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Le Média Positif : arme contre la morosité ou niaiserie numérique ?

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16 février 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Le Média Positif : arme contre la morosité ou niaiserie numérique ?

Temps de lecture : 4 minutes

« Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent ». Stéphane Eicher résumait assez bien le paysage médiatique dans son tube « Déjeuner en paix » sorti en 1991. Guerre, corruption, épidémie, pauvreté… Tous les sujets sont bons pour être tristes ! Au milieu du catastrophisme ambiant, deux jeunes étudiants ont fait le pari de ne proposer que des contenus positifs en créant Le Média Positif.

Un média qui donne le sourire

Lancé en jan­vi­er 2021 alors que la France a déjà som­bré dans sa noirceur médi­ati­co-covi­di­enne, Le Média Posi­tif (lemediapositif.com) détone dans une péri­ode où l’actualité est ryth­mée par les chiffres de con­t­a­m­i­na­tions et d’hospitalisations ain­si que des polémiques de plateaux télévisés sur des ques­tions sci­en­tifiques et de lib­ertés publiques. C’est sur Twit­ter que naît le pro­jet avec un pre­mier post ven­tant la démarche d’un hôte­lier met­tant son étab­lisse­ment à dis­po­si­tion des sans-abris.

Quo­ti­di­en­nement, des nou­velles pos­i­tives sont postées et le compte monte en puis­sance. La viral­ité est ren­due plus facile car l’engagement envers le compte n’engage en rien, le con­tenu étant anti-polémique.

Suiv­ra le développe­ment du con­cept sur les divers­es plate­formes de réseaux soci­aux : Insta­gram, Face­book, LinkedIn et Tik­Tok. Un site web ver­ra égale­ment le jour.

Par­mi les con­tenus récur­rent, une place non nég­lige­able est con­sacrée à la nature notam­ment aux ani­maux et aux paysages. Le mignon petit renard, valeur sûre des réseaux soci­aux à l’instar des petits chats côtoie le mag­nifique paysage indonésien ou les aurores boréales fin­landais­es. Un zeste d’inclusion avec du hand­i­cap comme ce paralysé qui marche avec l’aide d’un exosquelette et d’un ami.

On retrou­ve égale­ment un peu de sport ou d’activ­ités sen­sa­tion­nelles tou­jours avec un esthétisme assez agréable.

Une réussite indéniable

Le Média Posi­tif a su se posi­tion­ner assez rapi­de­ment dans un créneau peu util­isé ou en tout cas pas aus­si pro­fes­sion­nelle­ment. En effet, si les images sont repris­es d’autres sup­ports, cela n’enlève rien aux con­traintes poten­tielles de droit d’auteurs. La présen­ta­tion sobre des images et vidéos pro­posées par­ticipent aus­si de la mar­que du média : sim­ple et effi­cace. Avec 275 000 abon­nés sur Twit­ter en un an d’existence seule­ment, on peut par­ler de vrai succès.

Un suc­cès qui se façonne quo­ti­di­en­nement à en croire l’un des fon­da­teurs qui explique éplucher la presse et les réseaux soci­aux pen­dant deux heures tous les matins. Les deux fon­da­teurs sont issus de Sci­ences Po Paris. Il s’agit d’Emma Rou­vet, une jeune étu­di­ante désireuse de devenir jour­nal­iste et Hugues de Ros­ny, jeune con­seiller munic­i­pal dans la majorité LR du maire d’Orléans Serge Grouard. Guère porté sur les polémiques dans son usage des réseaux soci­aux, le jeune homme sem­ble pencher vers la ten­dance « Bel­lamy » chez Les Répub­li­cains, à en croire son compte Twit­ter. Un posi­tion­nement qui le dif­féren­cie cepen­dant con­sid­érable­ment d’une large par­tie des élèves de son école.

Portés par la réus­site de leur média les deux acolytes ont annon­cé le 20 jan­vi­er 2022 le lance­ment d’un « JT posi­tif » sur YouTube. Un lance­ment fait non sans une cer­taine mal­ice en clin d’œil à l’actualité oppres­sante du temps présent. Un jour­nal présen­té par Emma Rou­vet et qui reprend trois sujets d’actualités « posi­tifs ». La présen­ta­tion est de très bonne qual­ité et le con­tenu, dans un for­mat court, devrait pou­voir pren­dre même si les débuts appa­rais­sent un peu pous­sifs en ter­mes de résul­tats chiffrés. La réus­site de ces deux jeunes jour­nal­istes leur a valu plusieurs arti­cles, tous posi­tifs évidem­ment, et même un pas­sage dans Quo­ti­di­en de Yann Barthès.

Occulter la réalité ou voir le verre à moitié plein ?

Peut-on dire du mal du Media Posi­tif ? Oui, mais nous n’aurions pas vrai­ment envie tant le tra­vail réal­isé par les deux étu­di­ants est de qual­ité. C’est d’ailleurs la force de ce média, un con­sen­su­al­isme total qui évite de se met­tre à dos qui que ce soit. Et si des sig­naux poli­tique­ment cor­rects ou tout au moins très con­sen­suels sur les ques­tions cli­ma­tiques comme avec la « sen­si­bil­i­sa­tion des citoyens ».

Autre écueil, plus général celui-ci, le risque de déformer notre per­cep­tion de la réal­ité en refu­sant de voir l’actualité dans sa glob­al­ité avec ce qu’elle compte d’heureux et de moins heureux.

D’une cer­taine manière en se focal­isant sur des sujets non-polémiques et plutôt por­teurs d’espoir, Le Média Posi­tif mon­tre surtout qu’il n’est pas un média général­iste et qu’il observe un par­ti-pris médi­a­tique qui lui est pro­pre. Libre à ceux qui le con­sul­tent d’équilibrer de con­tre­bal­ancer avec un média plus négatif… et plus réaliste !