informations sur ses opin­ions – ce qui est en soit une bonne nou­velle pour un pape, ils ont bien du mal à dessin­er ce que pour­rait être son pontificat.

Un pape discret. Quelle tuile !

Un « prélat améri­cain au pro­fil dis­cret », et un « homme timide et réservé » selon Le Figaro. Une manière « vis­i­ble­ment plus sobre » que celle de François. « Un incon­nu » pour le grand pub­lic selon Le Monde. Au fond, ce qui est dif­fi­cile pour les médias, c’est que Léon XIV est, selon Eti­enne de Mon­te­ty, « appré­cié pour son sens de l’écoute ». Or, quand on écoute, on par­le peu, ce qui donne d’autant moins de grain à moudre aux médias, qui étaient friands du pape François pré­cisé­ment parce qu’il par­lait beau­coup. Quitte ensuite à lui reprocher des effets d’annonces et de la communication.

Conservateur ou progressiste ? Dieu seul le sait

Les médias rêvaient d’un pro­gres­siste, esti­maient qu’il faudrait tout de même un pape un brin con­ser­va­teur pour ne pas bra­quer les catholiques, et se retrou­vent avec Léon XIV. Ils cherchent donc ce qui, dans sa per­son­nal­ité, cor­re­spond à leurs pronos­tics. Le Monde note qu’il donne « une image ras­sur­ante ». En effet, les Augus­tiniens, dont il vient, ont la répu­ta­tion d’être « attachés à la tra­di­tion autant qu’à la char­ité ». De plus, Léon XIV con­naît la curie, qui a été bien mal­menée par François. Le quo­ti­di­en pré­cise cepen­dant que le nou­veau pape est égale­ment « ancré dans la moder­nité et soucieux des exclus », donc dans les traces du pape François, auquel il a d’ailleurs ren­du « un hom­mage appuyé ». D’un autre côté, Le Figaro note que son élec­tion est « le fruit d’un con­clave har­monieux » et en veut pour preuve les réac­tions des car­dinaux. Tous les car­dinaux. Le car­di­nal Blase Cupich, « bergoglien his­torique », donc fer­vent par­ti­san du pape François, a mon­tré un « vis­age réjoui ». De l’autre côté du spec­tre poli­tique romain, le car­di­nal Burke, « l’un des sym­bol­es de la résis­tance con­ser­va­trice con­tre le pon­tif­i­cat de François », a envoyé un « mes­sage d’action de grâces » sur son compte X. Léon XIV fera-t-il des déçus ou enray­era-t-il le divorce de l’Eglise catholique ? L’avenir le dira.

L’international, l’atout de Léon XIV ?

La pre­mière béné­dic­tion de Léon XIV est « sous le signe de la paix », selon Le Figaro, et il en a prof­ité pour « [admon­ester] tous les bel­ligérants du monde ». En cela, le nou­veau pape mar­que une cer­taine dif­férence avec son prédécesseur. L’un des points les plus reprochés à l’héritage de François con­cerne le mes­sage inter­na­tion­al. En effet, ce dernier avait ten­dance à voir les con­flits sous le prisme du dia­logue inter­re­ligieux qu’il essayait de nouer. Un fil­tre qui l’avait con­duit à ménag­er la Russie pour ne pas se brouiller avec les ortho­dox­es et la Pales­tine pour ne pas froiss­er les musul­mans. Le pape Léon XIV, lui, « laisse entrevoir une rup­ture » selon Le Monde, notam­ment sur le sujet de la guerre en Ukraine. Le nou­veau pape restant mal­gré tout celui de l’écoute, de la dis­cré­tion, le quo­ti­di­en note une évo­lu­tion « sub­tile, pru­dente, mais claire ». Alors que François « au nom d’un paci­fisme total », demandait une paix rapi­de et repre­nait cer­tains points de l’argumentaire russe, Léon XIV, lui, utilise une « séman­tique proche de celle employée par Kiev et ses alliés européens ».

Que fera Léon XIV de l’héritage de Léon XIII ?

Enfin, Léon XIV se place, c’est évi­dent, dans la lignée de Léon XIII, qui avait écrit l’encyclique Rerum novarum. Cette ency­clique a fondé la doc­trine sociale de l’Eglise, qui abor­de la façon d’être catholique dans son devoir d’Etat, à savoir, sou­vent, le tra­vail. Une ency­clique large­ment étudiée et mise à jour. Dans les dif­férentes asso­ci­a­tions catholiques con­cer­nant les pro­fes­sion­nels plus ou moins jeunes, la doc­trine sociale de l’Eglise est ce que l’on appelle un must. L’Humanité, cela n’étonnera per­son­ne, ne fréquente guère ces cer­cles et se demande donc si Léon XIV va « dépous­siér­er cette ency­clique », qui n’a jamais pris la poussière.

Léon XIV : une histoire marquée par la violence

Le Dauphiné Libéré dresse un por­trait dithyra­m­bique de Léon XIV, comme si le jour­nal­iste tra­vail­lait déjà sur son dossier de canon­i­sa­tion. Mais au fil de l’article, on dis­cerne une his­toire qu’aucun média ne sem­ble vouloir racon­ter. Robert Pre­vost, actuel Léon XIV, grandit dans « un quarti­er de gens de la classe moyenne qui tra­vail­laient dur, avec de solides valeurs famil­iales et une foi dans la com­mu­nauté catholique ». Son père est directeur d’école, sa mère bib­lio­thé­caire. Aujourd’hui dans ce lieu où il sem­blait faire autre­fois bon vivre, « des maisons sont murées et des com­merces ont été trans­for­més en tem­ples évangéliques sur fond de déclin de la reli­gion catholique. L’église parois­siale où le jeune Robert était enfant de chœur et son anci­enne école sont à l’abandon. » Mais surtout, le quarti­er, et même la mai­son où a gran­di Robert Pre­vost, souf­frent de « beau­coup de vio­lences liées au traf­ic de drogue ».

Robert Pre­vost ne pou­vait pas ignor­er ce qu’était devenu le quarti­er où il avait gran­di, et cela soulève une ques­tion. Son sac­er­doce mis au ser­vice des plus pau­vres, notam­ment en Amérique du Sud, peut-il être une façon de traiter à la source cer­tains des prob­lèmes qui ont défig­uré son quarti­er ? Son mes­sage pour la paix n’est-il qu’en direc­tion de Don­ald Trump et Vladimir Pou­tine, ou égale­ment des­tiné aux trafi­quants de drogue ?

Adélaïde Hec­quet

Mots-clefs :

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés