Le Web est-il la porte de sortie qui va permettre aux médias – de grand chemin ou autres – de se maintenir à flot financièrement ? Moins chères et plus adaptées à la manière actuelle de s’informer, les éditions en ligne ont le vent en poupe. Que disent les chiffres ? L’exemple du Monde ou du Figaro permet d’avoir un premier aperçu.
Le Monde contre Le Figaro
Ce n’est pas un secret, Le Monde et Le Figaro sont lancés dans une course aux abonnés en ligne depuis quelque temps. Si le titre détenu par Xavier Niel et ses amis affiche presque le double d’abonnés que celui de la famille Dassault, des mesures ont été prises pour combler cet écart.
La mise en avant du site du Figaro est le fer de lance de cette stratégie. Cependant, Le Monde aussi a fait ce choix. À bien des égards, la situation des deux groupes est comparable. Les deux doivent affronter les hausses du coût de la presse papier, alors que celle-ci perd toujours davantage de terrain face au Web. Dans les deux cas, 2025 sera l’année où le print sera dépassé par le Web. Le Figaro a également dû avoir recours un plan social et réduire son personnel « non-écrivant » afin de rogner les coûts tandis que son pôle news affichait des chiffres alarmants.
La bascule numérique de 2025
Fin mai 2025, le président du directoire du groupe Le Monde, Louis Dreyfus, a communiqué les premiers résultats de cette bascule numérique qu’est en train d’opérer Le Monde. Résumé dans un papier publié par La Lettre, ces chiffres sont significatifs même si les circonstances pourraient nuancer la suite des opérations.
Au niveau des abonnés numériques, Le Monde comptabilise 596 000 abonnés fin avril 2025 tandis qu’il en comptait 580 000 fin 2024, soit une augmentation de 4000 abonnés par mois. Dans le même temps, le Figaro n’en compte qu’à peine 300 000. L’écart se creuse donc en faveur du Monde. Notons que cette augmentation touche l’ensemble du groupe Le Monde (Télérama, La Vie, Le courrier international, Le Huffpost etc.)
Voir aussi : Le Monde, infographie
En terme budgétaire, les voyants sont également au vert. Le 14 mai 2025, Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio, le directeur du journal, ont annoncé une avance de 2,9 millions d’euros sur le budget prévisionnel. Sur le premier trimestre 2025, le groupe enregistre un résultat opérationnel de 2 millions d’euros tandis qu’il pensait être en rouge du fait du chiffre habituellement bas de la régie publicitaire à cette période.
Chute de la publicité
Toutefois, ce sont justement les chiffres de la régie publicitaire qui incitent à la prudence pour la suite. Si le premier trimestre 2025 est meilleur qu’envisagé, la suite risque d’être plus compliquée avec une chute des revenus de la régie publicitaire de 17% en avril. Par ailleurs, lors de la réunion du 14 mai 2025, Louis Dreyfus envisageait déjà un second trimestre plus frileux en raison d’un contexte international difficile dû à la guerre sur les droits de douanes engagée par le président Trump.
Enfin, la possible diminution de l’aide de l’État ainsi qu’une hausse du tarif du postage de la presse viennent refroidir davantage ces chiffres encourageants au premier abord.
Les chiffres affichés par Le Monde permettent de mesurer le succès d’une mise en avant du Web face au print. Néanmoins, les aléas budgétaires poussent à la prudence et il faudra sans doute attendre la fin 2025 pour tirer un bilan sérieux.