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Le pape François, pape pauvre, pape des pauvres plaît aux médias

6 mai 2025

Temps de lecture : 6 minutes
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Le pape François, pape pauvre, pape des pauvres plaît aux médias

Temps de lecture : 6 minutes

Les médias ont tou­jours vu d’un mau­vais œil la « richesse » de l’Église, avec ses églis­es, ses dorures, son archi­tec­ture, son pat­ri­moine issu de deux mille ans d’existence. Avec le pape François, ils ont un pape pau­vre, qui s’est en plus attaché à dégraiss­er l’Église, les médias dom­i­nants en pro­duisent une hagiographie.

Le pape François, aux antipodes de ses prédécesseurs

20 Min­utes sem­ble ravi de dépein­dre un pape François amoureux d’une vie austère sup­posé­ment boudée par ses prédécesseurs. Il pré­cise ain­si que « à chaque cadeau perçu, le pape François avait décidé de le reven­dre », rever­sant les sommes à des asso­ci­a­tions, alors que « son prédécesseur Benoît XVI avait quant à lui perçu près de cinq mil­lions d’euros de droits d’auteur pour son ouvrage Jésus de Nazareth ».

Désireux de vivre selon son vœu de pau­vreté, le pape François était d’une cer­taine façon le mou­ton noir du Vat­i­can. Le Monde insiste sur ce point, et explique que « il détes­tait le Vat­i­can, ses ors, son faste, son éta­lage invraisem­blable de richess­es. Il n’aimait guère non plus ce que l’Église avait fait de ses prélats, des mondains car­riéristes coupés de la vie et des gens. Sans par­ler des scan­dales financiers et sex­uels rangés sous les lourds tapis du Saint-Siège. » Il pré­cise égale­ment que le pape François a poussé l’humilité jusque dans la pra­tique de son min­istère : « abbé, il le res­ta, même au Vat­i­can, où il célébrait chaque matin la messe dans une petite chapelle. »

Est-ce à dire que les papes précé­dents ne célébraient pas la messe tous les jours ? C’est peu prob­a­ble. Qu’ils la célébraient, par orgueil, dans des lieux trop imposants ? Les médias peu­vent tout imag­in­er, atten­du que Le Monde explique égale­ment que l’élection du pape François « n’était pas l’accomplissement d’une ambi­tion per­son­nelle ». Comme s’ils étaient nom­breux, les car­dinaux qui rêvent de tiare blanche et organ­isent leur sac­er­doce dans le but d’être pape un jour.

Voyez comme il est pauvre

L’un des sujets qui pas­sionne les médias, dont la plu­part perçoivent des sub­ven­tions assez généreuses, c’est le salaire du pape et de ses car­dinaux. Ain­si, 20 Min­utes affirme que « Le Saint Père a passé une vie loin de toute for­tune et dédiée aux plus frag­iles », et qu’il « avait choisi le nom de François en hom­mage à Saint-François d’Assise et sa volon­té d’aider les plus pau­vres. » Il pré­cise que le pape François était « issu d’un milieu très mod­este » et que « cet homme pro­fondé­ment sim­ple et humain n’a d’ailleurs jamais cher­ché à s’enrichir au cours de son pon­tif­i­cat. » Alors com­bi­en gagne le pape ? Rien, finit par lâch­er 20 Min­utes, comme ses prédécesseurs. Le pape ne perçoit aucun salaire, qu’il soit le pape François désireux d’aider les plus pau­vres ou un autre.

20 Min­utes pré­cis­era cepen­dant que « le très riche Vat­i­can » prend en charge l’ensemble du traite­ment des papes, et qu’il les traite man­i­feste­ment bien puisque « Jorge Mario Bergoglio avait, à sa nom­i­na­tion, décidé de s’établir dans la rési­dence Sainte-Marthe, jugeant le grand apparte­ment pon­tif­i­cal du troisième étage trop spa­cieux. » Les papes ne sont certes pas payés, mais ils mènent grande vie pour autant, sem­ble insin­uer 20 Min­utes. Rejoint sur cette ligne par Cap­i­tal, qui explique que « le pape François a pris des mesures d’austérité visant à réduire le déficit budgé­taire du Vat­i­can. Par­mi elles, la baisse de la rémunéra­tion des cardinaux. »

Avec le pape François, l’Église au service des pauvres

L’Église est au ser­vice des pau­vres, elle se doit donc de l’être. L’antienne est con­nue, mais elle est rechan­tée à l’envi. Le Point explique que le pape François était « le pape au mode de vie le plus sim­ple de l’His­toire. » Il rap­pelle d’abord que « le temps où le pape se déplaçait, pour ses appari­tions publiques, en sedia ges­ta­to­ria (chaise à por­teurs) n’est pas si loin­tain », et con­cède que la dis­pari­tion de cet usage est due à Jean-Paul II. Cepen­dant, « le pape François va plus loin dans l’in­no­va­tion, en rompant avec les pom­pes et dorures ecclésiastiques. »

La sim­plic­ité est pour­tant un but pour­suivi par de nom­breux papes depuis plus d’un siè­cle. Au début, les prêtres étaient instru­its, et les évêques l’étaient donc encore plus. L’instruction allant de pair avec la noblesse en ces temps, on arrivait à des car­dinaux issus des hautes sphères de la société. Habitués à un niveau de vie élevé, ils le repro­dui­saient au Vat­i­can. Le pape François est cepen­dant bien loin d’être le pre­mier à aimer et rechercher la pau­vreté. Pie X, à l’aube de la Pre­mière guerre mon­di­ale, fai­sait l’étonnement de tous en mangeant de la polen­ta, plat pop­u­laire ital­ien à base de semoule, plutôt que les mets raf­finés qu’on lui pro­po­sait. L’Express rap­porte que « comme Benoît XVI et Jean-Paul II avant lui, le pape François a apporté des ajuste­ments au rit­uel imag­iné et expéri­men­té par Paul VI en 1978. » La sim­plic­ité est donc cher­chée depuis plusieurs décen­nies, et elle n’est pas l’apanage des papes qui ont l’heur de plaire aux médias.

Un pape simple

Le Point ajoute que dans la rési­dence Sainte-Marthe, le pape François « prend ses repas dans la salle com­mune, au vu de tous les vis­i­teurs de pas­sage ». Le pape François était ain­si un pape sim­ple, qui « télé­phone lui-même à ses inter­locu­teurs », et dénonce le train de vie et les mon­dan­ités de la Curie. Il « impose le tutoiement, à la lati­no, et ter­mine inex­orable­ment ses entre­tiens par un hum­ble « priez pour moi ». » Cette demande de prière mar­que beau­coup les jour­nal­istes, qui en font état dans d’autres titre, notam­ment RFI, qui cite des habi­tants de Gaza. « Vous vous ren­dez compte ? Le pape François nous demandait de prier pour lui. » La demande n’est pour­tant pas éton­nante, et elle est même canon­ique. Chaque dimanche, à la messe, tous les fidèles prient pour le pape.

Émer­veil­lés par la sim­plic­ité du pape François, les médias con­tin­u­ent à étaler ces détails qui l’ont mon­trée. Il util­i­sait une petite Fiat pour ses déplace­ments, et fai­sait même ses cours­es dans des mag­a­sins en ville. Détail majeur pour les médias du monde libéral lib­er­taire : le pre­mier déplace­ment de François après sa nom­i­na­tion fut pour Lampe­dusa, île acca­blée par l’immigration mas­sive. Pour le Huff­in­g­ton Post, c’est là une des­ti­na­tion « très sym­bol­ique­ment choisie ». Et le média d’embrayer sur Mar­i­on Maréchal qui « s’était autorisée dix ans plus tard une opéra­tion de com’. » Quant à savoir ce qui dif­féren­cie le sym­bole de la com’, c’est prob­a­ble­ment la couleur politique.

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