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Inclusiv.tv : un outil de promotion pour Najat Vallaud-Belkacem ?

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6 juin 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Inclusiv.tv : un outil de promotion pour Najat Vallaud-Belkacem ?

Temps de lecture : 4 minutes

C’est une offre de vidéos en ligne par abonnements dont les contenus doivent apprendre à ses spectateurs à « surmonter le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore les préjugés liés aux handicaps ou aux apparences » : Inclusiv.tv, dont le sous-titre est « Tout est une question de regard », a été lancée mardi 30 mai 2023 par l’ancien ministre Najat Vallaud-Belkacem. Une plateforme qui coûtera à ses abonnés la somme de 5,99 euros par mois, somme à peu près égale à celui demandé par les plateformes américaines dont celle qui préside désormais France terre d’asile ne rougit pas : « Ce n’est pas du tout le même geste que celui de s’abonner à Netflix, c’est un geste engagé ».

Une plateforme (sur)politiquement correcte

Au pro­gramme de cette nou­velle offre : cinquante heures de pro­grammes, allant du court-métrage au reportage jusqu’au doc­u­men­taire, répar­tis entre cinq catégories.

Dans la caté­gorie « apparences », on retrou­ve par exem­ple la ques­tion du « Corps des femmes », doc­u­men­taire dont le résumé ne fait guère rêver pour son orig­i­nal­ité – « Au Mans, dans le cab­i­net de gyné­colo­gie de Céline, les patientes se sai­sis­sent de l’é­coute qui leur est don­née et des mots de leur médecin. Nous les suiv­ons au plus proche leur intim­ité, loin des clichés sex­uels et de gen­res dans lesquels notre monde les enferme. » Sans sur­prise, y appa­raît égale­ment la ques­tion de la « grossophobie ».

Le volet « dérac­inés » ne laisse pas plus de place à la sur­prise, abri­tant des plaidoy­ers en faveur des droits des étrangers à l’image du pro­gramme Réten­tion, qui racon­te l’histoire de Mathilde, dans un « Cen­tre de Réten­tion en France. [Celle-ci] bataille chaque jour pour défendre les droits d’étrangers qui y sont enfer­més, explique le syn­op­sis. Arrive Yuri, ukrainien sans papiers. Com­mence alors une course con­tre la mon­tre pour Mathilde, qui va ten­ter d’empêcher son expul­sion. »

La caté­gorie « unique en mon genre » est peut-être la plus sat­is­faisante en matière de poli­tique­ment cor­rect, dénonçant « la haine » dont ferait l’objet les « homos » ou pro­mou­vant « l’homoparentalité ».

Vien­nent ensuite des caté­gories fourre-tout aux titres mièvres (« ensem­ble » et « pas là où on m’attend ») avec des con­tenus (très atten­dus) notam­ment relat­ifs aux « har­cèle­ment sex­uel, un mâle sournois » (sic) ou à ces « petits machos […] de retour » ou au cal­vaire sup­posé des par­cours de nat­u­ral­i­sa­tion française.

Sou­vent recy­clées, les vidéos déjà passées – pour cer­taines – par France Télévi­sions ou sur la télévi­sion suisse n’ont pas même le mérite d’être un con­tenu né de cette plateforme.

Derrière Inclusiv.tv : anciens du ministère et acteurs « engagés »

Der­rière la créa­tion de Inclusiv.tv, Maxime Ruszniews­ki est l’ancien con­seiller au min­istère des droits des femmes de Najat Val­laud-Belka­cem. Celui qui est désigné comme un « entre­pre­neur fémin­iste », qui assure qu’il est « né homme donc [qu’il est] priv­ilégié », a mon­té la start-up Remixt,  « La solu­tion #1 en Diver­sité & Inclu­sion », qui vise à men­er des for­ma­tions en « préven­tion de l’homophobie […], sex­isme, […] vio­lences sex­istes et sex­uelles, […] du racisme […] de la grosso­pho­bie » mais aus­si sur la « sobriété car­bone » ou la com­préhen­sion du handicap.

Antoine Robin, le directeur de la pub­li­ca­tion du site, est quant à lui le co-fon­da­teur de Bien Média, qui abrite d’autres plate­formes de stream­ing : c’est le cas d’Au nom de la terre, une chaîne de télévi­sion « engagée de l’agriculture, du mieux manger et de l’écologie » et de la plate­forme de doc­u­men­taires indépen­dante Spicee.

Un outil de promotion personnelle ?

Comme le soulig­nait l’article de Mar­i­anne « On a testé Inclusiv.tv », le cat­a­logue par­ti­c­ulière­ment lim­ité (50 heures, 52 vidéos), le car­ac­tère très divers des vidéos présen­té tout comme la nature par­ti­c­ulière­ment éloignée de cer­tains con­tenus par rap­port à l’inclusivité soulèvent la ques­tion de l’usage de cette notion à des fins mar­ket­ing. Mieux encore : les icônes de Face­book, Twit­ter, Insta­gram et LinkedIn présentes au bas du site de Inclusiv.tv, qui ren­voient directe­ment aux pro­fils per­son­nels de Najat Val­laud-Belka­cem sur ces réseaux soci­aux, ne dis­ent-elles pas toute l’ambition auto-pro­mo­tion­nelle de cet instru­ment au ser­vice de l’ancien ministre ?