Thierry Ardisson, décédé le 14 juillet 2025 à 76 ans d’un cancer du foie, a préparé sa mort avec la minutie d’un metteur en scène. Kit de presse, best of d’archives, documentaire post-mortem : l’animateur a tout prévu pour que son départ soit un événement à son image.
Un rapport à la mort
Thierry Ardisson, surnommé « l’homme en noir », a toujours cultivé un rapport singulier à la mort, l’évoquant avec un mélange d’ironie et de sérieux. Lors d’une interview au Parisien en mai 2025, il confiait :
« Le jour où je sentirai la fin approcher, je déciderai de tous les détails pour mon enterrement ».
Fidèle à cette promesse, l’ancien publicitaire, décédé à 76 ans le 14 juillet 2025, a organisé son départ avec une précision digne de ses productions télévisuelles. Comme la reine Elizabeth II avec son protocole « London Bridge », Ardisson a transformé sa mort en un événement médiatique soigneusement chorégraphié.
Un kit de presse pour l’au-delà
Conscient que son image serait scrutée même après sa disparition, Thierry Ardisson a envoyé, en fin de semaine précédant son décès, un « kit de presse » aux rédactions. Ce dossier contenait une liste de sept personnalités, dont le DJ et acteur Philippe Corti qui apparaissait dans nombre de ses émissions, l’humoriste Laurent Baffie et les journalistes Léa Salamé ou encore Franz-Olivier Giesbert, avec leurs numéros de téléphone, présentés comme des « amis proches » à contacter pour des témoignages. « Je suis un peu perdu, il avait tout prévu », confiait Corti, submergé d’appels après l’annonce officielle par l’AFP. Ce kit incluait également des photos validées par Ardisson, tatillon sur son image, et seize minutes d’extraits d’émissions, un « best of » clé en main avec une consigne stricte : « Aucun autre extrait n’est autorisé. »
Un documentaire pour raconter son histoire
L’animateur ne s’est pas contenté de contrôler l’annonce de son décès. Depuis plusieurs mois, son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, le filmait pour un documentaire intitulé La Face cachée de l’homme en noir, diffusé sur TF1 le 16 juillet 2025. Ce projet, à la croisée du testament audiovisuel et de l’introspection, révèle un Ardisson intime, loin des plateaux provocateurs. « Il voulait rester maître de son histoire jusqu’au bout », souligne un proche. Ce film, où il évoque sa carrière et son combat contre la maladie, s’inscrit dans sa volonté de ne rien laisser au hasard.
Ardisson avait également planifié ses obsèques avec une théâtralité assumée. « Je veux l’encens, les enfants de chœur… La totale ! », lançait-il au Point, imaginant une cérémonie ponctuée de morceaux choisis, comme Lazarus de David Bowie ou In My Life des Beatles. Il souhaitait la présence de ses trois ex-épouses, de sa famille et de ses proches. Fidèle à son humour noir, il plaisantait sur un cercueil sponsorisé ou une retransmission télévisée de ses funérailles, clin d’œil à la société du spectacle qu’il a paradoxalement toujours moquée tout en étant une de ses vedettes.
Un héritage maîtrisé
Au-delà de la mise en scène, Ardisson s’est attaché à organiser sa succession. Testament, donations, directives anticipées : tout a été préparé pour épargner à ses proches les complexités administratives. Comme il le confiait en 2022 à TV Magazine :
« J’ai envie qu’on dise : “Putain, ce mec-là, il avait des idées !“ ».
Avec cette sortie savamment orchestrée, Thierry Ardisson laisse une dernière empreinte, celle d’un homme qui, même face à la mort, n’a jamais cessé de produire son propre mythe.
Rodolphe Chalamel


















