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Laurence Bloch

28 octobre 2025

Temps de lecture : 9 minutes
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Laurence Bloch

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La « mamie rock » de France Inter

Après huit ans à la tête d’une insti­tu­tion sacrée « pre­mière radio de France » par Médi­amétrie, Lau­rence Bloch quitte en 2022 la direc­tion de France Inter après une sai­son mar­quée par l’élection prési­den­tielle. Si plusieurs can­di­dats étaient en lice pour rem­plac­er la « mère supérieure », pro­motrice d’un « pro­gres­sisme » « plutôt socié­tal », qui avait souhaité accentuer la présence fémi­nine à l’antenne de France Inter, c’est bien une femme qui lui suc­cède, Adèle Van Reeth, comme annon­cé le 23 févri­er 2022 par Sibyle Veil. Pour sa part, Lau­rence Bloch prend la tête des antennes et de la stratégie de Radio France à la ren­trée 2022. Con­seil­lère de Rachi­da Dati, en octo­bre 2025, elle affirme sans ver­gogne et sans rire que « le ser­vice pub­lic est pluraliste ».

Origines et formations

Née le 30 août 1952 à Boulogne-Bil­lan­court, Lau­rence Emi­lie Joëlle Bloch est la fille de Claude Bloch, chef d’entreprise, cen­tralien, juif, et Huguette Lou­vadoux, catholique auvergnate. Elle fait ses études au sein des uni­ver­sités de Lille-III Charles de Gaulle et Paris-II Pan­théon Assas. Tit­u­laire d’une licence de droit pub­lic et d’une licence d’anglais, elle est aus­si diplômée de l’Institut d’Etudes Poli­tiques de Paris. Elle a néan­moins échoué au con­cours de l’ENA.

Parcours professionnel

En 1974, c’est à l’occasion d’un stage à France Inter, qu’elle se décou­vre une pas­sion pour la radio, dont elle devien­dra quelques décen­nies plus tard la Direc­trice. Elle avait choisi ce stage long à la pour­suite de ses études « dans une pres­tigieuse école de rela­tions inter­na­tionales aux Etats-Unis. »

De 1980 à 1985, Lau­rence Bloch est jour­nal­iste aux « Mati­nales » de France Cul­ture.

De 1985 à 1986, elle est cor­re­spon­dante pour RFI et pour La Croix en Afrique australe.

Par­al­lèle­ment, de 1986 à juin 1989, elle est pro­duc­trice-coor­di­na­trice de l’émission Le Pays d’ici à France Cul­ture.

De juin 1989 à juil­let 1994, elle est con­seiller de pro­grammes à la direction.

De juil­let 1994 à sep­tem­bre 1999, elle est adjointe pour les pro­grammes au Directeur de France Cul­ture, Jean-Marie Borzeix.

De sep­tem­bre 1999 (ou 1997 selon les sources) à juil­let 2001, elle est pro­duc­trice de l’émission Vif du sujet.

De juil­let 2001 au 4 mai 2010, elle est direc­trice adjointe de France Cul­ture et chargée des pro­grammes. Pen­dant sa car­rière à France Cul­ture, elle sera sou­vent appelée pour sec­on­der les directeurs ; par­mi les qua­tre directeurs épaulés, elle a sec­ondé Lau­re Adler et David Kessler.

Du 4 mai 2010 au 22 mai 2014, elle est direc­trice adjointe de France Inter, respon­s­able de l’antenne. D’anciens jour­nal­istes indiquent que c’est pour « aider Philippe Val, un peu per­ché et désor­gan­isé [et parce qu’elle] avait mon­tré de grandes capac­ités d’adap­ta­tion à France Cul­ture » qu’elle y sera appelée. Dans ce con­texte, elle ne s’élèvera pas con­tre la mise à pied de Stéphane Guil­lon et Didi­er Porte en 2010.

Le 22 mai 2014, elle prend la direc­tion de France Inter. Son arrivée à la radio est mar­quée par la nais­sance d’émissions désor­mais emblé­ma­tiques pour celle-ci (L’instant M de Sonia Dev­illers, La terre au car­ré de Math­ieu Vidard, Par Jupiter ! de Char­line Van­hoe­nack­er et Alex Vizorek).

Accusée d’avoir déclaré la guerre, à la manière de Del­phine Ernotte, aux « hommes blancs de plus de 50 ans », elle féminise la radio en préférant y inté­gr­er des per­son­nal­ités comme Char­line Van­hoe­nack­er à Daniel Mer­met ou Léa Salamé à Ivan Lev­aï. Elle s’occupe de tous les éch­e­lons à France Inter et délègue peu de com­pé­tences. Elle invit­era ses jour­nal­istes à être « punk », à « se méfi­er » d’eux-mêmes et à « arrêter de vouloir faire chic, c’est une tare de France Inter ». Elle se teint les cheveux en rouge à chaque bonne nou­velle de Médi­amétrie. Elle quitte la direc­tion de France Inter pour pren­dre celle de Radio France à la ren­trée 2022, rem­plaçant Dana Hasti­er. En par­al­lèle elle se rap­proche de Rachi­da Dati, dev­enue un peu plus tard min­istre de la Culture.

Lau­rence Bloch a tra­vail­lé avec la min­istre de la Cul­ture, Rachi­da Dati, de mars à juin 2025 sur son pro­jet de réforme de l’audiovisuel pub­lic qui vise à créer une hold­ing regroupant France Télévi­sions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. L’an­ci­enne direc­trice de France Inter estime, dans un rap­port remis en juin 2025, que cette fusion per­me­t­trait de réalis­er 10 mil­lions d’euros d’économies annuellement.

Elle est aus­si admin­is­tra­trice du Théâtre de la Ville.

Vie privée

Dans sa jeunesse, elle fréquente le Palace, avec son amie, l’actrice Clé­men­tine Célarié.

Après avoir ren­con­tré en 1981, à l’occasion d’un reportage, son futur mari dénom­mé Paul, elle fait une par­en­thèse de deux ans dans sa car­rière à Radio France en se ren­dant au Zim­bab­we pour le suiv­re. Son mari meurt bru­tale­ment en 2016.

Publications

  • Radioac­tive, paru aux édi­tions Stock le 8 octo­bre 2025, ce livre relate son par­cours d’un demi-siè­cle à Radio France, de ses débuts comme sta­giaire à France Cul­ture jusqu’à son rôle de direc­trice des antennes.

Salaire

Le salaire de Lau­rence Bloch n’est pas ren­seigné. Néan­moins, le salaire de son prédécesseur, qui prit la direc­tion de France Inter le 12 mai 2009, était, pour l’année 2009, de 13.412 euros bruts men­su­els – sans que l’on sache s’il s’agissait de son emploi à France Inter ou son précé­dent emploi. Par déduc­tion, il n’est pas déraisonnable de penser que le salaire de Lau­rence Bloch s’apparentât à cette somme.

Distinctions

Elle aurait gag­né le Prix du Comité français pour l’audiovisuel dans la caté­gorie Meilleure émis­sion de radio pour le Pays d’ici, sur France Cul­ture, en 1997.

En 2007, elle fait par­tie de la liste des « nom­més ou pro­mus au grade d’of­fici­er dans l’or­dre des Arts et des Let­tres ».

Elle est décorée Cheva­lier de l’Ordre Nation­al du Mérite en 2012 en qual­ité de direc­trice adjointe des pro­grammes d’une chaîne de radio, pour ses 33 ans de services.

En 2016, elle fait par­tie de la liste des « nom­més ou pro­mus au grade de com­man­deur de l’ordre des Arts et des Lettres ».

En 2019, elle reçoit le prix de Femme des médias de l’année.

Elle l’a dit

 « Gér­er la grille des pro­grammes, c’est comme être un met­teur en scène avec une troupe.», Straté­gies, 10/03/2011.

« C’est bizarre la France. On adore Omar Sy et on vote Front nation­al. Il faut que l’on com­prenne ça ! », La Libre.be, 15/09/2014.

« On dit que je suis une femme autori­taire, eh bien c’est vrai ! », Le Parisien, le 05/05/2019.

« Per­son­ne n’est venu me chercher et per­son­ne ne m’a mise à la porte. », Le Figaro, 18/04/2019.

« J’ai tra­vail­lé en duo avec des patrons très dif­férents, mais avec qui j’é­tais tou­jours en admi­ra­tion totale », Le Parisien, le 05/05/2019.

« Nous ne sommes pas là pour effray­er la pop­u­la­tion […]  Votre émis­sion [ndlr. « Comme un bruit qui court »] ressem­ble à un tract de la CGT [Con­fédéra­tion générale du tra­vail]. Quand je l’entends, j’éteins. », rap­porté dans Le Monde diplo­ma­tique, août 2020.

« Ne jamais être là où on vous attend, savoir écouter puis savoir tranch­er, offrir aux artistes et aux intel­lectuels un espace de lib­erté, con­sid­ér­er que les audi­teurs sont les seuls juges de paix pour dire la réus­site d’une antenne sont les choses que [Jean-Marie Borzeix] m’a appris en 9 ans d’une col­lab­o­ra­tion intense et tou­jours bien­veil­lante. », culture.gouv.fr, 07/03/2021.

« Quand j’ai été nom­mée à la tête de France Inter en 2014, j’avais en tête une con­vic­tion très forte : la chaîne général­iste de ser­vice pub­lic de la radio devait être ancrée très forte­ment dans son époque, être le relais des préoc­cu­pa­tions et des évo­lu­tions de la société française, se faire l’écho de la créa­tion con­tem­po­raine […]… bref qu’elle soit une chaîne résol­u­ment et joyeuse­ment mod­erne, intergénéra­tionnelle et inclu­sive », culture.gouv.fr, 07/03/2021.

« Il faut rat­trap­er les CSP‑, ces gens qui n’ont pas un pat­ri­moine cul­turel suff­isant pour être en tran­quil­lité avec ce monde. », France Inter, 21/10/2025. Cette phrase a provo­qué beau­coup d’émoi sur les réseaux soci­aux et de réac­tions out­rées accu­sant Lau­rence Bloch de faire preuve de mépris social.

« La chronique de Patrick, ça dit tout de l’audiovisuel pub­lic, c’est-à-dire que nulle part ailleurs vous n’avez cette pro­fondeur de champ ! … Que des mecs : à l’antenne, au man­age­ment, déci­sion­naires : les femmes c’était des sténos, elles étaient assis­es sur leurs chais­es et elles tapaient les papiers de ces messieurs qui n’étaient jamais prêts à l’heure et qui les engueu­laient… Mais si tout d’un coup les voix de France Télé et de Radio France dis­parais­saient, où est-ce qu’on retrou­verait toutes ces émis­sions qui nous don­nent le sen­ti­ment d’être un peu plus à l’aise dans ce monde qui est com­pliqué, où est-ce qu’on retrou­verait des émis­sions d’économie, où est-ce qu’on retrou­verait des émis­sions de géopoli­tique, où est-ce qu’on retrou­verait des émis­sions de sci­ence ? Nulle part ailleurs… Qu’on vienne pas nous expli­quer quand même qu’il n’y a pas de plu­ral­isme sur le ser­vice pub­lic… Je pense que le jour où il n’y aura plus d’audiovisuel pub­lic, ce pays sera un pays moins tran­quille et plus dif­fi­cile à vivre. », France Inter, 21/10/2025.

Ils l’ont dit

« Elle est par­fois sans états d’âme et a un sens aigu du rap­port de forces. Il y a une vraie trouille chez les pro­duc­teurs de France Inter» (Jean-Paul Quen­nes­son, délégué syn­di­cal SUD à Radio France », Straté­gies, 10/03/2011.

« Elle incar­ne, par sa générosité, son intel­li­gence humaine, son énergie et sa créa­tiv­ité et le respect qu’elle inspire dans son équipe comme dans l’ensemble du monde audio­vi­suel français et européen, l’exemplarité pour les femmes dans les Médias », men­tion de son prix Pour les femmes dans les médias, 2019.

« Mer­ci Lau­rence Bloch, ce suc­cès nous vous le devons. Lais­sez-moi vous dire que vous n’êtes pas facile tous les jours. Mais nous non plus! », Nico­las Demor­and, le 18/04/2019, cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Lau­rence est hyper respec­tée par les équipes car c’est une vraie femme de radio. Avant de devenir direc­trice, elle a fait à peu près tous les métiers, jour­nal­iste, présen­ta­trice… Elle a une écoute incroy­able. », Augustin Trape­nard, cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Ma rela­tion avec Lau­rence Bloch dépasse large­ment le cadre pro­fes­sion­nel. Nous sommes très très proches. Et quand on se voit, on par­le assez peu de radio. », Nico­las Demor­and cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Elle est adorable avec ses proches. Mais elle a ses têtes. Notam­ment avec les femmes. Et pour elles, ce n’est pas facile », anonyme, cité dans Le Parisien, le 05/05/2019.

« C’est une grande pro, une bosseuse, mais elle peut être très dure car elle fonc­tionne à l’af­fect », Frédéric Schlesinger, cité dans Le Parisien, le 05/05/2019.

« Soyons clairs, tout le suc­cès d’Inter lui revient. Elle a bâti cette grille et a su la faire mon­ter en puis­sance », Léa Salamé, Le Figaro, 18/04/2019.

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